Non à la violence des gendarmes contre les journalistes !

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Dans cette déclaration conjointe, l’Association des journalistes du Burkina (AJB) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) réagissent à l’agression du journaliste Guézouma Sanogo le 12 mai 2017 à Kaya.

Guézouma Sanogo, journaliste à la Radiodiffusion du Burkina et président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), a été violemment agressé par un gendarme à l’ouverture de la Journée nationale du paysan (JNP), le 12 mai 2017 à Kaya. Alors que le journaliste cherchait à regagner sa place sous une tente dressée pour la presse, un gendarme l’a bousculé à plusieurs reprises avant de le projeter violemment au sol, visage contre terre. Le journaliste a été blessé au visage et son état a nécessité l’intervention immédiate du service médical présent sur les lieux.

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L’AJB et le SYNATIC (Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture) sont indignés face à cette violence gratuite exercée sur un journaliste dans l’exercice de ses fonctions et n’ayant eu aucune attitude dangereuse pour la sécurité.

Nous nous demandons si l’agression de Kaya n’est pas un acte ciblé contre le président de l’AJB, acte par lequel certains gendarmes espèrent intimider l’ensemble des journalistes et particulièrement leurs organisations de défense.

Nous constatons que lors des trois dernières années, les violences exercées par les Forces de défense et de sécurité contre les journalistes, à l’image de ce qui s’est passé à Kaya, ne concernent que des gendarmes.

Il faut rappeler que le service de communication de la Gendarmerie avait déclaré aux journalistes le 16 avril 2015 que «On ne peut pas faire la sécurité sans faire du zèle».

En juin 2016, un journaliste de la télévision privée BF1, couvrant une manifestation des agents de la direction régionale du Centre de la Loterie nationale du Burkina (LONAB), a été physiquement agressé et sa caméra confisquée par des gendarmes.

En 2015, des gendarmes ont brutalisé et humilié un journaliste du journal Le Reporter pour avoir juste pris des photos du pont Nazinon.

Dans la même année, des gendarmes ont brutalisé et humilié un journaliste indépendant qui s’était servi d’un gel antibactérien qu’un boutiquier a pris pour un produit endormant utilisé par des voleurs. Ils ont même perquisitionné son domicile.

Comme on le constate, ce n’est pas parce que les journalistes refuseraient de respecter les consignes de sécurité qu’ils sont brutalisés. La violence des éléments de la Gendarmérie contre les journalistes ne doit pas être banalisée ou considérée comme de simples incidents entre deux entités travaillant dans les mêmes espaces.

Pourtant, de nombreuses actions ont été entreprises pour une compréhension mutuelle et une relation apaisée entre forces de défense et de sécurité et journalistes.

Ainsi, lors de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai 2017, le Centre national de presse Norbert Zongo a organisé un atelier qui a réuni journalistes et forces de défense et de sécurité sur leurs rapports de travail dans le contexte actuel d’insécurité. Déjà en juillet 2016, l’AJB avait initié une telle rencontre à Koudougou avec des représentants de la Police, de l’Armée et de la Gendarmerie.

En dépit de ces actions, l’agression du journaliste Guézouma Sanogo à Kaya ajoutée à d’autres actes de violence similaires montrent visiblement que la gendarmerie a du mépris vis-à-vis des médias.

C’est pourquoi et en attendant la suite à donner à cette agression, l’AJB et le SYNATIC :

  • condamnent fermement cet acte violent, barbare et injustifiable d’un gendarme contre un journaliste invité à une cérémonie ;
  • dénoncent le recours systématique des forces de l’ordre à la violence contre des citoyens ;
  • disent non aux agissements incompréhensibles de la gendarmerie contre les journalistes.

Ils apportent leur total soutien au camarade Guézouma Sanogo et à sa famille et lui souhaitent prompt rétablissement.

Nos organisations :

  • saluent l’élan de solidarité des femmes et hommes de médias suite à cette agression ;
  • appellent les confrères à ne céder ni aux intimidations ni aux violences et à continuer à exercer leur métier avec professionnalisme et dignité ;
  • se réservent le droit d’appeler au boycott des activités où les journalistes sont violentés ;
  • félicitent et encouragent tous les citoyens qui se sont mobilisés pour défendre la liberté de presse et les droits humains ;
  • saluent la réaction du Président du Faso et attendent des actions concrètes pour assurer la sécurité des reporters lors des évènements.

Ouagadougou, le 15 mai 2017

Pour l’AJB,                                                        Pour le SYNATIC,

Le Secrétaire général                                        Le Secrétaire général

 

 

Boukari OUOBA                                                          Siriki DRAME

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