Journalisme en temps de crise : « On a réussi à transformer les médias burkinabè en agences de communication » (Moussa Sawadogo)

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Le Rassemblement des Intelligences pour la Souveraineté de l’Afrique (RISA) pose la réflexion sur la pratique du métier de journalisme en temps de crise, à travers un panel ce samedi 13 janvier 2024 à Ouagadougou. 

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« Communication et construction des idées dominantes », c’est le premier sous thème développé par le journaliste et enseignant Moussa Sawadogo lors du panel du RISA sur le journalisme en temps de guerre. La communication permet de construire les idées dominantes, entendez par-là, les idées les plus partagées par la population, a indiqué d’entrée le communicateur.

Citant une étude du Centre d’Études stratégiques de l’Afrique, Moussa Sawadogo a souligné que la communication a été utilisée comme un laboratoire de fabrication de l’information pour changer la configuration géopolitique au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Moussa Sawadogo, journaliste et expert en communication de crise

« Pour le cas concret du Burkina Faso, depuis 2020, l’étude montre qu’on assiste à une création massive d’organisations de la société civile dont l’objectif de ce message porté par les OSC est d’abord de dénigrer les autorités démocratiquement élues. Dénigrer ces civils qui sont au pouvoir pour dire qu’ils sont incapables de faire face aux questions sécuritaires afin de préparer la prise du pouvoir par les militaires. 

Le deuxième objectif était de promouvoir la prise du pouvoir par les militaires, ensuite de s’attaquer à la démocratie comme mauvais système et reporter l’organisation des élections. Le troisième objectif, c’est de dire que cette manière de faire, va susciter le courroux des pays puissants donc il faut s’unir pour faire face à l’impérialisme », a-t-il cité.

C’est également de l’infodémie avec la prise d’assaut des réseaux sociaux par des OSC avec un discours anti-occidental, et pro-russe. Au niveau de l’autorité, d’une part la fabrication de l’information visait, selon l’analyse du communicateur, à faire comprendre au peuple la réalité et d’amener le peule à agir dans le sens que veulent les autorités. Aussi, dit-il, le choix de la désinformation est opté avec l’exagération de l’information pour toucher l’émotion et réorienter les esprits.

Dans ce processus, c’est le contrôle des médias et l’imposition d’un agenda setting par l’autorité. « On a réussi à transformer les médias burkinabè en agences de communication. Au niveau des reportages sur des questions très sensibles, on donne des communiqués aux journalistes qui se contentent de les diffuser. 

Il n’y a plus d’analyse, le traitement de l’information, on n’en fait plus. Deuxième élément, on va voir un discours de haine tellement puissant contre les intellectuels avec tout ce qui s’en suit que des chaines de télévision auront des problèmes à constituer des plateaux pour faire un débat intellectuel. 

Le troisième niveau, les journalistes burkinabè sont convaincus aujourd’hui que la situation est tellement complexe que pour leur propre sécurité il ne faut plus faire de l’analyse. Ce qui va faire que petit à petit, le journaliste qui doit être un médiateur, un éclaireur, un critique, finit par être phagocyté par des communicateurs », a-t-il fini.

Dieudonné Zoungrana, Journaliste

Dieudonné Zoungrana, aussi panéliste, a traité du modèle de presse pour le Burkina en crise. Pour lui, le journaliste doit choisir le camp de la république. « En cette période de crise au Burkina, la presse est fortement à géométrie variable. On choisit le camp de la république, de son pays, du Faso. On ferme les yeux sur les succès prétendus de l’ennemi.

On ne peut pas être les propagandistes du terrorisme, par contre tout ce qui peut remonter le moral des troupes, tout ce qui peut galvaniser et favoriser la résilience est privilégié. Ce n’est pas de la soumission aux autorités mais c’est une bonne compréhension de la liberté de presse qui ne peut s’exercer dans un environnement de paix, que seul un État debout et sécurisé peut faire », a-t-il dit.

Pour les organisateurs de ce panel, il s’agit de se prononcer sur les thématiques d’enjeu public. « Nous sommes dans un contexte de guerre avec deux blocs tranchés. Le bloc de l’ennemi et le bloc de l’État qui combat l’ennemi envahisseur mué par des intérêts sponsorisés par des puissances impérialistes. Est-ce que dans cette situation on peut avoir un journalisme neutre ? », s’interroge Serge Bayala, membre du RISA.

Aussi, le Dr Zaka Ibrahim Ouandaogo a-t-il porté un regard de juriste sur l’expression des libertés individuelles et collectives en situation de crise et le Dr Hyacinthe Ouédraogo quant à lui a exposé sur comment éviter les pièges sans fin sur les réseaux sociaux.

Akim KY 

Burkina 24 

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