Séni Ganemtoré : « Ouvrir l’écosystème du MIT aux Burkinabè »

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Ingénieur électronicien de formation, pendant près de 20 ans, Séni Ganemtoré a mis à profit ses compétences dans plusieurs sociétés de téléphonies à travers l’Afrique (MTN, Airtel, Telecel). En 2014,  afin de renforcer ses connaissances en matière de Gestion et de leadership, Séni Ganemtoré s’est inscrit dans une Université américaine, Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour sortir en 2016 avec un diplôme Exécutive MBA. Burkina 24 a rencontré en fin novembre 2016, le premier Burkinabè à sortir diplômé de cette école. Il partage son expérience et nourrit des ambitions pour son pays.

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Burkina 24 (B24) : Parlez-nous du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et quel a été votre domaine d’étude ?

Séni Ganemtoré (SG) : Cette école est située à Boston aux Etats-Unis. C’est la meilleure école d’ingénieurs du monde parce qu’elle a été pendant 28 ans et cette année encore, la meilleure école du monde d’ingénieurs. C’est une école qui a produit 87 Prix Nobel. J’ai étudié le management et je suis sorti en juin 2016.

B24 : En tant que diplômé de cette école, qu’est-ce que vous pouvez apporter au Burkina Faso concrètement ?

SG : Beaucoup ! Parce qu’après 20 ans de carrière, on a emmagasiné beaucoup d’expérience. En étudiant dans cette école, on ouvre son horizon, on crée un réseau super puissant qu’on mettra à la disposition du pays. C’est dans ce cadre qu’après les études, j’ai pris la décision de ne plus être employé mais employeur. Pour cela, je vais utiliser le réseau extrêmement dense et puissant de la communauté MIT.

Le deuxième axe de mon apport au Burkina, c’est d’ouvrir l’écosystème du MIT aux Burkinabè. Pour vous donner une idée, les étudiants du MIT ont créé les plus grandes entreprises qui existent aux Etats-Unis. L’exemple de Intel, Bose pour les hauts parleurs, Hirobo, Akamai, c’est infini.

Les entreprises créées par les étudiants du MIT produisent environs 3 trillions de dollars chaque année. C’est énorme et cet écosystème, je veux le mettre à la disposition du Burkina Faso.

B24 : MIT est-elle une école accessible aux Africains et en particulier aux Burkinabè ?

SG : Au niveau des Burkinabè dans cette école, j’ai été surpris de constater que j’étais le premier à sortir diplômé. Il y a un Burkinabè qui travaille dans un laboratoire, mais j’étais le premier à sortir diplômé de cette école.

Cette école est accessible. C’est vrai que les critères de sélection sont un peu plus difficiles, les coûts sont élevés également mais elle est accessible. La preuve, j’y suis allé et j’en suis sorti. Lorsque j’y étais, nous étions 8 Noirs dans notre promotion sur 120 personnes avec 58 nationalités. J’étais le seul qui venait du continent africain, les autres noirs sont des noirs américains.

B24 : Comment était perçu le Burkina Faso dans votre école ?

SG : Lorsque que je suis arrivé au MIT, beaucoup de mes promotionnaires ne savaient même pas où se situait le Burkina. Cela m’a choqué ! Un jour, j’ai décidé de faire une présentation pour qu’ils connaissent le Burkina Faso. J’ai commencé par présenter le continent (africain) pour qu’ils sachent que le continent africain c’est 30 millions de km2, c’est 54 pays, c’est 1, 1 milliard de personnes. Ces informations choquaient déjà beaucoup d’Américains. Mais cela a changé leur perspectives sur le continent.

C’est pour cela que dans l’entreprise que je vais créer, il y a des Américains avec moi. Aussi, lors de cette présentation, j’ai insisté sur ce qu’on trouve au Burkina. A cause de ces présentations, des Américains ont commencé à investiguer et à investir dans le domaine du beurre de karité. Je suis venu avec l’un d’eux qui est en train de sillonner le pays. Je reviendrais avec d’autres, autant qu’il faudra.


Vidéo : Seni Ganemtoré parle des opportunités offertes aux Burkinabè aux Etats-Unis

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B24 : Plus de 20 ans à arpenter les entreprises en Afrique, pourquoi le choix de revenir investir au Burkina ?

SG : Disons que je n’ai jamais été très loin du pays. J’y suis venu régulièrement depuis que je suis à l’extérieur pour voir mes parents, pour rester en contact avec le pays…

B24 : Mais le retour, c’est pour travailler, pourquoi ce choix ?

SG : C’est le bon moment ! Quand on travail, on apprend, on emmagasine de l’expérience et il y a un moment où on se dit, ça y est, on peut apporter plus. C’est le moment que j’ai choisi parce qu’il est très propice. Après 20 ans de contribution à 5 autres pays d’Afrique, il était temps d’apporter cette expérience au Burkina Faso.

Mais je précise que l’entreprise que je vais créer ne va pas seulement opérer au Burkina. C’est une entreprise qui va opérer à l’échelle du continent africain et bien entendu, charité ordonnée commence par soi-même, le Burkina ouvrira le bal, mais nous ne comptons pas nous arrêter au Burkina. Il faut que nous Burkinabè, nous commencions à avoir plus d’ambitions pour aller à la conquête du contient africain et pourquoi pas du monde.

B24 : Pouvez-vous nous établir la carte d’identité de votre entreprise ?

SG : C’est une entreprise qui va recruter au moins 200 personnes. Pour l’instant, je ne souhaite pas trop m’étendre sur l’entreprise, mais elle va opérer dans le domaine des systèmes de paiement.

B24 : Vous étiez aux Etats-Unis lors de la dernière présidentielle qui a vu le sacre de Donald Trump. Sont-ce les allégations de rapatriement des étrangers qui vous ont fait revenir au pays ?

SG : Non pas du tout. Ce projet a commencé bien avant l’élection de M. Trump. Aux Etats-Unis, on peut parler et même le président Trump ne pourra pas gérer seul et prendre seul les décisions de rapatrier les Africains. C’est un pouvoir bien équilibré, il y a des institutions fortes et je doute fort que ce qu’il a pu prononcer lors des campagnes puisse se réaliser.

En ce qui me concerne, je reste avec un pied bien ancré aux Etats-Unis pour profiter du réseau dont je vous ai parlé et mon retour n’est nullement lié à l’élection de M. Trump.

B24 : Est-ce qu’il existe des opportunités pour les Burkinabè aux Etats-Unis ?

SG : Il y en a et il faut commencer par étudier, par explorer les différentes possibilités qui existent. Il faut avoir de l’ambition, et je suis pour que quand on va aux Etats-Unis ou dans un autre pays, qu’on cherche à se positionner dans les cimes. Qu’on se place à des niveaux où on peut s’exprimer et être fier de soi et surtout, rendre fier le pays.

Les Etats-Unis, c’est le pays où on peut tout faire, tout avoir. C’est un pays où quand vous avez créé quelque chose, vous tirez bénéfice sans les pesanteurs qu’on peut trouver sur notre continent. Il est plus facile, à mon avis pour quelqu’un qui a de l’ambition, qui se donne les moyens d’y arriver, de réussir aux Etats-Unis qu’à côté ici, parce qu’il n’y a pas de limites, il n’y a pas de frontières. La limite, c’est nous-mêmes.

Interview réalisée par Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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