Assainissement à Ouaga : 3% de la population continue de déféquer à l’air libre

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Le SPONG, en collaboration avec Niyel à travers le projet « Assainir l’Ordure et Liquide », se penche sur la gestion, le traitement et la valorisation des excrétas au Burkina. L’exemple est pris sur la capitale Ouagadougou. «Malgré l’existence d’une direction générale en charge de l’assainissement, on a toujours du mal a porté pleinement la question d’assainissement et beaucoup d’efforts restent à fournir », fait remarquer l’ingénieur en eau et assainissement, Firmin Hilaire Dongobada. Le constat fait état de lieu, d’une demande de population  très forte en vidange,  d’insuffisance de stations de traitement. Encore 3% de la population défèquent encore à l’air libre.

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Le Burkina Faso réussira-t-il à atteindre l’accès universel à l’assainissement d’ici à 2030 conformément aux objectifs de développement durable (ODD) ? Le chemin semble long, si l’on en croit les résultats de l’étude sur l’état des lieux menée par le spong et ses partenaires. Le rapport a été présenté aux différents acteurs intervenants dans la chaîne de la gestion des excrétas, ce lundi 28 septembre 2020 à Ouagadougou.

« On a beaucoup de difficultés à sécuriser et traiter convenablement les boues de vidange», dit l’ingénieur en eau et assainissement Firmin Hilaire Dongobada, consultant du SPONG. Et de l’avis de l’ingénieur, cette question d’évacuation et traitement n’est pas encore prise à bras le corps par les autorités et par les acteurs de la chaîne.

  Il faut évacuer et traiter

Firmin Hilaire Dongobada, ingénieur en eau et assainissement, consultant du SPONG

« Dans la problématique de la gestion des boues de vidanges, on met beaucoup l’accent sur disposer les latrines à la maison ou dans les lieux publics. Mais au-delà de disposer des latrines, quand c’est plein, qu’est-ce que ces produits deviennent ?», s’est-il interrogé avant de poursuivre :  «Dire assainissement universel, ce n’est pas seulement que les gens aient des latrines. Mais c’est aussi traiter tout ce qui sort des latrines pour éliminer tous les risques pour préserver notre santé et notre environnement ».

Parler d’assainissement  respecte un schéma en quatre étapes : le confinement des eaux usées et excréta, l’évacuation hors des ménages puis  le traitement pour éliminer tous les risques sanitaires, et enfin la valorisation.

Focus sur la ville de Ouagadougou en matière de gestion de boues de vidange.

On estime la population de Ouaga à près de 3 millions d’habitants et les évacuations de leurs eaux usées et excréta de la quasi-totalité des ménages se font essentiellement par la vidange. A peine 0,4 % des habitations, des « privilégiés » sont connectés au réseau d’usage collectif et n’ont pas besoin de vidangeurs.

La moitié de cette population de la ville utilise les latrines traditionnelles présentant toujours des risques car faites en dalles et briques,  et ne répondent pas aux normes en matière de ventilation, de fermeture.

40% des ménages de Ouaga utilisent les latrines normées, notamment les latrines VIP et les toilettes à chasse. Néanmoins il reste encore 3% de la population, ceux qui continuent la défécation à l’air libre.

On dénombre seulement trois 3 stations de traitement pour Ouaga avec une capacité de traitement  pour les trois de 385 m3 ,  alors qu’on estime à 1000 m3 la production  en caca par jour des Ouagalais. Ce qui revient à dire qu’il n’y a que 36% des boues vidangées qui arrivent à ces stations et 2/3, soit 64% sont déversés dans la nature sans traitement.

D’ailleurs, relève l’ingénieur, «entre 2016 et 2017, toutes les stations fonctionnent à saturation, c’est-à-dire, au-delà de la capacité de traitement prévue ».

En matière de valorisation de ces déchets, il n’y a qu’une station, celle de Kossodo qui transforme les boues de vidange en biogaz, mais « elle ne fonctionne pas normalement. Il est prévu la transformation massive de ces déchets en fertilisants agricoles. Mais pour l’heure, elle n’est pas opérationnelle. Il y a des tests à faire pour s’assurer qu’il n’y a pas de risque avant de pouvoir les mettre à la disposition des agriculteurs », explique toujours l’ingénieur.

L’offre de service de vidange par rapport à la demande de la population est insuffisante et comporte des inconvénients. La vidange est faite par des opérateurs privés qui ne sont pas en nombre suffisant pour absorber la demande et la qualité de service n’est pas garantie, la réglementation reste vague en la matière et est peu connue.

« La vidange qui est faite manuellement n’est pas hygiénique et les vidangeurs sont exposés à des contaminations et exposent aussi leurs clients. La vidange mécanique est incomplète quand la boue dure elle se solidifie et n’est pas bien faite. Les camions ne peuvent pas tout enlever », confie le consultant du spong.

Face à ce tableau dressé par l’ingénieur, le directeur général de l’assainissement, André Patindé Norguierma, reconnait. «Il étale dans la plus simple expression, la situation réelle de l’assainissement au Burkina. La population produit plus de boue de vidange que les infrastructures n’ont la capacité de traiter. Il reste donc à trouver la réponse à cette équation ».

Il apprend que le ministère est en concertation avec ses partenaires et les acteurs pour trouver des solutions à cette situation. Il va falloir l’apport des partenaires techniques et financiers.

Le rapport est assorti de recommandations et le SPONG compte le porter en plaidoyer face aux autorités.

Revelyn SOME

Burkina24

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