Confiance des citoyens dans la Transition politique: Analyse à l’intention de l’Exécutif au sommet de l’Etat (2/2)

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(…) En rappel, cette tribune est la suite d’un tout entamé par une 1ère partie signalée ci-dessous en lien.

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  1. Appréciation de la confiance des citoyens à autrui ou aux institutions de la République

Pour une appréciation intégrée de la variable « confiance » des citoyens en rapport avec les affaires publiques, il apparaît intéressant d’établir un parallèle avec la confiance qu’ils entretiennent avec autrui afin de relever si possible, les facteurs susceptibles d’influencer leurs attitudes sur ce point. Les données de l’enquêtes (extraites de Mémoire de DEA de Science politique) comportent la limite de dater de depuis 2008 surtout qu’une frange jeune de la population non négligeable a acquis ses droits citoyens durant les six dernières années. Cependant, pour ceux qui avaient les 18 ans révolus,  en termes de confiance à autrui, l’individu change-t-il vraiment au fond, une fois la majorité atteinte ?

Figure : Répartition des enquêtés selon leurs niveaux de confiance à différentes personnes

tableau
  Source : CGD, IGD, Afrobaromètre, round 4 version, octobre 2008.

Une proportion très importante des citoyens burkinabé enquêtés à l’époque en 2008, soit 68,3% font beaucoup confiance aux proches. A l’égard des proches, 16% des personnes interrogées ont le sentiment de faire « plutôt confiance »,  11,3% de faire « juste un peu confiance » et enfin, 4% d’entre elles, éprouvent le sentiment de ne « pas du tout leur faire confiance. »

Par ailleurs, pour les enquêtés, plus la personne appréciée est éloignée, allant de statut de « personne connue » au statut de simple concitoyen Burkinabé, plus la confiance à son égard se dégrade. A titre illustratif, 39,2% des enquêtés estiment « faire beaucoup confiance aux gens connus » contre un chiffre inférieur de près de 10 points, soit 28,8% pour d’autres concitoyens Burkinabé.

Les citoyens interrogés sont ainsi partagés selon l’enquête, entre les degrés variés de confiance rassemblant en somme, plus de voix et les personnes, – certes en proportion faible -, éprouvant une « absence totale de confiance à autrui. »

Que ce soit les cas « d’absence totale de confiance » ou de « très faible confiance à autrui » (« juste un peu confiance »), il est remarquable que les avis recueillis, ne dépassent jamais la proportion de 28%. Ce dernier constat met exergue, la propension des enquêtés, et par déduction, la propension des citoyens Burkinabé à accorder la confiance à autrui, qu’il soit proche ou non. Et naturellement, l’enquête révèle que la proximité peut constituer un atout pour bénéficier davantage de cette confiance. Une telle conclusion pourrait paraître banale. Pourtant, il n’est pas évident qu’une telle inclination à la confiance à autrui présente chez le Burkinabè, existe a priori chez d’autres peuples, dans un pays déchiré par la guerre civile, ou qui a expérimenté celle-ci dans l’Histoire !

Aussi, pour vérifier la pertinence de ce propos, il suffirait de considérer un échantillon de militants de partis de la scène politique nationale issus de dislocation ou de démissions de membres. Il est très probable que la question – « avez-vous confiance aux militants ou sympathisants du parti dont vous vous êtes séparés ? » – recueille en réponse majoritairement : « Pas du tout confiance à plus de 75% ». C’est dire en d’autres termes, que la confiance dont on jouit auprès d’autrui, dépend absolument de l’histoire que l’on construit avec lui ou que l’on donne à voir par lui.

Cette disposition que l’on peut qualifier de totalement naturel, est bien comprise par l’Exécutif de la transition. A ce titre, les têtes de l’Exécutif, qui ont été vraiment révélées au grand public surtout à la faveur de l’insurrection populaire des 30 et 31, tentent de forger cette proximité avec le public ou l’opinion, par des discours sensés toucher les attentes du peuple et leurs présences physiques dans certains lieux. A titre illustratif, la présence du Premier Ministre avec une équipe restreinte du Gouvernement (Denise Auguste Barry, Mme Joséphine Ouédraogo/ Guissou, David Kabré,  Frédéric A. K. Nikiéma), aux côtés des membres du CODMPP à la Place de la Révolution lors de la célébration du 16ème anniversaire de la disparition de Norbert Zongo, ponctuée de discours, participe de cet effort d’établir le pont ou mieux, d’entretenir un lien fort. Un geste hautement salutaire, pourvu que les promesses faites, soient suivies d’actes concrets.

Peut-on généraliser ces constats cependant, voire les appliquer dans leur rapport avec les institutions de la République ?

Les institutions qui ont fait l’objet de cette enquête sont entre autres, le Président du Faso, la police/gendarmerie,  la CENI, les tribunaux, les Chefs coutumiers. Pour le cas précis de l’Exécutif au sommet de l’Etat, c’est-à-dire le Président du Faso, il faut dire que les données ont montré que les citoyens sont disposés à lui accorder une grande confiance dans une proportion nettement au-delà de 50%. L’important  pour bénéficier de cette confiance, étant surtout de poser plus des actes d’envergure, déterminants conformes aux immenses attentes. C’est aussi à cette condition qu’un cercle vertueux naît, pour non seulement susciter la confiance, mais en plus, pour la conserver, voire la consolider pour stimuler en retour des actions davantage vigoureuses ou audacieuses, chose qui, mal négociée avant le 30 octobre par le régime déchu, s’est révélée fatale !

Ouagadougou, le 16 décembre 2014.

Idrissa DIARRA

Géographe, politologue.
Membre-fondateur du Mouvement de la

Génération Consciente du Faso (MGC/F).

Mobile : (+226) 66 95 04 90

Courriel : [email protected]


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