GABON : La psychose des crimes rituels

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Depuis plusieurs mois, le Gabon s’illustre dans son actualité par un accroissement sans précédent de crimes dits rituels. La hantise est depuis lors à son comble,  et les populations ne savent plus à quel saint se vouer.

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Il ne se passe plus une semaine depuis quelques mois, sans que les médias locaux généralement et de plus en plus les médias sociaux ne relayent des informations relatives à des crimes commis dans le pays d’Omar Bongo, lesquels crimes cristallisent car particuliers dans le sens où ces atrocités sont perpétrées selon toute vraisemblance,  au nom de croyances occultes,  motivées essentiellement par une quête de pouvoir.

Une pratique qui a pignon sur rue

Au regard de l’ampleur que prennent les choses, l’on pourrait croire que ce phénomène est récent,  notamment à l’extérieur du pays d’Ali Bongo où l’information n’arrive que ces dernières semaines. Et pourtant,  il ne faut pas s’y tromper. Ces crimes rituels ne sont pas nouveaux. Les Gabonais ont pendant  longtemps vécu sous le joug de ces crimes crapuleux commis généralement, d’après les différentes livraisons de la presse et certains analystes, par des hommes politiques et/ou des hommes en quête de pouvoir quelconque.

Ainsi,  pendant les périodes électorales, il n’est pas rare pour un Gabonais de tomber sur un corps sans vie ayant subi une ablation de certaines parties précises du corps, comme les parties génitales.

Ces pratiques sont liées à certaines croyances selon lesquelles l’accession à des positions de pouvoir passent par l’accomplissement de certains sacrifices qui requièrent des organes humains et les hommes politiques, en tout cas certains d’entre eux, semblent privilégier cette voie pour arriver à leurs fins.

Une pratique devenue plus que récurrente

gabon-actu1Cependant, depuis un an environ, le recours à ces crimes, a connu une recrudescence et un accroissement des plus inquiétants.

Ils ont pris une telle proportion qu’il ne se passe plus une semaine sans que la presse ne fasse cas de corps retrouvés et dont l’état ne fait aucun doute quant au fait qu’il s’agit d’un crime rituel. La dernière découverte macabre remonte au début du mois de Juin où un sac de 50Kg a été découvert contenant des organes humains divers.

Quand il ne s’agit pas d’une femme qui a eu le malheur de prendre une ruelle mal éclairée et un peu à l’écart des grandes artères sécurisées, c’est un enfant  qui a eu la malchance de monter à bord du véhicule d’un inconnu ou enfin d’une jeune fille qui a eu l’imprudence de succomber aux avances et au luxe d’un charmeur à la recherche d’une proie.

De telles mésaventures sont devenues légion et de nombreux cas sont permanemment rapportés par la presse, les réseaux sociaux et certaines ONG de défense des droits de l’homme, lesquelles tentent d’alerter afin que soit enrayé le phénomène macabre. C’est le cas de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) qui a recensé 24 assassinats depuis janvier 2013, pour la plupart dans la région de Libreville.

Un Etat incapable à faire face au problème

Vue d'une partie des manifestants le 11 Mai dernier
Vue d’une partie des manifestants le 11 Mai dernier

Au-delà même du fait que ces crimes sont à condamner sans réserve, le plus inquiétant c’est le fait de plus en plus manifeste de l’incapacité de l’Etat de faire face à la situation et d’offrir à sa population la sécurité à laquelle elle a droit.

L’Etat Gabonais reste impuissant pour le dire aussi simplement que possible. Mais en réalité la réflexion peut être poussée un peu plus loin du fait de certaines réactions d’hommes du pouvoir qui semblent prendre les choses avec légèreté. De tels comportement d’autorités qui devraient saisir la gravité de la situation mais qui plutôt se contentent de déclarations politiciennes, il est alors normal de se demander si l’Etat veut vraiment s’occuper du problème.

Si de tels crimes perdurent, c’est que quelque part parmi les hommes politiques qui dirigent le pays, il y en a qui ne sont pas étrangers à de telles pratiques. On pourrait rappeler que le ministre gabonais délégué au Budget, Raphaël Ngazouzet, avait été entendu le 14 Mai dernier à Libreville par le président de la Cour d’appel judiciaire pour avoir été désigné (par les assassins déjà écroués) comme commanditaire de l’assassinat d’un ressortissant camerounais.

Face à cette incapacité notoire d’un Etat qui chante sur tous les toits vouloir ériger un Gabon émergent, les populations exaspérées ont vite fait de rappeler à Ali Bongo et à son gouvernement, qu’aucune émergence ne se peut faire lorsque le peuple se fait éviscérer, se fait massacrer et sacrifier sur l’autel d’un hypothétique pouvoir.

Ainsi,  des marches-manifestations ont-elles été organisées par ces Gabonais qui ne demandent qu’à vivre dans un pays où ils n’auront pas la peur au ventre lorsqu’un proche reste sans donner de nouvelles au bout d’un moment.

On a en souvenir la marche du 11 mai dernier qui a finalement conduit à deux manifestations car la première ayant été récupérée par le pouvoir à travers la présence de la première dame. Toutefois, malgré ce ras-le-bol exprimé, il n’y a pratiquement aucune évolution. C’est à se demander où se trouve cette police qui excelle dans le matraquage d’étudiants plutôt que dans son activité première : lutter contre le crime.

Youssouf Bâ

Pour Burkina 24

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Youssouf Bâ

Juriste, Spécialisé en Droit de l'Intégration. Journaliste, Poète.

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