2015: 5 élections en Afrique de l’Ouest et plein de menaces

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Une tribune de Idayat Hassan sur le processus démocratique en Afrique et les prochaines élections qui auront lieu en 2015.

Les difficultés que rencontre le processus de démocratisation en Afrique de l’ouest risquent de rendre les prochaines présidentielles plus que jamais outrageuses.

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L’année 2015 sera sans doute une année remarquable dans la vie politique de l’Afrique de l’Ouest. En effet, cinq pays de la sous-région, à savoir la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Nigeria, le Burkina Faso et le Togo, dont le cumul de la population est d’environ 243 millions de personnes sur les 300 millions que compte l’Afrique de l’Ouest, se rendront aux urnes cette année pour élire leurs dirigeants politiques. Il y a toutefois de nombreux défis qu’affichent ces élections à venir.

Le processus de démocratisation entamé au début des années 1990 est aujourd’hui confronté à une multitude de questions: l’appartenance ethnique; les guerres civiles; la corruption; la pauvreté; plusieurs cas de violence et d’irrégularités électorales; une opposition habitée par le « syndrome de l’alternance politique »; une résistance acharnée des partis au pouvoir entre autres.

Tous ces facteurs, ajoutés à bien d’autres sont susceptibles de rendre les prochaines échéances électorales plus que jamais outrageuses, et en faire une menace pour la consolidation de la démocratie et la stabilité politique dans la sous-région.

Au Nigéria, les seize ans de domination du Parti Démocratique Populaire (PDP) est menacée par l’émergence de l’All Progressive Congress (APC), une coalition des partis de l’opposition.

En Côte d’Ivoire, l’opposition, sous l’égide de l’Alliance des forces démocratiques de Côte D’Ivoire (AFDCI), a vivement exprimé sa désapprobation  en ce qui concerne la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI). Au Togo, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) ne cesse de réclamer    des  réformes qui devraient ouvrir la voie pour des élections crédibles.

Une question qui demeure aussi importante sur le processus électoral, est la manière dont les différents organismes de gestion des élections font leur travail. Ainsi peut-on se poser la question suivante : du fait de la faiblesse technique dont ils souffrent, ces organismes peuvent-ils organiser des élections crédibles dans les pays concernés?

De manière plus précise, l’on peut aussi se demander : qu’elle sera la qualité de telles élections, si l’on sait que le fichier électoral—dont dépend en grande partie la crédibilité des élections—est fortement remise en cause au Nigéria, au Burkina Faso, au Togo, en Guinée et en Côte D’ivoire?

Dans un tel contexte, il est impératif de renforcer le cadre normatif régissant les élections dans ces pays.

La chute de Blaise Compaoré à la tête du Burkina Faso par le «pouvoir du peuple» est une parfaite illustration de ce qui peut arriver en l’absence d’un cadre juridique solide régissant les élections. En fait, la prolongation du mandat présidentiel par des moyens frauduleux fait de nos jours l’objet d’une farouche résistance de la part des populations africaines, qui de plus en plus jouissent d’une bonne conscience politique.

L’acceptation du verdict des urnes sera un véritable problème dans les différentes élections à venir. Ainsi, il est crucial que nous réfléchissions dès à présent, et de manière proactive, sur les moyens d’une application ferme des dispositions de la Charte africaine sur les élections, la démocratie et la gouvernance qui demande aux états membres de l’Union africaine (UA) à « veiller à ce qu’il y ait un code de conduite régissant les actions de toutes les parties prenantes du processus politique légalement reconnues, le gouvernement et les autres acteurs politiques, avant, pendant et après les élections. Le code doit inclure un engagement de la part des acteurs politiques à accepter les résultats des élections ou à les contester que par voies légales. »

 Que ces élections à venir, dans leur totalité, aident à consolider la gouvernance démocratique en Afrique de l’Ouest, ou à favoriser des revers, dépendra largement de la volonté des acteurs politiques, aussi bien que les citoyens.

Idayat Hassan est directrice du Centre pour la démocratie et le développement

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