1er Mai 2023 : La déclaration de l’AEBF et de l’ODJ Burkina Faso/Section France

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Ceci est une déclaration de l’Association des Étudiants Burkinabè en France (AEBF) et de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso / Section France, à l’occasion du 1er mai 2023. 

Camarades militant.e.s et sympathisant.e.s, cher.e.s ami.e.s,

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Les travailleurs/euses du monde célèbrent ce 1er mai la 137e journée internationale du travail dans un contexte international marqué par l’approfondissement de la crise du système capitaliste impérialiste mondial. Une des illustrations est la guerre impérialiste réactionnaire en Ukraine opposant l’impérialisme russe soutenu par la Chine, à l’impérialisme américain et ses alliés de l’OTAN.

La crise a occasionné une inflation sans précédent, causant de nombreux préjudices pour les travailleurs/euses et les peuples confrontés à la vie chère et la misère avec une réduction drastique du pouvoir d’achat des ménages. Selon l’OIT (2023), en 2022, 214 millions de travailleurs vivaient dans l’extrême pauvreté avec un revenu inférieur à 1,90 dollar par jour. Face aux conséquences désastreuses de cette crise, des luttes se développent partout dans le monde pour refuser de payer le prix de la déconfiture du système.

La journée du 1er mai, hautement symbolique pour la classe ouvrière, revêt un contenu profond en termes de luttes contre l’exploitation et l’oppression du système capitaliste impérialiste mondial. En effet, le 1er mai 1886, à Chicago, environ 400 000 travailleurs/euses américains répondaient à l’appel de leurs syndicats en descendant dans les rues pour revendiquer la journée de 8 heures de travail.

Le nombre d’heures de travail par jour était d’au moins 10 heures et pouvait aller jusqu’à 16 heures dans la plupart des pays industrialisés. La date du 1er mai fut retenue pour cette manifestation d’envergure car c’est à cette date que beaucoup d’entreprises américaines réalisaient les calculs de leur année comptable, date où les contrats des ouvriers arrivaient à terme et ils devaient déménager pour retrouver du travail, d’où le « moving day ».

Les manifestations se poursuivirent les 3 et 4 mai 1886 avec plusieurs morts parmi les travailleurs/euses, mais aussi parmi les policiers chargés de la répression. Ainsi, depuis 1890, le 1er mai a été imposé par les travailleurs/euses du monde entier et le prolétariat comme une journée de revue des troupes de la classe ouvrière et des masses travailleuses dans leur lutte contre la bourgeoisie capitaliste, l’impérialisme, et son système d’exploitation, contre la misère et la vie chère qui en résultent et pour la révolution et le socialisme.

Camarades militant.e.s et sympathisant.e.s, cher.e.s ami.e.s,

En France, la commémoration du 1er mai se passe dans un contexte de lutte historique depuis le début de cette année 2023 contre la réforme du système des retraites qui consacre l’augmentation de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Il s’agit de faire travailler plus pour générer des économies et gonfler les profits du patronat au détriment de la santé, du bien-être, de la vie tout court des travailleurs/euses.

Par des mobilisations unitaires et historiques presque partout en France et dans divers secteurs clés de la vie économique (transports, raffineries, grande distribution, éducation, etc.), les syndicats, les masses laborieuses et la jeunesse se sont dressés contre cette réforme en bravant les répressions policières. Malgré un rejet massif, Emmanuel Macron et son gouvernement adoptent le projet de loi en faisant recours au 49/3, une disposition constitutionnelle par laquelle l’Exécutif lui-même s’érige en législateur et contourne le pouvoir législatif censé pourtant représenter le Peuple.

Camarades militant.e.s et sympathisant.e.s, cher.e.s ami.e.s,

Comme dans presque tous les pays où le 1er mai est célébré, les organisations syndicales ont dû mener une lutte âpre au Burkina Faso pour sauver cette commémoration. En effet, en 1985, le Conseil National de la Révolution (CNR) décida de prendre en otage la célébration du 1er mai. Il fait descendre un commando de CDR (Comité de Défense de la Révolution) drogué et armé jusqu’aux dents à la bourse du travail pour réprimer le meeting organisé par l’historique Front Syndical.

Les travailleur/euses, élèves et étudiant.e.s sont violemment réprimés avec plusieurs blessés. Le matériel pour le meeting est détruit, la bourse du travail saccagée. Les CDR évacuent la bourse du travail, procèdent à des arrestations et occupent les lieux. L’année suivante, le CNR interdit toute activité syndicale dans toutes les provinces du Burkina et empêche la commémoration du 1er mai. Les organisations syndicales et le monde du travail vont poursuivre la bataille les années d’après pour sauver la commémoration du 1er mai.

En cette année 2023, dans notre pays, le 1er mai se tient dans un contexte très instable, trouble et  complexe caractérisé par la guerre civile réactionnaire imposée à notre peuple. Un des clans putschistes de l’armée néocoloniale au pouvoir, le régime dit du MPSR 2, une nébuleuse aux contours très flous avec ses soutiens s’illustrent très tristement par des arrestations arbitraires, des menaces et des intimidations, des discours de la haine ainsi que l’enrôlement forcé et humiliant de militants d’OSC dans les rangs des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP).

Le MPSR2 et les groupes armés terroristes sèment une certaine confusion totale au sujet des identités réelles des bourreaux des populations. En effet, pendant que les groupes armés terroristes massacrent civils, Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et VDP, les exactions de certains FDS et VDP endeuillent davantage les populations. Le massacre de Karma, village situé dans le nord du Burkina Faso où plus d’une centaine de civils, hommes, femmes et enfants ont été tués le 20 avril 2023 par un groupe lourdement armé arborant l’uniforme militaire burkinabè, reste à élucider.

Jusqu’à ce jour, l’Etat-Major Général des Armées burkinabè n’a fait aucun communiqué pour démentir l’information selon laquelle les auteurs de ce massacre sont des FDS comme le disent avec conviction des témoins et rescapés de cette attaque. La crise sécuritaire et humanitaire a atteint un seuil d’aggravation sans précédent. Selon le Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR), à la date du 31 mars 2023, le nombre de personnes déplacées internes est de 1 999 127 dont 58,42 % d’enfants.

Pour le ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN), 1 089 732 élèves et 32 232 enseignants sont affectés par la fermeture de 6 334 établissements, soit une augmentation de 200 écoles par rapport au mois précédent. Enfin, l’aggravation de la crise sociale avec l’augmentation des prix des produits de première nécessité (hydrocarbures, huile, riz, sucre, céréales, etc.), les problèmes d’eau, d’électricité, de logement, d’accès à internet et la cherté des datas, etc., plongent davantage les travailleurs/euses et les masses populaires dans la misère, la précarité et la déchéance physique et morale.

Camarades militant.e.s et sympathisant.e.s, cher.e.s ami.e.s,

La situation sus dépeinte traduit la manifestation des effets de l’aggravation de la crise du système capitaliste-impérialiste dans le monde, en France et au Burkina Faso. Elle commande de la part de la jeunesse, des démocrates, des travailleurs/euses et des étudiant.e.s un maintien de la détermination et de l’unité dans la mobilisation et l’action. C’est pourquoi, par la présente, nos organisations :

  • adressent leurs félicitations aux travailleurs/euses, à la jeunesse et au peuple français en lutte contre la réforme injuste des retraites et pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail ;
  • soutiennent l’unité d’action syndicale (UAS) des travailleurs/euses burkinabè dans ses batailles sur tous les fronts dans ce contexte trouble et complexe de guerre civile réactionnaire ;
  • appellent la jeunesse burkinabè en France dans leurs secteurs et localités respectifs, à se solidariser avec les travailleurs/euses de France dans leurs mobilisations et luttes, particulièrement à l’occasion de la journée de mobilisation prévue ce 1er mai 2023.

Vive le 1er mai, fête internationale des travailleurs/euses !

Vive l’AEBF !

Vive l’ODJ / France

Pain et liberté pour le peuple !

Fait à Paris, le 1er mai 2023

Pour l’ODJ/ France, Le Président, Sanou Siaka

Pour  l’AEBF, Le Secrétaire Général, Ouédraogo Ismaïla

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