Ici Au Faso : « Je vais écrire mon histoire avant de partir » (Sana Bob)

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Sa voix est artistique, ses gestes sont culturels. Il se questionne et questionne le monde sur l’origine du mal-être traduit par la remise en cause du vivre ensemble au Burkina Faso. Loin d’être des interrogations sans réponse, l’artiste musicien reggaeman burkinabè Sana Bob, dont il est question, justifie ses questionnements dans cet entretien accordé à Burkina24, dans le cadre de la promotion de son nouveau Single « Sokré ».

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Burkina 24 : Parlez-nous du single Sokré !

Sana Bob : Chaque trois ans, je donne rendez-vous à mes fans, à mon pays et à ma carrière. J’ai donc choisi un titre pour dire bonjour à tout le peuple burkinabè et aussi au peuple africain. Le single Sokré annonce un album de 14 titres.

Burkina 24 : Pourquoi Sokré comme titre ?

Sana Bob : Sokré en langue mooré, je me pose la question, de savoir ce qui ne va pas. Entre le Burkina Faso d’hier et le Burkina Faso d’aujourd’hui, est-ce qu’il n’y a pas un problème. Maintenant, je veux comprendre en posant la question à tout le monde.

Burkina 24 : Pourquoi ce questionnement à travers le single ?

Sana Bob : Nous sommes en Afrique. Aujourd’hui, on sait qu’il y a des mécontentements partout. En tant qu’un artiste engagé, et en tant qu’un Africain, je me suis dit que ces genres de choses ne doivent pas nous arriver sans qu’on ne puisse trouver la solution. Des guerres partout jusqu’à on arrive à se ôter la vie pour rien et pourtant nous sommes en plein développement aujourd’hui.


Quand tu prends un pays comme le Burkina Faso, il y a trois groupes. Il y a d’abord notre religion traditionnelle qu’on appelle animisme qui est d’abord la première religion de chacun. Deuxièmement il y a l’Islam. Troisièmement il y a le christianisme. Il n’y a plus quelqu’un qui est neutre.

Alors que tout ce qui nous arrive aujourd’hui c’est les mêmes personnes avec le mécontentement qui se sont révoltées jusqu’à ôter la vie de leurs frères. Je me pose la question, est-ce qu’avec notre tradition, on ne peut pas arriver à se parler, à se comprendre, à se convaincre.

Moi je suis Musulman mais je fréquente tous les autres temples de religion aujourd’hui. Quand vous voyez souvent nos pasteurs, quand ils prient, les gens guérissent. Mais les jeunes maliens, burkinabè et africains qui sont en train de s’entretuer, pourquoi on ne peut pas faire une prière spéciale, pour qu’avec Dieu on puisse refroidir leur cœur afin qu’ils puissent déposer les armes.

On voit nos grands imams et des cheiks qui sont là qui font beaucoup de miracles aujourd’hui, pourquoi ces prières et toutes ces croyances-là aujourd’hui ne peuvent pas empêcher nos problèmes en Afrique ?

Pour moi, en tant qu’artiste engagé, si on perd une seule personne c’est une grande perte. Donc nous avons la responsabilité aujourd’hui de pouvoir finir ce problème. Ça fait 6 à 7 ans que le Burkina Faso est en guerre entre ses fils.

Et nous sommes entourés par 6 pays en Afrique de l’Ouest. Pourquoi les pays voisins ne viennent pas demander ce qui ne va pas ? Je ne demande pas pour qu’on vienne nous aider avec des fusils. On peut s’aider en communiquant, en se parlant.

Burkina 24 : Selon Sana Bob, quelle est la cause réelle de ce phénomène ?

Sana Bob : Le manque de communication et de confiance aujourd’hui. Si un être humain se fâche et prend le fusil contre quelqu’un, si l’autre aussi a un fusil, il faut quelqu’un qui est neutre pour pouvoir communiquer avec eux.

Burkina 24 : Quel peut être le rôle de la culture dans la quête de la paix ?

Sana Bob : La culture peut bien faire aujourd’hui. La parenté à plaisanterie au Burkina Faso est notre manière de régler nos problèmes traditionnellement, spirituellement. Depuis que j’ai commencé à parler de la paix, il y a des bons résultats pour moi. Aujourd’hui il y a combien de personnes qui disent, Sana Bob tu as raison. Il faut qu’on se parle. Tout le monde est unanime qu’on doit se parler.

Si tu chantes il faut emmener des mots qui peuvent apaiser le cœur de chacun. Parce que la musique soigne la douleur du cœur. Même le bébé écoute la musique. Quelqu’un qui n’est pas content écoute la musique. En tant que des Hommes de la culture, on a notre rôle à jouer pour apaiser les choses.

En Afrique du sud, les Blancs et les Noirs ont fait la guerre longtemps. Mais grâce à notre maman Miriam Makeba, quand vous arrivez en Afrique du Sud, Namibie, tous les pays qui ont connu une situation de guerre, tout le monde est devenu chanteur.

Si une femme n’est pas contente, si elle a des problèmes avec son mari ou avec un membre de sa famille, elle devient automatiquement une chanteuse. On ne peut pas prier sans chanter, quand le muézin appelle à la mosquée, c’est une chanson.

L’imam qui n’a pas une belle voix ne peut pas lire le Coran aujourd’hui, et convaincre les gens, n’en parlons pas mes frères pasteurs. Donc la musique a un très grand rôle à jouer aujourd’hui et nous sommes prêts pour aider pour que la paix revienne en Afrique.

Burkina 24 : Comment se porte la musique reggae au Burkina Faso ? La réponse de Sana Bob dans la vidéo.👇🏿👇🏿👇🏿

Burkina 24 : Votre mot de fin.

Sana Bob : Je lance un appel à tous mes fans à bien écouter Sokré.

L’album arrive bientôt. Sokré me tient à cœur. Nos problèmes se passent au nord, au sahel je dis à tous les chefs religieux, pourquoi ne pas se réunir un jour, que ce soit les pasteurs les imams, des chefs de canton, pour qu’on puisse effectuer un voyage à Kaya ou soit à Kongoussi pour aller prier.

Allez dire que nous sommes venus mais pas avec les armes ni rien, mais pour demander pardon à nos fils qui dorment dans la brousse aujourd’hui et qui sont énervés. Je me suis engagé au fond de mon cœur, pratiquement je vis en deux temps.

Soit les gens comprennent Sana Bob vivant, soit un jour je ne serai pas là, mais ils diront, oui il y avait quelqu’un qui était là. Moi, je vais écrire mon histoire avant de partir mais en attendant, l’album est déjà prêt et je demande à tout le monde de me soutenir.

Propos recueillis par Akim Lawabien KY

Burkina 24

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