Burkina Faso : « Depuis deux semaines, il n’y a pas de ravitaillement en vivres » à Djibo (Habitant)
Depuis quelques semaines, les commentaires inondent les réseaux sociaux : « Il faut sauver la ville de Djibo », « Djibo se meurt », etc. Insécurité, manque d’eau, insuffisance de vivres et de médicaments… C’est le cri de cœur des populations de Djibo relayé notamment sur Facebook. Si certains signalent une nonchalance dans l’apport de solutions, d’autres vont jusqu’à dénoncer un silence complice au sommet de l’Etat.
« Djibo se meurt. Djibo est coupée du reste du pays. Des mesures urgentes doivent être prises pour assurer un ravitaillement sécurisé. La faim et la soif constituent le coronavirus de Djibo ». « Après le problème d’eau, nous voilà encore face au problème de manque de produits de première nécessité. La ville de Djibo court vers un chaos total. Djibo a besoin d’un ravitaillement. SOS ! Sauvons la ville de Djibo »…
En plus des images empreintes de tristesse et de pessimisme et des statuts WhatsApp, plusieurs publications sur les réseaux sociaux se font l’écho des inquiétudes des populations de Djibo. Certains internautes vont jusqu’à comparer la ville à la Somalie des années 91.
Avec l’insécurité qui a entraîné un déplacement massif de populations vers Djibo ville, le Chef-lieu de la province du Soum a toujours du mal à maintenir la tête hors de l’eau. D’autres problèmes récurrents viennent assombrir le chapelet de difficultés que connaît Djibo, notamment le manque d’eau et de vivres.
« En plus des vivres, il y a le déficit de médicaments »
« Le problème lié au manque d’eau persistait ici à Djibo il y a quelques semaines. Mais, avec le tapage que les uns et les autres ont fait sur les réseaux sociaux, pour le moment, ça va. Puisque depuis une semaine, on a de l’eau dans nos robinets. Jusqu’à ce matin, c’est bon », confie un habitant de Djibo.
Mais à peine ce trou bouché, un autre éclate. « L’autre problème qui persiste, c’est que depuis deux semaines, il n’y a pas de ravitaillement en vivres notamment au niveau des déplacés internes. Comme conséquence, tous les stocks des commerçants sont en train de s’épuiser. En plus des vivres, il y a le déficit de médicaments pour les malades. Les pharmacies disent avoir commandé des produits mais que ça ne vient pas », déplore un natif de la région du Sahel, la gorge nouée au téléphone.
Les habitants de Djibo, selon les dires d’un autre ressortissant de la localité, vivent la situation, malgré la peur dans le ventre. « On ne sait pas ce qui arrivera demain. Concernant la situation sécuritaire, je ne peux pas dire que ça va. On vit la situation. On ne peut pas aller au-delà de Djibo. Ce sont les FDS qui font le tour dans les différents villages. Ce qui est sûr, à Djibo, on circule, on dort malgré la situation sécuritaire », relativise l’homme au bout du fil.
Des questions taraudent les esprits
Les « Djibolais » tentent ainsi de garder le cap malgré la tempête sécuritaire. Mais lorsqu’il n’y a plus de ravitaillement en vivres et en médicaments, la situation devient beaucoup plus compliquée. « C’est comme si on laisse expressément les choses se dégrader davantage. Et quand ce sentiment nait dans la tête des populations, les gens ne se sentent plus faire partie de la République », analyse une source locale.
Cette dernière désapprouve le fait que « les médias surtout publics au niveau national n’en font pas une affaire » : « Au sommet de l’Etat, les personnalités ne se prononcent pas sur la situation à Djibo. En tout cas, ici, les gens se demandent qu’est-ce qui se passe ?
Tout le monde sait qu’il y a un problème à Djibo. Pourquoi on n’en parle pas ? Tous les jours, c’est Covid-19 par-ci Covid-19 par-là. Pendant ce temps, plus de 100 000 personnes sont en train de vivre dans la misère. Et personne ne pipe mot. C’est vrai que dans la lutte contre le terrorisme, il y a l’aspect militaire. Mais il y a aussi l’aspect social, l’aspect développement qu’il faut prendre en compte ».
Burkina 24
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