Burkina Faso : Joséphine Ouédraogo vend et pose des pare-brises
Elle est l’une des rares femmes burkinabè, pour ne pas dire l’unique, à s’être lancée dans un domaine où l’on rencontre moins de femmes possibles. Joséphine Ouédraogo est cette perle rare à s’être engagée dans la vente et la pose de pare-brises automobiles. Aujourd’hui, elle importe ses matériels depuis la Chine. Burkina 24 s’est entretenu avec elle. Découvrez-la davantage à travers les lignes qui suivent…
Ouagadougou, 26 février 2022, il est 12h passées lorsque nous quittons notre lieu de service pour aller à la rencontre de Joséphine Ouédraogo. Elle est la promotrice (PDG) d’une entreprise de vente et de pose de pare-brises automobiles : « Moderne pare-brise auto ». Un soleil de plomb s’abat sur la capitale burkinabè. Ce qui n’empêche les Ouagalais de circuler. Mais la mobilité est moins intense que les autres jours de la semaine.
Les samedis à Ouaga, surtout dans la journée, restent marqués par les célébrations nuptiales. En route, nous croisons quelques voitures décorées précédées d’autres qui retentissent de coups de klaxons de liesse à l’honneur des jeunes couples nouvellement mariés.
Un soleil qui pourrait être compensé par un bon riz gras et un bon « Babenda », plus une sucrerie ou une bière, une fois au lieu du lunch.
De l’autre côté de Toeyibin, un des quartiers de la capitale burkinabè, Joséphine Ouédraogo qui doit, elle aussi, se rendre à un mariage nous attend impatiemment. Elle est d’ailleurs sur le point de procrastiner le rendez-vous.
Mais après un coup de fil, nous lui faisons savoir que nous ne sommes plus loin de son lieu de travail. Elle met ainsi un peu d’eau dans son vin d’impatience pour nous attendre.
Moderne pare-brise auto
Après une demi-heure de route, nous voilà accoster à Moderne pare-brise auto. Nous trouvons deux jeunes garçons en uniforme bleu assis en train de papoter. Ils travaillent avec Joséphine. Elle est assise à l’intérieure où elle nous attend. Joséphine Ouédraogo est dans la pose des vitres automobiles particulièrement les pare-brises.
Selon le récit qu’elle nous livre, elle travaillait comme secrétaire dans une société de montage des pare-brises. C’est là qu’elle tombera amoureuse de la pose des pare-brises et commencera à s’y intéresser.
Elle confie qu’elle aime bien travailler. Ainsi dans ses heures creuses, elle ne voulait pas rester cantonnée dans son bureau. Elle sortait aider ses collègues qui posaient des pare-brises même si elle n’y connaissait presque rien.
Au fil du temps, elle découvrira sa véritable passion. Et la conversion pour sa nouvelle passion va s’accélérer. Du coup, elle abandonnera son poste de secrétaire pour se perfectionner dans ce domaine. Même si à cette époque, révèle-t-elle, aucune idée de travailler pour elle-même ne la tente.
« Au début, je travaillais dans une entreprise mais c’était en tant que secrétaire. Moi-même de nature, j’aime bien travailler. Dès que je vois les gens qui travaillent, ça m’excite. C’est là que j’ai commencé à apprendre, à mettre la main. Et petit à petit, eux-mêmes ont su que j’aimais le travail, ils ont commencé à me confier des tâches. C’est là-bas que j’ai appris ce travail. Et depuis lors, je suis là-dedans », nous branche-t-elle en esquissant un large sourire.
« C’est en 2016 que je m’étais décidée à travailler pour moi-même »
Quelques années plus tard, Joséphine Ouédraogo décide de créer sa propre entreprise : Moderne pare-brise auto, qui existe depuis plus de 6 ans maintenant. C’est une entreprise de vente et de pose de pare-brises des véhicules toute marque confondue.
Joséphine Ouédraogo dispose de 10 ans d’expérience dans ce domaine. « C’est en 2016 que je m’étais décidée à travailler pour moi-même en créant ma propre entreprise pour la vente et la pose des pare-brises automobiles. Mais c’est depuis 2012 que je suis dans ce domaine », argue-t-elle.
C’est vraiment rare et très rare même d’en trouver une femme qui travaille dans ce domaine au Burkina Faso. Pour ne pas dire qu’elle est la seule. Ce qui fait que, selon ce qu’elle relate la plupart de ces clients croient qu’elle n’est pas Burkinabè. Mais grâce à son courage et à sa passion, Joséphine Ouédraogo laisse tomber son poste et son bureau de secrétaire pour se créer une place surtout se lancer dans un domaine où l’on croise moins les femmes.
« Beaucoup de gens pensent que je ne suis pas Burkinabè. Des fois, quand les gens m’appellent dès qu’ils entendent ma voix, ils me disent qu’ils se sont trompés. Je leur dis toujours que vous ne vous êtes pas trompés. Quand je me présente, ils se rendent compte que c’est moi et je fais leur travail. Souvent, ils disent qu’ils ne s’attendaient pas que ce soit une femme et encore moins une Burkinabè », nous livre-t-elle.
« Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu, j’importe mes matériels depuis la Chine »
Elle avoue que certains de ces clients la prennent pour une Ghanéenne ou une Nigériane. « La plupart du temps, ils me disent qu’ils s’attendaient à un homme mais pas une femme. Je suis vraiment contente de faire ce travail », lance-t-elle, .
A ses débuts, Joséphine pare-brise auto achetait ses matériels au Ghana et au Togo. Mais aujourd’hui c’est en Chine qu’elle s’en procure. « Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu, j’importe mes matériels depuis la Chine », s’en réjouie-t-elle. Ses clients sont généralement des garagistes avec qui elle collabore. Elle travaille aussi avec des sociétés d’assurance avec lesquelles elle a noué des partenariats.
Joséphine emploie trois personnes qui travaillent à ses côtés. Pour elle, il n’y a pas un travail qui soit l’apanage des hommes uniquement. Les femmes avec un peu de volonté, d’amour et de passion surtout, souligne-t-elle, peuvent faire les mêmes travaux que les hommes.
« Je pense qu’il n’y a pas un travail qui soit facile de nos jours. Il n’y a pas un travail destiné à une femme ou à un homme. Parce que tout le monde, peu importe le travail, peut le faire, qu’on soit un homme ou une femme. Je ne trouve pas de problème, il suffit seulement d’aimer ce que vous faites », dit-elle.
Les prix varient en fonction des véhicules
Le jour où le marché sourit à Joséphine et à son équipe, ils peuvent avoir plus de 10 véhicules en une journée. Pour les prix, elle explique qu’ils varient d’un véhicule à un autre. A l’entendre, de la même façon les prix des véhicules ne sont les mêmes, c’est aussi comme ça avec les pare-brises.
« Il y a des jours où vraiment ça va, il y a des jours aussi, le marché n’est pas comme ça. Les prix varient. Par exemple, il y a des véhicules un peu récents et les prix varient en fonction de ça. Donc il y a des pare-brises qui sont un peu moins chères et d’autres plus chères. Il y a des vitres avec le montage qui reviennent à 60 000 FCFA », confie-t-elle, toujours fidèle au sourire.
Des obstacles et des difficultés, Joséphine en a rencontrés assez, surtout à ses débuts au moment où personne n’y croyait en elle comme elle l’explique. Mais elle a dû travailler dur pour rester débout et arriver au stade d’importer ses matériels de la Chine.
Le travail bien fait, satisfaire ses clients, reste sa principale source de motivation. Pour l’avenir, Joséphine Ouédraogo compte conquérir davantage le marché burkinabè des pare-brises. « En termes de perspectives, je veux vraiment prendre le monopole des pare-brises au Burkina Faso », souhaite-t-elle.
La PDG de Moderne pare-brise auto ne compte pas investir dans la vente des automobiles. Elle estime que c’est un marché déjà saturé. « Je pense continuer dans les pare-brises, je vais gagner mieux que dans la vente des voitures », soutient-elle.
Par ailleurs, elle conseille les autres femmes qui ont envie d’entreprendre de le faire, même si le chemin entrepreneurial est parsemé d’innombrables obstacles…
Willy SAGBE
Burkina24
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