Corruption dans les marchés publics : Elle ne fait que grandir, selon une étude du CEDRES

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« La corruption ne cesse de prendre de l’ampleur dans les marchés publics », précisément dans les Petites et moyennes entreprises (PME) du Burkina. C’est la conclusion générale d’une étude menée par deux jeunes chercheurs du CEDRES avec l’appui du REN-LAC et de l’ONG Trust Africa. Ils ont délaissé les méthodes de la perception et des présomptions pour recueillir les données auprès des PME elles-mêmes.

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Les pots de vin et les dessous de table sont fréquents dans le milieu des PME, selon l'étude du CEDRES (Ph : B24)
Les pots de vin et les dessous de table sont fréquents dans le milieu des PME, selon l’étude du CEDRES (Ph : B24)

C’est une nouvelle approche que celle utilisée par l’équipe du CEDRES (Centre d’études, de documentation et de recherches économiques et sociales) pour mener son étude sur la corruption dans les marchés publics dans le domaine spécifique des PME intervenant dans la fourniture de bureau. Les indicateurs que  sont la perception et les présomptions ont cédé la place à l’approche directe des acteurs concernés pour avoir leur avis sur l’état de la corruption.

351 PME (282 participent aux appels d’offres de marchés publics et 69, non) de Ouagadougou (90%) et de Bobo-Dioulasso ont accepté se prêter à ce jeu. « Mais les résultats sont inquiétants », commente Denis Akouwerabou, l’un des deux auteurs de l’étude, à l’atelier de restitution ce 30 mai 2013.

Oui, la corruption existe dans les marchés publics

Les entrepreneurs des PME enquêtées reconnaissent que la corruption prend de l'ampleur (Ph : B24)
Les entrepreneurs des PME enquêtées reconnaissent que la corruption prend de l’ampleur (Ph : B24)

93 % des promoteurs reconnaissent que la corruption existe dans le milieu et qu’elle « ne cesse de prendre de l’ampleur dans les marchés publics ». 1,4 % de ces promoteurs ont avoué avoir déjà recouru aux pots de vin pour être attributaires de marchés et la quasi-totalité des enquêtés déclarent que leurs concurrents recourent à ces méthodes déloyales.

Les raisons : survivre, le dossier technique ne suffit plus

Les raisons de cet état alarmant sont liées à une question de survie des PME. « La demande privée étant pauvre, les PME ne voient plus d’autre alternative pour survivre que les marchés publics », explique Denis Akouwerabou, relayant la pensée des entrepreneurs. La seconde raison est liée aux agents publics (la corruption est initiée à 62,7 % par eux, selon les entrepreneurs) « car avoir un dossier technique de qualité n’est plus une condition suffisante pour décrocher un marché public ».

 Ce qui fait que systématiquement, toutes les PME se voient obligées d’user de corruption pour obtenir ces marchés, sous peine de disparaître, révèle l’enquête. L’absence ou l’insuffisance de mesures dissuasives et punitives, même si elles existent, de l’avis des enquêtés, est un vent favorable au phénomène.

Mais la corruption tue la productivité

Le RENLAC a appuyé techniquement l'étude. Ici, son SEN, Dr Claude Wetta (au milei) (Ph : B24)
Le RENLAC a appuyé techniquement l’étude. Ici, son SEN, Dr Claude Wetta (au milieu) (Ph : B24)

Mais ces entreprises tombent dans un cercle vicieux car cette corruption ne leur est pas forcément profitable. En effet, selon l’étude, « la corruption affecte négativement la productivité du secteur tout entier ». En effet, c’est finalement une minorité qui s’accapare régulièrement les marchés publics, plongeant la majorité dans la disette et à long terme, la faillite.

Cette faillite est accélérée pour celles qui utilisent à perte la corruption, soit parce qu’elles ont versé des pots de vin sans avoir de marché ou que les pourcentages versés pour corrompre sont si importants que l’entreprise se voit obligée de puiser dans ses propres ressources pour honorer les marchés. A terme donc, conclut l’étude, cette corruption est une menace pour le secteur des PME.

Cependant, les promoteurs ont des recommandations, révèle l’étude. A l’endroit de leurs concurrents, ils préconisent que les PME dénoncent et isolent leurs consœurs qui s’adonnent à la corruption et de l’Etat, ils demandent de prendre des mesures plus sévères.

« C’est un travail de qualité »

Les deux chercheurs, doctorants à l’Université Ouaga 2,  Denis Akouwerabou et Bako Parfait, ont relevé toutefois des limites à leur étude, notamment la faiblesse de l’échantillon d’étude qui n’englobe pas les PME dans toutes leurs spécificités, leur quantité (le nombre de PME est estimé à 90 000 au Burkina) et le fait qu’elle ne s’est pas intéressé à des gros marchés.

Cependant, le Dr Claude Wetta, Secrétaire exécutif national du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) qui a accordé son appui technique à l’étude, estime que « c’est un travail de qualité » et que « nous allons tout faire pour le divulguer ».

Abdou ZOURE

Pour Burkina 24

 

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Abdou ZOURE

Abdou Zouré, journaliste à Burkina24 de 2011 à 2021. Rédacteur en chef de Burkina24 de 2014 à 2021.

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Un commentaire

  1. Qu’allons nous faire alors pour sortir de ce pi?ge. Surtout, nous attendons la r?action des autorit?s sur les r?sultats de cette ?tude. Votre r?sum? nous ?clair, mais nous aurons voulu que chaque burkinab? puisse lire le document complet.
    Nous savons que la dignit? des burkinab? n’est pas totalement morte, seulement, on ne sait pas quand ils vont se r?veiller pour dire stop ? la gangr?ne de la corruption. Vivement que des ?tudes comme celle l? se multiplient sur le terrain. Qu’en pense le RENLAC de cette ?tude?

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