Mariage des enfants : L’Etat burkinabè en croisade contre une pratique liberticide

publicite

Ceci est la chronique hebdomadaire du gouvernement. Cette fois-ci, le gouvernement s’attaque à la question du mariage des enfants.

La problématique du mariage des enfants constitue un des défis majeurs à relever pour la concrétisation du projet de développement humain durable dans notre pays. Face à cette situation, l’Etat Burkinabè à travers le ministère de l’Action sociale et de la solidarité nationale développe depuis de nombreuses années des actions diverses en vue de l’abandon de la pratique du mariage des enfants. C’est le cas du plaidoyer auprès des chefs coutumiers et religieux, organisé le 2 mars 2015, en vue de l’abandon de la pratique de ce phénomène et du lancement, le 3 mars 2015 à Dori, chef-lieu de la Région du Sahel, de la campagne nationale de lutte contre les mariages des enfants.

La suite après cette publicité

Le terme « enfant » désigne toute personne âgée de moins de 18 ans, selon les normes internationales ratifiées par le Burkina Faso. Le concept « mariage d’enfants » est défini comme un mariage ou une union officielle ou non, avant l’âge de 18 ans.

En Afrique de façon générale et au Burkina Faso en particulier, le mariage est l’une des institutions les plus sacrées dans la vie sociale et culturelle.  Dans la plupart des sociétés africaines, au-delà de l’union entre le couple, le mariage constitue une union entre deux familles. La conception du mariage au « Pays des Hommes intègres » ne déroge pas à cette vision ancestrale.

Bien que les règles coutumières et celles formelles définissent et régentent de façon équitable le mariage, la perception de la maturité et l’empressement à se marier selon les règles coutumières ont souvent encouragé le mariage des enfants. Le mariage des enfants est une pratique néfaste et une violation des droits de l’Homme qui prive les filles de leurs droits à la santé, à l’éducation, de vivre en sécurité et de choisir si elles veulent  se marier, quand et avec qui.

Le choix de la ville de Dori pour le plaidoyer en  faveur des chefs coutumiers et religieux en vue de l’abandon de la pratique de ce phénomène et comme une  rampe de lancement de la campagne nationale de lutte contre les mariages des enfants n’est pas anodin  en raison  de la forte prévalence de la pratique dans cette région.

En effet, les données sont peu reluisantes  dans la région du Sahel et en appelle à une prise de conscience. En clair, la Région du Sahel connait  une faible scolarisation des filles et un fort taux de déscolarisation des filles. En plus  environ 3/5 filles se marient entre 10 et 17 ans soient 20% entre 10 et 14 ans et 80% entre 15 à 17 ans.

A l’instar  de Dori, beaucoup d’autres villes du pays sont concernées par ce phénomène. Ainsi,  au « Pays des Hommes intègres », les statistiques récoltées en 2010, montrent que les femmes constituent 51.7% de la population ; plus de la moitié d’entre elles ont moins de 18 ans ; 52% des filles et des femmes se marient avant l’âge de 18 ans et 3.9% avant l’âge de 15 ans.

Les filles ayant les plus faibles niveaux de scolarisation sont les plus susceptibles d’être mariées à un âge précoce. C’est une réalité qui touche à la fois les garçons et les filles,  mais ces dernières sont les plus affectées par cette situation.

A l’heure où les défis du développement sont au centre des préoccupations, le mariage des enfants avant l’âge de 18 ans, filles ou garçons, constitue un frein au développement des futurs citoyens burkinabè. Cela impacte directement sur la croissance démographique et ralentit considérablement le rôle central que pourraient jouer ces enfants dans le développement du pays.

Les faits constatés montrent que les filles qui se marient avant l’âge de 18 ans, abandonnent fréquemment leurs études et tombent enceintes.  Le mariage des enfants est une cause de mortalité des filles à l’accouchement.

 En outre, le risque de mortalité chez le nourrisson dont la mère est âgée de moins de 18 ans est de 60%  au cours de sa première année de vie.  Ces enfants, le plus souvent, malnutris connaissent des retards de croissance, sans compter que les épouses-enfants sont exposées aux violences, aux mauvais traitements et à l’exploitation.

Un déni des droits de l’enfant

 

Les mariages des enfants provoquent souvent  une séparation d’avec leurs familles et leurs amis. Ils les privent de la liberté de participer aux activités communautaires, toute chose qui a des conséquences graves sur leur bien-être mental et physique.

 De ce fait, le mariage des enfants est une pratique qui constitue un déni des droits de l’enfant et porte gravement atteinte à son développement. En cela, il doit être combattu pour la simple raison qu’une telle pratique fait peser un lourd fardeau sur la capacité de la société dans son ensemble et l’empêche d’atteindre ses objectifs de développement.

Pour tout dire, le mariage des enfants viole  les droits de l’enfant  protégés par la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant. La philosophie fondamentale de la Charte est que l’enfant occupe une position unique et privilégiée dans la société africaine et a le droit de grandir dans un environnement familial de bonheur, d’amour et de compréhension. En outre,   l’enfant  a besoin d’une protection pour son développement physique, mentale et   juridique qui garantit sa liberté, sa dignité et sa sécurité.

Bien que plusieurs cadres législatifs aient été conçus pour prévenir le mariage des enfants, leur mise en œuvre  connait quelques difficultés. C’est  pourquoi la Commission de l’Union Africaine a lancé la Campagne pour mettre fin aux mariages des enfants en Afrique, le 29 mai 2014, lors de la 4ème Conférence des Ministres de l’Union Africaine en charge du Développement Social.

L’objectif principal de la campagne est d’accélérer et de dynamiser le mouvement pour mettre fin aux mariages des enfants avec les États membres et d’autres parties prenantes par l’intensification de la sensibilisation au niveau continental sur les effets du mariage des enfants, la promotion d’un changement durable à long terme des mentalités et des normes sociales édictant  le mariage des enfants.

La campagne met aussi l’accent sur le soutien des actions de politiques nationales pour  la protection et la promotion des droits de l’Homme, la mobilisation continentale pour la  sensibilisation et l’engagement de mettre fin aux mariages des enfants et  la nécessité d’appliquer la loi en réprimant les auteurs du mariage des enfants.

Des actions  collégiales pour une lutte efficiente

Bien qu’ayant une forte prévalence en matière de mariage des enfants, la  Région du Sahel démontre une volonté vivace de protéger ses enfants contre les abus, violences et exploitations.

Ainsi, que ce soient les défenseurs des droits humains, les travailleurs sociaux, les chefs traditionnels ou religieux,  ou encore les membres des réseaux provinciaux de protection de l’enfant, la Région du Sahel regorge surtout de potentiels et de bonnes volontés pour permettre à ses enfants de mieux grandir et de se développer en dehors du mariage.

En perspectives dans ce combat contre ce phénomène de mariage des enfants, une stratégie nationale de promotion de l’élimination des mariages précoces au Burkina Faso 2015-2024 et un plan d’actions national triennal 2015-2017 sont en élaboration.

Cette stratégie nationale servira de référentiel pour orienter et canaliser toutes les interventions au niveau du Burkina Faso. Le plan d’action national quant à lui permettra une meilleure coordination, responsabilisation et capitalisation des actions menées sur le terrain par les différents acteurs. Il permettra également une meilleure gestion des ressources des partenaires financiers en évitant les doublons.

Au regard de la spécificité de la problématique, de son ampleur, des cibles et des implications socioculturelles, il est nécessaire de mener des actions organisées et concertées pour aboutir à des résultats probants. Le Gouvernement burkinabè est conscient qu’il ne saurait à lui seul réussir cette lutte.

C’est pourquoi, afin de capitaliser les différentes actions et de fédérer les efforts, il est  indispensable de mettre en place une plateforme multisectorielle (un cadre de concertation) de coordination de l’effort national d’abandon de la pratique du mariage précoce afin d’optimiser les résultats.

La mise en place de cette structure  permettra   de créer une synergie d’actions entre les différents intervenants en matière de lutte contre le mariage précoce et de mieux capitaliser les interventions en matière de lutte contre le mariage précoce.

En somme, la famille est l’unité de base de la société. Elle a pour rôle de protéger les enfants. Il est alors nécessaire de renforcer les structures familiales et de les protéger par des stratégies multisectorielles afin d’assurer leur bien-être pour le développement politique, culturel et socio-économique.

Ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Rédaction B24

L'actualité du Burkina 24h/24.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×