Paulo Duarte: « Je veux une équipe qui va mourir pour le pays »
Pour son retour à la tête de l’encadrement technique du Burkina, le sélectionneur des Étalons du Burkina Paulo Duarte a décidé de créer une équipe conquérante. Cela commence par la double confrontation contre l’Ouganda le samedi 26 mars au Stade du 4-Août de Ouagadougou et le mardi 29 mars 2016 à Kampala. A l’issue de la première séance d’entraînement de préparation des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Gabon 2017 qui a eu lieu le mardi 22 mars 2016, Paulo Duarte a fait connaitre sa nouvelle mission à la tête des Étalons
Burkina24 (B24) : Comment s’est passée la première prise de contact avec le groupe ?
Paulo Duarte (P.D) : Le groupe est là. Mon meilleur entraînement, c’est pour jeudi soir. On va parler et discuter de ce qu’il y a de bon, ce qu’il y a de mauvais. On parlera de ce qui nous a conduits dans cette situation. Nous sommes dans une situation qui ne devait pas arriver.
Je connais bien 80% de ces joueurs. Pendant deux mois et demi, j’ai regardé 117 matchs à part les matchs des locaux (ndlr championnat national). Ce qui veut dire que pour chaque joueur, j’ai suivi quatre ou cinq matchs. J’ai beaucoup d’informations sur mes joueurs. Le groupe va se dire qu’il y a quelque chose qu’il faut changer. J’espère que pendant la réunion d’aujourd’hui, on va se concentrer sur le match.
Les joueurs s’entraînent très bien. J’espère qu’ils vont donner une réponse formidable. On a besoin de faire sentir au public que nous sommes là. On a besoin de faire sentir au public que nous ne sommes pas morts.
Je veux parler du groupe. On doit faire sentir au groupe que tout ce qu’il a gagné pendant sept ans, on ne peut pas le perdre comme on rate une passe (…) à cause de petits problèmes dans le groupe, à cause de diverses situations qui dans le plan tactique n’est pas clair, qui sur le plan d’engagement n’est pas clair. Je suis sûr qu’ils vont changer (…)
B24 : Vous aviez dit que vous avez créé un monstre qui bouffe tout le monde. Est-ce que vous pensez qu’ils peuvent redevenir ce monstre ?
P.D : On a beaucoup de qualités individuelles. On a créé beaucoup de situations. On a doublé presque tous les postes. Mais on continue avec le même problème avec certains postes comme celui de latéral droit, de latéral gauche ou de gardien.
On continue avec les problèmes d’il y a sept ou huit ans. Mais on s’est amélioré individuellement. On a progressé sur le plan axial avec les défenseurs centraux, sur le plan du pivot. On a beaucoup d’attaquants de ligne. Mais ce n’est pas parce qu’on a beaucoup de bons joueurs qu’on doit dormir sous le soleil.
Il faut montrer que la qualité nous sert que si on l’applique en fonction de l’exigence. Si on a une équipe de qualité mais dans le match n’a pas d’intensité, pas de rigueur, cela ne m’intéresse pas. Le monstre est là. Il faut le réveiller. Il faut le corriger et valoriser les bonnes choses qu’on a. Et parfois les joueurs écoutent de mauvaises choses (…). On va corriger tout cela et moraliser les troupes pour que dans le match, ils soient de vrais combattants.
B24 : Vous pensez aussi à renouveler l’équipe avec l’arrivée de certains joueurs ?
P.D : Quand je construis une équipe, franchement je ne regarde pas l’ancienneté des joueurs. Je m’intéresse au problème de l’équipe, ce qui manque à l’équipe (…). Je cherche les meilleurs toujours. Je ne fais pas jouer un joueur parce qu’il a un statut, parce qu’il a un pouvoir sur les médias ou sur le public.
Qu’’il se comporte pas comme un joueur qui valorise le groupe. Je veux renouveler. Mais le renouvellement se justifie. Pour renouveler, il faut le faire pour les points faibles et avec les moyens qu’on a dans le championnat et les joueurs en Europe qui pourtant ne jouent pas.
Même si nous faisons des erreurs, normalement un coach fait toujours la meilleure équipe. Et la meilleure équipe pour moi, c’est un joueur qui je trouve qu’il veut mourir pour le Burkina, qu’il veut mourir pour le drapeau. Ce n’est pas le cœur de Facebook mais le cœur d’un terrain. Le cœur de Facebook ne m’intéresse pas.
Il faut faire comprendre aux jeunes que si je suis intelligent, il faut que je prouve que je suis intelligent. Que si je suis bon et fort, il faut que sur le terrain, je prouve à l’autre que je le suis. Ce n’est pas jouer avec le statut. Ce n’est pas jouer avec les images. (…).
Je veux que les joueurs utilisent leur image pour grandir comme joueur, pour grandir comme homme et pour valoriser leur carrière individuelle. C’est ça que je veux, une équipe qui va mourir pour le pays. Il y a des joueurs qui sont là qui n’ont pas compris que la star, c’est le pays. Et s’il va jouer, qu’il donne la réponse.
B24 : Il y a des joueurs qui ne jouent pas en Europe. Ne craignez-vous pas pour l’intensité ?
P.D : Un joueur qui ne joue pas, ce n’est pas comme un joueur qui joue. Ce n’est pas moi qui fais le classement des joueurs en club. C’est leur coach. Un joueur qui ne joue pas en Europe, s’entraîne avec beaucoup d’intensité. Il reçoit le maximum d’information techniques-tactiques en Europe.
Même s’il ne joue pas dans l’équipe A, il joue dans l’équipe B qui lui permet d’avoir le rythme même si ce n’est pas la même chose. La motivation n’est pas la même, la satisfaction n’est pas la même. (…) Un entraîneur national en Afrique, n’est pas comme un entraîneur national en Europe.
En Europe, si tu as sept à huit joueurs qui ne jouent pas, tu peux facilement les remplacer par 20 autres qui jouent. Il y a trop de joueurs. En Afrique, ce n’est pas comme ça. Si tu n’as pas beaucoup de joueurs qui jouent en Europe, c’est un problème pour l’équipe c’est vrai, mais s’il joue pour l’équipe B, ce n’est pas grave. (…) Pratiquement tous les clubs en Europe ont une équipe B. Seulement le moral du joueur et la satisfaction professionnelle ne sont pas les mêmes.
Propos recueillis par Boukari OUEDRAOGO
Burkina24
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