Tabaski endeuillé à Djibasso

Vendredi 1^er septembre 2017, c’est jour de Tabaski mais les esprits n’étaient pas à la fête à Djibasso dans la province de la Kossi. Aucun acte de réjouissance après la prière. Toute la ville est en deuil après l’attaque de la nuit précédente qui a coûté la vie à un assistant de douane. C’est le poste de gendarmerie et un bar qui ont été visés par des individus armés.

Sur les lieux de l’attaque, l’émotion était encore à son comble ce vendredi matin à 7h.  Des éléments des forces de défense et de sécurité étaient présents en grand nombre. Des rescapés revenaient sur leurs pas pour chercher leurs chaussures, engins ou téléphones portables abandonnés dans leur fuite.  Les motos incendiées devant la gendarmerie, les impacts énormes des balles et la quantité des munitions (on en a dénombrés265 ) démontrent à quel point les assaillants étaient déterminés.

Selon des témoins, c’est aux alentours de 21h 30, jeudi jour de marché de Djibasso, moment de grand rassemblement, que l’attaque a eu lieu.  Six hommes en noir, cagoulés et lourdement armés, après avoir ouvert le feu sur le poste de gendarmerie sans faire de victimes, s’en sont pris aux clients du centre populaire de loisirs (CPL) qui se tient juste à côté. L’assistant de douane Barthélémy Yé qui y était a été fauché mortellement par une balle.

Les coups de feu auraient duré plusieurs minutes. Au départ, tous croyaient à des pétards comme il était de coutume à quelques heures d’une fête avant de se rendre compte qu’il s’agissait des forces du mal. « Quand j’ai entendu pour la première fois les détonations, je me suis dit que c’était des enfants qui s’amusaient avec des pétards et qu’il fallait les en dissuader. Mais au fur et à mesure que les tirs s’intensifiaient, j’ai réalisé que c’était plus grave que je ne le pensais.  Quand j’ai vu des gens qui couraient dans tous les sens je me suis donc vite enfermé avec un jeune passant qui m’a rejoint », a relaté un témoin,  qui s’est vu obligé de passer la nuit dans son atelier.

Un autre témoin raconte cette nuit d’horreur :  « Hier nuit, je me suis retrouvé avec des amis pour prendre un pot et pendant qu’on s’apprêtait à quitter, on a entendu des tirs. Les détonations étaient tellement fortes qu’on ne savait pas d’où cela provenait. C’était donc la débandade. On était cinq autour de la table et je me suis retrouvé avec un seul avec qui j’ai cheminé pour trouver refuge dans une famille où on a passé la nuit avant de regagner nos domiciles de matin. Dans la fuite, j’ai perdu mon téléphone ».

Un suspect arrêté

Quant à Lazar Kiemtoré, le gérant du CPL, il n’avait que ses yeux pour pleurer la disparition brusque et tragique de son ami douanier et pour constater les dégâts causés par les tirs dans son débit de boissons. Télévision, et réfrigérateurs et autres ont été saccagés par les terroristes avant de prendre la fuite, emportant des motos dont celui d’un jeune policier.

Le gouverneur par intérim de la Boucle du Mouhoun Maxime Bouda, le Haut-commissaire  de la Kossi Alfred Ouaré, accompagnés des autorités sécuritaires de la région  se sont rendus à Djibasso vendredi pour constater les dégâts et traduire sa compassion à la famille de la victime et particulièrement son épouse, la journaliste Hortense Eveline Yelemou.

Certains responsables sécuritaires ont déploré le manque de collaboration de la population. Une population gagnée par la peur et qui redoute d’autres attaques après cette première.  En effet, la commune de Djibasso située à quelques encablures de la frontière avec le Mali est parsemée de falaises, pouvant constituer des refuges pour les terroristes.

 Pendant que nous étions encore sur les lieux aux environs de 13h, un suspect a été appréhendé. Procédant à sa fouille la police, a découvert chez lui, de la drogue et des menottes. Il a été conduit à Nouna pour la suite de l’enquête.

Merveille Kapidgou

Pour Burkina24