William Ouattara, Président de l’amicale AMEB-ENSEA :  »Les statistiques offrent d’énormes opportunités de carrière »

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OUATTARA William fait partie des élèves-Ingénieurs Statisticiens-Économistes burkinabè réunis au sein de l’Amicale des Etudiants burkinabè de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (AMEB-ENSEA). Il en est d’ailleurs le président. Dans cette interview, il parle de l’AMEB-ENSEA, du rôle du statisticien-économiste et aborde aussi la dernière actualité au Faso.

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Burkina24 (B24) : De l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso à l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA), d’Abidjan en Côte d’Ivoire, comme est-ce que les choses se sont passées ?

William I. A. S. OUATTARA (WIASO) : Après ma maîtrise en Mathématiques appliquées de l’université Polytechnique de Bobo Dioulasso, j’ai passé le concours d’Ingénieur des Travaux Statistiques (ITS) organisé par le Centre d’appui aux Ecoles de statistiques Africaines (CAPESA) basé en France.

Cette formation s’est achevée en Septembre 2015. Durant la dernière année du cycle ITS, j’ai réussi au concours d’Ingénieur Statisticien Economiste (ISE) et j’ai été admis directement en deuxième année. Formation que je suis actuellement.

B24 : Pourquoi avoir choisi d’étudiez les statistiques et pas une autre science ?

WIASO : Tout est parti du constat selon lequel le Burkina à l’instar de beaucoup de pays africains est un pays sous développé et il est important que chacun de nous s’investisse pour aider le pays à garantir un lendemain meilleur à tous ces fils et filles. Je me suis donc posé la question de savoir comment à partir de mes connaissances mathématiques, je pouvais contribuer au développement de mon pays.

Ayant des aptitudes à manipuler les chiffres, les données depuis le bas âge,  j’ai donc voulu m’orienter vers une science qui utilise ces différents éléments… Et la statistique, outils de prise de décision, est la science qui selon moi avec les connaissances mathématiques que je possède, était la plus adaptée pour pouvoir atteindre mes objectifs à savoir contribuer au développement de mon pays que ça soit sur le plan social, économique ou culturel.

Aussi, remarquerez-vous que dans chaque pays, pour mettre en place de façon effective les politiques de développement, pour bénéficier de l’assistance ou l’aide des organismes internationaux nécessaires pour promouvoir le développement, pour mettre en marche les projets de développement dans tous les secteurs d’activités, les autorités gouvernementales se basent sur les statistiques.

Et pour que ce développement soit effectif, l’on a besoin de données de qualité pour assurer à l’ensemble de la population, une meilleure distribution des ressources. Le statisticien est celui-là qui est capable de collecter les données, de les analyser et de proposer les solutions adéquates permettant de prendre les meilleures décisions qui s’imposent.

Le plus souvent les gens confondent les calculs et les statistiques, il ne suffit pas de savoir calculer une moyenne pour prétendre être statisticien. C’est un vaste domaine allant de la statistique descriptive à la modélisation économétrique en passant par l’analyse des données multiples.  C’est celui-là même qui fait parler les chiffres. Dans tous les domaines que ce soit dans l’Economie, l’Agriculture, l’éducation, la santé, l’Environnement… on a toujours besoin des statistiques.

Le métier de statisticien ne se limite pas seulement au public, beaucoup de nos ainés ont fait leur preuve dans le privé et dans les institutions internationales. Ils exercent dans les entreprises financières, les banques, les compagnies d’assurance, les sociétés d’investissement, les sociétés d’études, les projets, les compagnies de téléphonie (télécommunications), les cabinets d’audit et de Conseil, la santé publique. Ils sont spécialistes dans les études de marché, le Suivi & Evaluation des projets, le marketing quantitatif, le contrôle qualité, le Business analyste, la gestion des risques et de portefeuilles. Vous conviendrez donc avec moi que ce n’est plus un secret de polichinelle de dire que la statistique est la science qui permettra à notre pays d’atteindre « l’émergence ».

B24 : Quels sont vos projets après vos études à l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) d’Abidjan ?

WIASO : Mon projet à court terme est de travailler pour mon pays. Mettre au profit du pays, mes connaissances acquises durant ces années de formation. Aider les autorités en place à prendre les meilleures décisions pour permettre à notre chère patrie de se développer. Plus tard, j’envisage exercer dans les institutions internationales pour défendre les intérêts africains au plan mondial et contribuer ainsi à son développement.

B24 : Parlons maintenant de l’Amicale des Etudiants burkinabé de l’ENSEA en abrégé AMEB-ENSEA, dont vous faites partie. Quelles sont les activités que vous menez chaque année?

WIASO : Tout d’abord l’Amicale des Etudiants burkinabé de l’ENSEA en abrégé AMEB-ENSEA est une association créée en 2004 par nos devanciers. Elle a pour but principal de faciliter l’intégration des étudiants burkinabé à l’ENSEA et promouvoir la culture burkinabé au-delà de nos frontières. Pour cette année académique, elle compte 19 Etudiants dont 10 Ingénieurs Statisticiens Economistes (ISE), 7 Ingénieurs des Travaux Statistiques (ITS) et 2 Adjoints Techniques de la statistique (AD). Chaque année, nous organisons un certain nombre d’activités constituées entre autres :

  • Des cours d’appui aux nouveaux et les cours de logiciels statistiques
  • Des rencontres avec les aînés issus du milieu professionnel
  • Des visites d’entreprises
  • La célébration de la journée baptisée « journée de l’Intégrité » par l’AMEB, prévue le 24 Décembre de chaque année
  • La participation aux différentes journées culturelles organisée à l’école en vue de promouvoir la culture et les mets burkinabé parmi la vingtaine de nationalité que compte l’ENSEA.
  • Les Matchs de gala avec les différentes communautés présentes à l’ENSEA
Les membres de l’Amicale des Etudiants Burkinabé de l'Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée, AMEB-ENSEA.
Aperçu des membres de l’Amicale des Etudiants Burkinabé de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée, AMEB-ENSEA.

B24 : En tant qu’étudiant burkinabè en Côte d’Ivoire, bénéficiez-vous de bourses ?

WIASO : Au sein de la communauté, certains étudiants ne bénéficient pas de la bourse. Ce sont surtout ceux qui ont composé le concours ici en Côte d’Ivoire ou hors du pays.

Ceux qui ont réussi au concours au pays et une fois ici, pour accéder au cycle supérieur, ont dû passer un autre concours, ne bénéficient pas aussi de la bourse. Des efforts sont consentis par les boursiers au sein de l’amicale pour aider les non boursiers à travers des cotisations exceptionnelles.

Notre souhait est que les nouvelles autorités se penchent sur la question pour permettre à tous les étudiants d’étudier dans les meilleures conditions.

B24 : Votre amicale a-t-elle des attaches au sein de la représentation diplomatique du Burkina Faso en Côte d’Ivoire ?

WIASO : Auparavant, l’Amicale n’avait pas d’attaches réelles avec la représentation diplomatique ici en Côte d’Ivoire mais depuis l’année dernière, nous avons entrepris des démarches pour beaucoup plus communiquer avec les autorités diplomatiques ici en Côte d’Ivoire. La crise (30 Octobre 2014) que nous avions tous connue avait mis un frein à cet élan mais j’espère ne pas me tromper en affirmant que les nouvelles autorités diplomatiques seront beaucoup plus ouvertes et réceptives à nos différentes doléances.

B24 : Comment est-ce que votre communauté (parlant des membres de votre amicale) a vécu l’actualité particulièrement bouillonnante du Faso depuis le 30 octobre 2014 à l’élection ayant porté au pouvoir le Président Roch Marc Christian KABORE en passant par l’irruption du RSP dans la vie politique avec le putsch manqué du général Diendéré ?

WIASO : Comme tous les Burkinabè de la diaspora, c’était avec beaucoup de crainte et de tristesse que nous avions appris les événements du 30 et 31 Octobre ayant entraînés la mort de plusieurs de nos concitoyens. Nos pensées et prières allaient premièrement envers nos familles respectives restées au pays mais également à l’endroit de tous les Burkinabè qui ont lutté pour que le changement s’opère.

Nous avons par la suite suivi progressivement l’actualité, de la transition aux élections ayant conduit au pouvoir les nouvelles autorités en place. La jeunesse burkinabè a montré son intégrité, son courage, sa dignité, sa détermination à rechercher le changement dans la paix et avec un comportement responsable, et ce, malgré la tentative d’usurpation du pouvoir à un moment donné par le RSP. Nous ne pouvons que saluer cette bravoure du peuple burkinabé dans son ensemble. Et c’est avec beaucoup de fierté que nous représentons cette jeunesse battante, ce « pays des Hommes intègres » en dehors de nos frontières.

B24 : Un quelconque mot à l’endroit de tous vos jeunes concitoyens qui souhaiteraient suivre vos traces dans la statistique…?

WIASO : Le métier de statisticien est un métier passionnant et qui offre d’énormes opportunités de carrière aussi bien dans le public que dans les institutions internationales. Pour atteindre ce but, il faut constamment travailler et ne pas perdre de vue ses objectifs. Pour paraphraser le Directeur Général de l’ENSEA, il faut faire le « RAP » : Rêver grand pour son pays, Avoir de l’Audace et être Passionné par la statistique.  J’encourage vivement tous ceux et toutes celles désirant contribuer au développement de notre pays, à embrasser ce métier noble qu’est le métier de statisticien car comme le dit Hal Varian, un Chef économiste chez Google et ex-professeur d’Economie à Berkeley, je cite : « Le métier le plus prometteur des dix prochaines années est le métier de statisticien. Et je ne plaisante pas ».

B24 : Votre dernier mot …

WIASO : La fonction principale de tout étudiant est non seulement d’étudier mais de le faire dans de meilleures conditions. Nous souhaitons vivement que l’Etat se penche sur le cas des non boursiers pour leur permettre de s’adonner pleinement à leurs études.

Aussi nous avons remarqué qu’après la formation, l’insertion des statisticiens dans la fonction publique n’est pas directe. Quand  nous savons ce qu’apporte le statisticien en termes de développement, il est impensable de les laisser travailler à développer d’autres pays et laisser le leur. Comme on le dit, la charité bien ordonnée commence par soi-même.

Nous appelons les nouvelles autorités à s’appuyer sur les nombreux experts statisticiens que compte notre pays à l’instar de beaucoup d’autres pays africains tels que la Côte d’Ivoire, le Sénégal… où leur valeur ajoutée n’est plus à démontrer pour amorcer un développement effectif. Il est donc indispensable que les nouvelles autorités se penchent sur la question en vue de la mise en place et le fonctionnement effectif des différentes directions des statistiques sectorielles dans tous les ministères.

Aussi, de plus en plus, les entreprises privées (compagnies de téléphonie mobile, les sociétés d’assurances, les banques…) commencent à s’intéresser aux statisticiens et voient en eux l’apport considérable qu’ils font aux différentes boites. Nous les invitons à continuer dans cette lancée.

A la classe politique burkinabè, nous en appelons au sens du patriotisme, de la responsabilité, nous les invitons à un débat d’idées dans la paix, dans la tolérance et à prioriser l’intérêt de la Nation plus que tout. Ce n’est que dans la paix et dans la cohésion sociale que nous pourrions nous développer.

Pour finir, nous remercions BURKINA24, avec qui nous avons les nouvelles du pays au quotidien, qui a accepté nous accorder cette interview pour présenter notre amicale (AMEB-ENSEA) et permettre à l’ensemble des Burkinabè de mieux connaitre le métier de statisticien. DIEU Bénisse le BURKINA FASO !

Interview réalisée par Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU

Correspondant de Burkina24 en Côte d’Ivoire

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