Nayala : Ces braves populations réinstallées qui défient dame nature !

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Samedi 30 mars 2024, Province du Nayala au Burkina Faso. Nous sommes allés pour être témoin de la vie qui éclot « dans les décombres d’un village qui a tout perdu sauf l’espoir ». Extraordinaire, la productivité maraichère de ces populations récemment réinstallées. Un exemple pour nourrir le Burkina Faso de demain, malgré les défis climatiques. L’on le dit souvent, en effet : Chasser le naturel, il revient au galop ! Comme quoi, les dérèglements climatiques ont déjà des conséquences sur les populations les plus vulnérables. Ces braves et résilientes populations du Nayala, prises entre l’enclume et le marteau, arrivent néanmoins à tracer une voie. Celle de l’espoir permis…  

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Il est environ 6 heures 45 minutes. Nous pénétrons dans un village de l’ouest du Burkina Faso. Nous sommes à plus de 200 kilomètres de Ouagadougou. C’est bien ici. Ce village a subi le dictat des terroristes en fin d’année 2023. Ce village qui autrefois vivait le martyr. Déguerpissement en série, destruction de biens, pillages, spoliation de bétail, des vies arrachées…

Voilà le visage désastreux que présentait ce village. Le 15 janvier 2024, nous étions donc « dans les décombres d’un village qui a tout perdu sauf l’espoir ». Nous n’avons pas eu tort de titrer ainsi. Très vite, de l’espoir, éclot la vie. En cette matinée de fin mars, c’est la métamorphose. Une fois à l’intérieur du village, des murs en reconstruction et la verdure des jardins tapent à l’œil.

Nous stationnons en face d’une boutique au cœur du village. Ce commerce porte toujours les stigmates des flammes et des impacts de balles. Le village est déjà sur pied. Un radieux soleil illumine les lieux ce samedi matin. Mais les forts rayons s’annoncent déjà. C’est la période de la canicule au Burkina Faso.

Ici, nous sommes dans un village reconquis à sueur et à sang, il y a quelques mois seulement. Nous traversons le bitume. Nous constatons un moulin qui a repris service. Nous saluons fièrement ce jeune homme qui, avec dextérité manie, la machine pour sortir de la farine moulue.

Des jardins verdoyants à travers le village

Juste derrière la maisonnette qui abrite le moulin, l’on se croirait dans le mois de juillet ou d’août. La verdure des jardins est spectaculaire. Tantôt, des femmes sont attroupées autour d’un puits au nez des jardins. Elles tirent sur des puisettes pour sortir le liquide précieux.

Des arrosoirs déposés çà et là. Des enfants font des va-et-vient entre le puits et les jardins. C’est l’arrosage matinal des légumes en pleine maturation. Tous les jours, ces paysans sont debout dès l’aurore. D’ailleurs, cet exercice fait partie du rythme de la journée des habitants de ce village reconquis.

Nous abordons une quinquagénaire. Elle ne se sent pas à l’aise dans la langue de Molière. Mais dans la langue locale, elle est déchainée. « Je me nomme… Zerbo, je suis jardinière », se présente-elle en langue San. Dame Zerbo est mère de 8 enfants. Dans son petit jardin de bois, elle produit de l’aubergine, de l’épinard, du gombo, de l’oseille, etc.

Son jardinet présente une bonne physionomie. Pourtant, elle a commencé tard cette année. « Nous avons fait la pépinière en septembre. On a repiqué même. Les gens de la brousse (NDLR, terroristes) sont venus nous chasser. On est revenu trouver que ça s’est asséché. Et, on a recommencé à zéro. Ce que vous voyez, on l’a acheté dans un village voisin pour venir repiquer », raconte-t-elle.

« Ça arrive à satisfaire nos besoins »

À ses côtés, deux de ses enfants. C’est la période des congés de Pâques. Ce sont des élèves venus de la province pour passer des moments de fête avec les parents, et aussi, leur apporter un coup de main dans les travaux maraichers. C’est une fierté rustique et une atmosphère conviviale.

Mme Zerbo et ses enfants puisent « adorablement » pour arroser leur jardin

Le carré d’un quart d’hectare contribue énormément à améliorer le quotidien de cette famille. « Il y a des jours si je ramasse les légumes, je peux les vendre et gagner 10 000, souvent 8 000, des fois 7 000, F CFA en fonction du marché. Ça arrive à satisfaire nos besoins », nous explique fièrement la jardinière.

Une fois l’école reprise, elle est seule à faire les travaux. La jardinière a réduit sa superficie agricole pour adapter à ses moyens. Ses besoins sont bien identifiés. « La coupe abusive du bois finit la forêt et nous savons que ce n’est pas bien. Donc notre besoin, ce sont des grillages. 

Tirer l’eau à la main nous fatigue, on avale des comprimés la nuit pour pouvoir dormir. Mais comment faire ? Nous n’avons pas de motopompe. Nous discutons le fumier avec les hommes qui l’utilisent aussi pour les champs. Nous sommes obligées d’acheter des engrais pour mettre dans nos jardins », égrène Mme Zerbo.  

Mme Zerbo, jardinière dans son champ

Pas de résignation, les villageois ont troqué la peur avec la détermination. « Nous n’avons pas peur car, il y a des forces de défense et de sécurité ainsi que des VDP, on leur fait confiance. Sinon il y a la psychose puisque les mauvaises gens-là ne sont pas loin de nous », fait-elle savoir.

Dans les environs, l’arrosage bat son plein. Un peu partout, les braves paysans s’exécutent avec ardeur. Le bruit des arrosoirs, les mouvements de bras qui tirent sur les cordes de puisette, les jets d’eau sur les plantes, tout s’harmonise à merveille. Agréable à regarder !

Le jardin resplendit sous le soleil de fin mars 

Et pourtant, il y a trois mois, du calme précaire régnait sur ce village. Grace à la résilience par la culture maraichère, la nature exprime vie. Entre les jardins verdoyants, la fraicheur matinale convole avec l’humidité qui sort des pieds de plants arrosés. 

Nous continuons notre immersion dans les jardins. Telle une randonnée pédestre. Entre temps, voici un homme en train d’ouvrir l’entrée de son jardin. Visiblement, l’un des plus grands et des plus fournis en légumes. Nous l’accostons. Une fois à l’intérieur de son enclos, le travail est admiratif.

Il s’appelle Diallo, un agriculteur et maraicher qui consacre la saison hivernale à la production céréalière et la saison sèche à la culture maraichère. Là, des aubergines locales en pleine maturation, le gombo, les concombres, les courgettes, etc. Plusieurs variétés de légumes différents s’épanouissent dans le jardin de monsieur Diallo.

Monsieur Diallo, maraicher

Une extraordinaire densité de végétaux répartie dans un espace d’un quart d’hectare. En plus d’être productif, le jardin resplendit sous le soleil de fin mars. Son espace est parsemé de maïs qui domine les autres espèces, laissant son feuillage danser au gré du vent matinal. Le rôle du maïs est de protéger les légumes contre les rayons solaires, apprend-on.

L’arrosage, le désherbage manuel, le traitement, c’est l’essentiel de la tâche du jardinier. Il dispose d’une motopompe raccordée à un puits à une vingtaine de mètres des deux superficies clôturées de bois appuyées par un grillage de fortune.

Il a commencé le travail le 25 janvier 2024. Aujourd’hui, ses légumes sont prêts. L’écoulement est d’ailleurs en cours. Que ces villageois sont matineux ! Avant notre arrivée, le fils de Diallo est déjà parti avec une bonne quantité de légumes en ville pour vendre. Il utilise une moto tricycle pour le trajet. Le jardinier travaille en tandem avec son fils et sa femme qui se charge de l’écoulement au marché.

« J’arrive à économiser 1 million »  

La culture maraîchère est une activité rentable et hautement génératrice de revenus au Burkina Faso. La famille Diallo se frotte les mains. « Si on emmène des courgettes, par jour, on peut avoir 7500, l’aubergine locale, on peut gagner 10 000, le gombo, 5 000 ou 6000, F CFA », nous confie le jardinier.

Les besoins des 14 membres de sa famille, la pension de 6 enfants scolarisés trouvent satisfaction des revenus de ses travaux maraichers. « Les besoins, nous arrivons à les satisfaire comme il se doit et j’arrive à économiser 1 million », informe Diallo.

Diallo a bénéficié de l’expertise de la vallée du Sourou en matière de production maraichère. Il a été formé pour la production de la tomate et de l’oignon, en 2014 à Dî, au niveau du périmètre irrigué.  En plus, Diallo est un enquêteur agricole au compte de l’État depuis 2000. Il suit un échantillon de 12 ménages producteurs à travers le recensement, les levées parcellaires, l’évaluation de la production, les estimations.

Après avoir passé ¾ heures dans son espace agricole, nous nous retirons. Au fur et à mesure, nous dépassons des jardins. La plupart présente une bonne physionomie. Et voilà une dizaine de personnes en plein travail. Parmi eux, il y a F. Ki, un élève de la classe de 4è.

Comme bien d’autres, il profite de ses congés auprès des siens. « C’est parce que je vois que les parents souffrent pour faire ce travail. Voilà pourquoi je suis venu les aider », affirme fièrement le jeune scolaire, affichant l’air sage. Il était pensionnaire du lycée de son village, avant que les hommes armés ne viennent suspendre les cours.

L’entrée du jardin public

Nous voici dans le jardin public du village, exploité depuis plus de 20 ans. Sur ce site de 3 hectares, au total, 280 paysans produisent plus de 40 cultures différentes. L’activité est dominée par des femmes. Les amarantes, les épinards, les concombres, l’oseille, les choux, des oignons, des poivrons, des carottes, du piment,… un peu de tout sur des parcelles morcelées.

Ces producteurs sont encadrés par un agent technique d’agriculture, Monsieur M. B, qui intervient dans la zone depuis 2021. L’encadreur a voulu réorganiser le site en trois cultures à savoir l’oignon, le chou et la tomate, afin de faciliter le traitement et aussi favoriser une réponse efficace en cas d’attaque. Hélas, celui-ci déplore le non-respect des consignes. Mais, au-delà de l’action humaine (Coupe du bois, non maitrise des activités agro-sylvo-pastorales, etc.), la nature a ses règles que la règle même ignore, laissant place aux commentaires…

« C’est la maladie qui a envahi les tomates »

Dans la partie Est du jardin, en effet, une superficie d’un demi hectare est affectée à la production de la tomate. Sur ce pan du jardin, tout n’est pas rose. Des plants à moitié secs, mélangés, des fruits qui pourrissent sans atteindre la phase de maturation, d’autres en putréfaction.

La « maladie » a attaqué les tomates

Konaté est en train de cueillir le peu de fruits encore récupérables sur sa parcelle. Sa deuxième expérience dans la production de la tomate est un fiasco. « C’est la maladie qui a envahi les tomates. D’autres aussi disent que c’est dû au retard. D’habitude, on commence au moment des récoltes, cette année, nous avons commencé carrément en fin janvier. Je n’y comprends rien », marmotte-elle l’air perdu.

Monsieur Diallo, l’enquêteur agricole, possède 0,4 hectare de parcelle ici. La tomate qui affichait une bonne cueillette à l’horizon a également tourné au cauchemar. Malgré son expérience dans la production, il est désemparé. Il épilogue sur la cause réelle.

« L’année passée, j’ai produit ici mais sur une superficie moins réduite, environ 0, 12 hectare. Pour cette année, c’est dû à la semence Petomech. C’est la semence qui m’a trahi. Et c’est une leçon que j’en tire. Je ne vais plus jamais utiliser la même semence », clame-t-il.

Quant à l’encadreur Monsieur M. B., il évoque une panoplie de problèmes sur le site. « C’est un vieux site. D’autres font la même culture sur le même sol pendant 5 à 10 ans sans rotation, c’est déjà un problème. Le sol n’est pas amendé avec le fumier organique bien décomposé. Ils mettent la pépinière en place sans traiter la semence. Tout ça contribue à accroitre les maladies », égrène-t-il.

En plein cœur du jardin public, nous remarquons des rangées d’aubergines qui affichent un spectacle semblable à celui des tomates. Les plants de légumes sont dressés sans feuillage. Mais les producteurs disent ne pas comprendre.

En plus, il y a un problème d’eau. Les habitants assistent à un problème d’asséchement qu’ils n’ont pas vu depuis une dizaine d’années. Pour le technicien, Monsieur M. B, les puits ont besoin d’être curés. En plus, dit-il, la mauvaise pluviométrie de l’année dernière a aggravé la situation. 

Un forage est installé par une ONG française dénommée « Association Faso-Lot » en 2016  pour alimenter une partie du jardin à travers le système goutte-à-goutte. Le travail n’a pas été à la hauteur de ce que les femmes attendaient, car le débit est faible. Un autre espace aménagé pour accueillir un forage octroyé par le Projet d’appui à la promotion des filières agricoles (PAPFA).  La crise sécuritaire a infligé un arrêt dans les travaux d’installation de cette deuxième source d’eau.

« …Il n’y a pas de concertation avec les agents terrains »

À la sortie du jardin, il y a un centre de système d’adduction d’eau simplifié qui n’a jamais fonctionné, selon le technicien. L’ONG Association pour la Bienveillance Humanitaire (ABH) a doté le village d’une AEPS (Système d’Adduction d’eau potable simplifiée) inaugurée le 10 février 2021.

L’installation avait pour but d’alimenter des bornes fontaines au profit des ménages. Mais dans ce village, presque chaque cour a son puits et l’on s’interroge sur la pertinence du projet. Cette source d’eau au nez du jardin ne profite pas aux producteurs.  

Château d’eau du jardin public

Le village est assis, au fait, sur une importante nappe phréatique, selon l’encadreur, mais le problème d’eau se pose toujours. « Les partenaires humanitaires interviennent, mais il n’y a pas de concertation avec les agents terrains pour savoir ce qu’il faut comme matériels, comme infrastructures pour que ce soit durable. Le projet vient avec son type de modèle, il fait et s’en va. Deux jours ça ne marche pas », explique Monsieur M. B.

Après quelques échanges avec les acteurs clés, il ressort qu’il faudrait penser à attaquer le mal par la racine, pendant qu’il est temps, en adaptant par exemple l’action humanitaire au changement climatique. Peut-être aussi, actualiser et mettre à jour les programmes d’aide au développement, ou les renforcer davantage. Ce ne sont que des avis. Bref !

Par ailleurs, de l’autre rive du village, un autre jardin d’un hectare et demi séduit par sa verdure. Là, 6 personnes se sont associées pour produire de l’oignon, des tomates, du gombo et autres spéculations. Il est environ 11 h 45 minutes quand nous éteignons notre moteur à l’entrée du jardin sous de grands manguiers qui jouxtent l’entrée.

Sow s’attelle à démarrer la motopompe pour arroser. Ce n’est pas le moment indiqué mais les puits tarissent vite. Il faut attendre un temps pour que l’eau remonte. L’homme de la cinquantaine est l’un des 6 associés qui gèrent collectivement ce jardin qui produit majoritairement de l’oignon. L’an passé, ces acolytes ont produit des tonnes d’oignons ici. Et la superficie a été agrandie cette année. La récolte s’annonce prometteuse.

L’oignon affiche une bonne physionomie

Ici, comme ailleurs dans le village, les motopompes sont alimentées par le gaz, un moyen non conventionnel. Mais que faire ? « Au départ ils utilisaient de l’essence et le gasoil. Avec la situation d’insécurité, il est compliqué de se faire servir dans des bidons, ce qui a obligé beaucoup à basculer vers le gaz », confie toujours l’encadreur.

« On a pu exploiter cette année 7, 5 hectares d’oignon » 

Depuis un certain temps, ce village a de grandes ambitions en matière de production maraîchère. « Cette année on voulait faire fort. On avait pour objectif de produire l’oignon sur 20 hectares dans tout le village. On a commencé les pépinières et l’insécurité a bouleversé la donne. La superficie qu’on a pu exploiter cette année vaut 7, 5 hectares d’oignon », révèle Monsieur M. B.

De part et d’autre, nous remarquons aussi quelques jardins vides abandonnés à travers le village. Avec les déguerpissements subis, il y a de ces producteurs qui n’ont pas pu se rattraper. Sans quoi, entre ceux qui sont revenus malgré tout, et ceux dominés par la réticence, il y a ces braves paysans debout contre vents et marées pour consolider ce village, ignorant souvent les calculs climatiques. La détermination sans faille des forces combattantes constitue leur leitmotiv.

Un village exemplaire, résilient malgré les difficultés. Ci et là, des enfants musardent autour des concessions et des jardins verdoyants, des femmes qui pilent le petit mil pour faire le repas du soir, des vieillards assis là-bas sous le Nimier pour raconter la vie, conter le passé. Des scènes de vie qui estompent progressivement les traces des violences d’hier.

L’écoulement des légumes au marché

Dimanche 31 mars 2024, après avoir parcourus plusieurs kilomètres. Il est 8 heures, au marché de Toma, chef-lieu de la province du Nayala. Nous retrouvons la fille de monsieur Diallo avec bien d’autres femmes de leur village venues pour l’écoulement de leurs légumes.

Elles sont fières de revoir leur étranger d’hier que nous sommes. Elles font de bonnes affaires. Il y a de l’affluence, et l’ambiance est grande. C’est d’ailleurs la fête de Pâques. Résurrection du Christ. Résurrection aussi d’un village pris entre défis sécuritaires et climatiques. Mais la vie continue…

*NB : Pour des raisons de sécurité, le nom de certaines localités et l’identité des intervenants sont masqués  

Akim KY  

Burkina 24 

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2 commentaires

  1. Félicitation à notre confrère KY pour ce reportage réalisé entre la peur et le courage. Concours CICR validé. Ton sujet rime avec le thème de cette année. En tout cas, je te souhaite bonne chance. SEGDA, double lauréats 1er prix CICR 2022 et 2023. Plaisir de lire d’autres de tes papiers.

  2. C’est magnifique ! c’est dans de tels réussites que je reconnais mes amis Burkinabé. Ce sont des populations courageuses que la politique à détourné pour leur malheur, de leur entrée dans un développement qui devait en gêner certains.
    Pour tenir les populations rien ne vaut de semer la zizanie entre elles.
    Tout mon courage à ces gens que j’aime et j’admire.

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