Etude : Les langues maternelles les plus parlées dans les quartiers populaires de la ville de Ouagadougou

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Ceci est une étude de Tiga Alain OUEDRAOGO, Institut National des Sciences des Sociétés (INSS) /Centre National de Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) [email protected] et de Issa OUEDRAOGO, Université de Ouahigouya, Burkina Faso intitulée « Les langues maternelles les plus parlées dans les quartiers populaires de la ville de Ouagadougou ».

  1. Introduction

Le document de vulgarisation porte sur la composition linguistique des quartiers populaires de Ouagadougou. Il met en évidence la diversité linguistique au sein de ces quartiers, avec des individus utilisant une, deux ou même trois langues. Cependant, cette diversité coexiste avec une hiérarchie linguistique.

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Le moore émerge comme la langue dominante dans les échanges au sein des quartiers populaires, suivi de loin par le français. Cette dominance s’explique par plusieurs facteurs à savoir le poids démographique des locuteurs mooré, le taux élevé d’analphabètes parmi les locuteurs mooré, l’attachement des populations à leur langue maternelle et les différentes fonctions que remplit le mooré dans la vie quotidienne.

Les langues minoritaires, quant à elles, sont marginalisées dans les interactions quotidiennes. Cette situation est due à plusieurs facteurs, notamment à la pression exercée par les langues dominantes (mooré et français) et à la dynamique sociale et économique.

  1. Méthodologie

Nous avons conduit nos investigations dans la ville de Ouagadougou. Nous avons choisi cette ville parce qu’elle a connu d’importantes mutations sur le plan urbanistique et attire de nombreuses populations de divers horizons. Dans ce contexte, elle offre à voir une pluralité de cultures et de langues  en contact.  En ce sens la ville constitue un milieu de convergence d’hommes de provenances diverses et « cette convergence […] vers la cité a sa contrepartie linguistique » (Calvet 10). C’est cette contrepartie linguistique qu’offre la ville qui a marqué notre intérêt pour cette étude. De façon spécifique, nous avons mené notre étude dans des quartiers populaires. L’intérêt pour le quartier est lié au fait qu’il fait partie du vécu quotidien des populations qui s’y identifient facilement par rapport aux secteurs.  La population de l’étude a ciblé les sujets de la tranche d’âges de  quinze (15) à soixante- quatre (64) ans. L’Enquête Démographique de Santé et à Indicateurs Multiples (EDSBFMICS IV) nous signale que les « moins de 15 ans représentaient 47 % de la population, la tranche d’âges de 15-64 ans représentait 50 % et la population de 65 ans et plus, seulement 3 %.» (2). Nous avons choisi de nous intéresser à la tranche d’âges de « 15 à 64 ans » car, pour nous, elle représente la population la plus active et la plus productive en matière de communication verbale.

  1. Résultats

3.2.1.  Répertoire des langues maternelles

Aux questions 2 et 3 : Quelle est votre langue maternelle ? Parlez-vous toujours votre langue maternelle ? Oui/Non. Le répertoire des Langues dans les quartiers populaires comprend essentiellement 97 % de L.M., 1 % de L1 comme le français et 2 % de L2 telles le sango et bambara.

3.2.2. Répertoire de langues parlées dans les familles 

A la question 4 : Dans votre famille / ménage, quelle(s)  langue(s) parlez-vous ? Le répertoire L.P.F. des quartiers populaires est constitué de langues majoritaires comme le  moore, le dioula et le  français.

3.2.3. Répertoire des langues les plus parlées dans les familles  

A la question 5 : Dans votre famille / ménage, quelle est la langue la plus parlée ? L’étude révèle que le répertoire des LPPF des quartiers populaires est essentiellement constitué de trois langues dominantes que sont le : moore (55,50 %), dioula (16,75 %), français (16,25%).  Le moore est la langue la plus parlée dans les familles.

3.2.4. Répertoire des langues parlées dans les quartiers 

 A la question 6 : Dans votre quartier, quelle(s) langue(s) parlezvous ? Dans les quartiers populaires les bi/trilingues cumulent 56,75 % contre 43,25 % de monolingues. Parmi les monolingues 26,75 % de locuteurs parlent uniquement le moore contre 16,50 % pour le français soit au total 43,25 %. Cependant, chez les bi/trilingues le dioula résiste et se maintient. Ces chiffres nous indiquent une faible fréquence d’utilisation de  la langue française.

3.2.5. Répertoire des langues les plus parlées dans les quartiers

A la question 7 : Dans votre quartier, quelle est la langue la plus parlée ? L’observation de la figure 5 de la répartition des LPPQP montre que le moore domine le français. Le  répertoire des quartiers populaires est essentiellement formé de moore parlé par 96,75 % de locuteurs.  Au terme de cette présentation des figures commentées, nous pouvons retenir que l’ensemble des figures nous offre à voir des monolingues, des bilingues et trilingues dans les quartiers populaires. Dans les quartiers populaires, nous avons remarqué que les langues dominantes sont le moore, le dioula et le français. La langue la plus  parlée dans ces quartiers populaires est le moore (96,75 %). Le français (3, 25 %) vient en seconde position.  Pour l’instant, si le français n’est pas déclaré langue maternelle par les enquêtés pour des motifs d’attachement à l’origine ethnique ou culturelle, il est, cependant, présent dans les habitudes langagières comme L1. Et pour en savoir davantage, nous allons nous intéresser à l’analyse des résultats.

Conclusion

En résumé, le passage souligne la complexité des répertoires linguistiques dans les quartiers populaires de Ouagadougou, avec une coexistence de diversité et d’inégalités. Le mooré s’impose comme la langue de référence, reflétant ainsi l’histoire, les identités et les dynamiques sociales de ces quartiers.

Références bibliographiques

Barreteau, Daniel. « Système éducatif et multilinguisme au Burkina Faso », dans Recueil d’articles, Institut français de recherche scientifique       pour             le         développement            en        coopération,

Ouagadougou,            73        p.         1998.               [En      ligne] https://horizon.documentation.ird.fr/exldoc/pleins_textes/divers17-08/010016876.pdf (page consultée le 11 décembre 2021).

Bulot, Thierry. « Matrice discursive et confinement des langues : pour un modèle de   l’urbanité », dans Cahier de sociolinguistiques 8. Presse Universitaires de Rennes 2, Rennes, p. 99-110. 2003.  [En ligne] http://www.cairn.info/revue-cahiers-desociolinguistique-2003-1-page-99.htm (page consultée le 11 décembre 2021).

Calvet, Louis-Jean. Les voix de la ville : introduction à la sociolinguistique urbaine, Paris, Payot et Rivages, 309 p. 1994.

EDSBF-MICS IV. Rapport préliminaire, Burkina Faso 2010. Calverton, Maryland, USA, 501 p. 2011.

Grimes, Barbara (ed.). Ethnologue, volume 1: languages of the world, 14th edition, Dallas, Texas: SIL International. 2000. [En ligne] URL : http://www.ethnologue.com  (Page consultée le 04 décembre 2015).

Kedrebeogo, Gérard et Yago, Zakaria. « Situation des langues parlées en Haute-Volta : Perspective de leur utilisation pour l’enseignement et l’alphabétisation ». CNRST/DIST- ACCT/Paris-ILA/Abidjan, 63 p. 1982.

Nikiema, Norbert et Kabore-Pare, Afsata. « Burkina Faso », in B.

Maurer (ed.), les langues de scolarisation en Afrique francophone enjeux et repère pour l’action. Etude Pays : Agence Universitaire de la francophonie / Editions des Archives Contemporaines, p. 189308. 2010.

Ouédraogo, Tiga Alain et Issa Ouédraogo. « Répertoire des langues de la ville de Ouagadougou : cas des quartiers populaires ». Uirtus 1.2. (décembre 2021): 318-337.

Ouedraogo, Issa. Comportements langagiers des habitants de la ville de Ouagadougou : cas des quartiers populaires et résidentiels, mémoire de  master, département de linguistique, UFR/LAC, Université de Ouagadougou, 113 p. 2016.

Ce document de vulgarisation est tiré d’un article scientifique, Ouédraogo, Tiga Alain et Issa Ouédraogo. « Répertoire des langues de la ville de Ouagadougou : cas des quartiers populaires ». Uirtus 1.2. (décembre 2021): 318-337.  

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