Don de sang : Que l’or rouge coule à flots et de bonne source !

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La nécessité de disposer de sang pour les formations sanitaires 24h/24 et 7j/7 ne fait pas l’ombre d’un débat, que ce soit dans les pays du Sud comme du Nord. Bref, partout ailleurs dans le monde. Cependant, « l’or rouge », même s’il s’obtient de la même manière, ne bénéficie pas toujours du même traitement et de la même manipulation. Par conséquent, il brille différemment d’un endroit à un autre. Quelle est la réalité au Burkina Faso ? Immersion dans le monde du sang ! 

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Les mains jointes. Les coudes sur la table, avec le torse un peu avancé dans son fauteuil de bureau. Jean Bosco Zoundi, président national de l’Association SOS sang, est à l’aise quand il évoque les question ayant trait au sang. Oui ! Le sang ! Nous sommes au siège de son association, sis à Katr Yaar, un quartier de la ville de Ouagadougou.

La couleur rouge est à l’amour ce que le sang est aux organismes vivants, dit-on. Le sang, si précieux ! Certains en font de sa collecte et de sa disponibilité une mission de vie. Jean Bosco Zoundi fait partie de ces bons samaritains depuis belle lurette…

Jean Bosco Zoundi
Jean Bosco Zoundi, président national de l’Association SOS sang.

« Nous sommes d’abord des donneurs de sang. Nous nous sommes vus interpeller à plusieurs reprises par le manque crucial de sang dans nos formations sanitaires et dans tous organismes, les gens s’organisaient pour mieux faire face à des difficultés qu’ils rencontrent.  

Raison pour laquelle, nous, en tant que donneurs de sang, nous nous sommes engagés en association pour d’abord nous familiariser en tant que donneurs de sang et contribuer un tant soit peu à la réduction de la mortalité de nos malades dans les hôpitaux par manque de sang », fait-il savoir.

L’une des missions premières de leur association, c’est de travailler à l’amélioration de la participation active de la population au don de sang. « Aujourd’hui, on se rend compte que l’information est en train de passer progressivement même si beaucoup de gens sont encore réticents du fait de préjugés. Mais pour nous, c’est de travailler à instaurer une culture du don de sang au sein de la population ; travailler à ce que personne ne meurt par manque de sang dans nos hôpitaux », renseigne Jean Bosco Zoundi.

« On ne peut pas payer de l’eau sous une pluie. »

Des retours de bénéficiaires ou receveurs de sang, l’Association SOS sang les a par le biais du Centre national de transfusion sanguine (CNTS). « Avec le CNTS, nous avons des témoignages de gens qui se sont déjà fait transfuser du sang. Qui viennent dire que le sang est gratuit par rapport à d’autres préjugés qui disent que le sang se vend », rapporte le président de l’association.

« Qu’à cela ne tienne, on ne peut pas payer de l’eau sous une pluie. Nous travaillons à ce que le sang puisse être disponible pour qu’un jour on n’accompagne pas son ami, son voisin à sa dernière demeure parce qu’il n’a pas reçu du sang », dit-il.

Afin de leur permettre d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés dans le cadre de leur mission si noble, Jean Bosco Zoundi fait comprendre la nécessité qu’il y a de redoubler d’efforts en termes de communication, d’interpellation du gouvernement, pour plus d’accompagnement.

« Nous sommes les seules associations qui ne bénéficions pas d’accompagnements de l’Etat burkinabè en matière de financement. Nous avons des charges que nous supportons à savoir les salaires de nos employés. La communication, la sensibilisation, l’organisation d’une collecte de sang ont un coût », explique notre bénévole, laissant entendre : « l’année passée (en 2021, ndlr), nous avons organisé 335 collectes de sang avec 14 800 poches de sang ».

Par ailleurs, il lance un appel à tous ceux qui sont encore réticents à emboiter le pas de ceux qui donnent régulièrement leur sang. Car, « donner son sang, contribue à une bonne santé de soi-même », avance M. Zoundi.

Direction, CRTS Ouaga !

Une chose, cependant, est de travailler à avoir du sang, et en quantité suffisante ; et une autre est que le sang collecté puisse être utilisable. Cap est donc mis sur le Centre régional de transfusion sanguine (CRTS) de Ouagadougou.

Dr Bénao, Directrice du CRTS Ouaga.
Dr Bénao, Directrice du CRTS Ouaga.

Là-bas, nous rencontrons Dr Eliane Anita Bénao épouse Tompoudi, Directrice par intérim du Centre régional de transfusion sanguine de Ouagadougou, toute heureuse de nous recevoir. Notre première question à son endroit est de savoir ce qui est fait après l’étape de collecte des poches de sang sur le terrain.

« Concernant les examens que nous réalisons sur les poches, les tubes qui correspondent aux poches, nous avons des automates (des appareils un peu comme des robots) qui sont programmés pour réaliser des tests sérologiques, l’hépatite B et C, la syphilis, etc.. Les automates suivent un algorithme, une procédure. Tout le travail que nous faisons ici au Centre régional de transfusion sanguine (CRTS) suit une procédure », nous répond-elle d’emblée.

Elle poursuit en nous donnant plus amples détails sur ce que dit la procédure. « La procédure nous dit que si nous recevons les tubes, nous faisons des tests. Et quand nous faisons les tests et qu’il se trouve que l’automate nous dit qu’il y a un marqueur (VIH, l’hépatite B/C, syphilis, etc.) qui est positif, nous prenons le tube, nous repassons une deuxième fois le tube à l’automate. Cela s’appelle la répétabilité. 

Si l’automate ressort un deuxième résultat positif, nous prenons ce tube et nous faisons encore les tests rapides. Si le test rapide est positif, on saisit les résultats au niveau du logiciel médico-technique. Mais si le test rapide est négatif, nous mettons des points d’interrogation et la poche est écartée par mesure de prudence.  

Quand nous faisons tous ces tests, nous renseignons toutes ces informations au niveau de notre logiciel médico-technique et nous essayons de trouver ce qui est bon aussi bien pour le donneur que pour le receveur. Parce que le bien-être du malade est notre priorité. 

Toutes les poches que nous sortons sont des poches censées être des poches bonnes pour utilisation », explique-t-elle, tout en rassurant également qu’ils disposent « d’un plateau technique habilité et suffisamment équipé pour travailler nos poches collectées pour qualifier les tubes que nous avons reçus et conserver ces différents produits à donner aux malades ».

Sentiment de redevabilité envers le donneur

Dr Bénao laisse aussi entendre qu’un retour est fait au donneur lorsqu’il y a un doute. « Nous faisons un retour au donneur lorsqu’il y a un doute pour lui demander de revenir faire son don dans un certain délai pour qu’on reprenne son test afin d’essayer de mieux comprendre s’il s’agit d’une erreur de manipulation, d’une contamination… », nous informe-t-elle.

Puis d’ajouter : « Quand une personne nous donne son sang, nous nous sentons redevables au moins des résultats. Donc, nous essayons au mieux de lui faire un retour par rapport aux résultats. Raison pour laquelle nous disons aux donneurs qu’ils ont la possibilité de revenir au bout de deux semaines, voire un mois. Et quand ils reviennent, en fonction des résultats, nous pouvons leur dire s’ils peuvent encore donner leur sang ».

Dans la pratique, « nous le recevons. Nous faisons un counseling, qui consiste à travailler psychologiquement sur la personne de sorte à la préparer à tout éventuel résultat. Si c’est un résultat négatif, nous invitons le donneur à poursuivre ses dons, c’est-à-dire à devenir un donneur régulier. Si c’est un résultat positif, nous l’orientons vers des médecins qui vont lui communiquer les résultats et qui vont lui donner la conduite à tenir », explique davantage Dr Bénao.

En plus des marqueurs positifs VIH/SIDA, l’hépatite B/C ou la syphilis, Dr Eliane Anita Bénao cite entre autres cas où les poches de sang ne peuvent être utilisées. « Il arrive que nous n’utilisons pas une poche parce que le donneur nous a fait un retour (information post-don) pour nous faire savoir qu’il a fait la fièvre après son don ou qu’il a omis de nous donner une information importante… 

En dehors de ces cas de figure, il arrive des fois où nous voulons prélever un donneur et nous ne trouvons pas assez de sang ; la quantité de sang prélevée est petite. On préfère ne pas l’utiliser parce qu’il y aura des risques pour le receveur ; il y aura beaucoup plus d’anti-coagulants. Il y a aussi des cas où nous n’arrivons pas à trouver un groupe spécifique pour le donneur. Dans ce cas-ci, on prend le temps d’investiguer… », révèle-t-elle pour signifier que la « sécurité transfusionnelle est importante » à leurs yeux.

« Toujours en stock tendu »

La Directrice du Centre régional de transfusion sanguine de Ouagadougou finit par nous indiquer le comportement à avoir en tant que donneur. « Quand nous sommes donneurs de sang, nous avons un certain nombre de comportements à avoir.

Nous devons avoir une hygiène de vie. Le donneur de sang doit s’abstenir de fréquenter les travailleuses du sexe, d’avoir des partenaires sexuels multiples ; ne doit pas avoir des comportements à risque. Il doit être franc quand il vient donner son sang. La franchise nous permet de nous protéger en tant que donneur, mais aussi de protéger des éventuels receveurs », prodigue notre docteur, alertant sur la réalité de son centre.

« Actuellement, au Centre de transfusion sanguine de Ouagadougou, nous sommes toujours en stock tendu. Dès que le sang est rentré, les 24h qui suivent, le sang est déjà fini. Nous n’avons pas de quoi stocker pour d’éventuelles urgences. Nous avons besoin d’avoir une certaine quantité en réserve pour, en cas de besoin, utiliser ces poches », tire-t-elle la sonnette d’alarme.

M. Ouédraogo, donneur.
Armand Ouédraogo, donneur régulier.

Armand Ouédraogo est un donneur depuis 1982. Désigné meilleur donneur de sang de la région du Sahel entre 2000 et 2003, il donne son sang pour sauver des vies. La raison, « parce qu’il n’y a pas de sang en vente nulle part ailleurs », avance-t-il. 

Pour lui, en le faisant, il se sent en « Héros de la vie ». Un Héros soucieux du bien-être d’autrui, c’en est également un. « Je n’ai jamais été interpellé après un don de sang. Quand j’y retourne, après un don de sang, c’est pour savoir si le sang que j’ai donné est sans problème », confie-t-il.

Yvette Kagambega
Yvette Kagambega, donneur régulier.

Yvette Kagambega, également donneur régulier, donne son sang parce qu’elle trouve que c’est un bien qu’elle reçoit gratuitement de son créateur. « Je donne mon sang parce que c’est quelque chose qu’on ne peut pas acheter quand on est dans le besoin.

Donc, il faut d’autres personnes pour donner ce sang. Je me dis que si cela peut permettre de sauver une vie quelque part ; je pense qu’il est de mon devoir de donner ce liquide précieux que Dieu m’a donné gratuitement. Il se peut aussi qu’un jour nous soyons aussi dans le besoin », donne-t-elle la raison de ses dons réguliers.

Aussi trouve-t-elle qu’il y a un avantage à donner régulièrement son sang.  » Oui, il y a un avantage à donner mon sang. Quand je le fais, je me sens à l’aise ; comme si ça me donnait une meilleure santé. Ça permet à l’organisme de renouveler le sang en vous », déclare-t-elle. 

Tambi Serge Pacôme ZONGO 

Burkina 24 

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Serge Pacome ZONGO

Tambi Serge Pacome ZONGO, journaliste s'intéressant aux questions politiques et de développement durable.

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