Une nuit avec la Brigade Anticriminalité, trois jours avant le coup d’Etat

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La ville de Ouagadougou est en proie à une insécurité grandissante depuis plusieurs années. Les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), en plus de lutter contre le terrorisme, ont cette charge de permettre aux populations de vaquer à leurs occupations en toute sécurité. Dans ce cadre, la Brigade Anticriminalité (BAC) est l’une des unités de la Police nationale qui fait des patrouilles dans les lieux criminogènes de la ville. Le vendredi 21 janvier 2022, nous avons suivi une équipe de la BAC au cours d’une patrouille de nuit. Plus d’expérience que de peur ! Lisez. 

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Vendredi 21 janvier 2021. Nous sommes à Kamboinsé, dès 17h 30 pour suivre une patrouille de la BAC prévue à 18h. Nous sommes accueillis à l’extérieur de la Brigade et l’ordre est de garer notre engin à l’extérieur de la cour. Après des fouilles, nous avons l’autorisation de patienter sous un arbre pendant qu’un briefing est fait sur la gestion de la marche du 22 janvier 2022.

Après plus d’une heure de briefing, le commandant de la patrouille nous rejoint et nous donne les informations nécessaires pour l’opération. Pendant ce temps, une voix se fait entendre en ces termes, « bonne chance pour demain », avant de quitter les lieux et d’autres essaient leurs motos de patrouille avec des tours dans le service.

A 19h, la patrouille composée de 5 motos en binômes et deux véhicules avec à sa tête le lieutenant de police Cheik Omar Ouédraogo quitte les lieux pour commencer le travail. La règle : « rouler sans laisser les autres ».

La mission de patrouille est composée de 5 motos et 2 véhicules.

« La mission débute déjà à la base à travers des briefings qui montrent aux éléments les zones à visiter et aussi on revient pour rappeler les comportements à éviter sur le terrain, (du genre) ne pas céder à la provocation, etc. », rassure-t-il.

A quelques pas du service, les éléments sont accueillis par un accident entre un véhicule et une moto. Un blessé est enregistré. Prête à porter secours, l’équipe a été devancée par une autre. Le commandant de la mission se rassure qu’ils ont touché les sapeurs-pompiers avant de continuer.

« En cours de route, si la mission ne permet pas de gérer l’incident avant de continuer, on appelle à la base pour gérer avant de continuer. Ça dépend de la nature de la mission. Si c’est une patrouille normale, on peut s’arrêter pour gérer », affirme le lieutenant de Police cheik Omar Ouédraogo.

Le premier contrôle a lieu dans le coin sombre qui longe le mur de l’antenne de la RTB dans le coté nord-ouest de Ouagadougou, précisément dans l’arrondissement 9. A ce niveau les éléments de la BAC contrôlent à travers les CNIB et dans les selles de motos. 

Plusieurs engins et leurs propriétaires sont contrôlés dans le terrain vide longeant le mur de l’antenne de la RTB.

Les personnes contrôlées sont coopératives et pendant que le contrôle se fait, les autres hommes avec les binômes à motos avancent pour contrôler un conducteur de véhicule pour voir si ses documents sont à jour.

Le chef de mission annonce qu’à ce niveau, il arrive qu’on trouve des motos volées. Il nous raconte que lors d’une patrouille, arrivés en ces lieux, ils ont trouvé une moto scooter enchaînée et sans propriétaire. Après vérification, ils se sont rendus compte que les individus ont vu les phares de véhicule et sont partis. « Il arrive que les individus abandonnent leurs motos et prendre la poudre d’escampette », explique-t-il.

A l’arrière de ce mur, toujours dans le noir, un véhicule de militaire est contrôlé et les documents sont à jour, mais le commandant rassure que si le contrôlé n’avait pas de document à jour, il serait verbalisé comme les autres.  

« Un individu en tenue civile avec une kalachnikov dans la ville, c’est quand même suspect »

« Si l’individu en question est en tenue civile et porte l’arme, si c’est un PA, nous allons d’abord lui demander les documents de l’arme, s’il a les documents, on le laisse partir mais s’il n’a pas les documents, on retire l’arme, on interpelle l’individu même en question.

Maintenant si c’est une kalachnikov, un individu en tenue civile avec une kalachnikov dans la ville c’est quand même suspect. On va procéder déjà à la vérification, l’interpeler et chercher à saisir sa hiérarchie si c’est un élément des FDS. Si sa hiérarchie est au courant de lui, de sa présence sur ladite zone avec la kalach, on le remet à sa hiérarchie. Dans le cas contraire, on l’amène dans un service de sécurité publique », détaille le lieutenant de police qui note qu’avec les cas de braquage, « si tu transportes ton arme et tu n’es pas de service, on cherche à comprendre ».

Après la zone de l’antenne de la RTB, le cap est mis sur le rond-point de la paix. Avant le travail au rond-point de la paix, il faut d’abord quadriller la zone et faire des fouilles. Les éléments de la sécurité voient un véhicule de chargement de peau de bœuf, mais n’étant pas rassurés, ils demandent l’appui de leur supérieur.

Ils procèdent à la vérification des références de CNIB du conducteur et l’immatriculation du véhicule. Au même moment, une autre équipe a récupéré une moto sans papier et sans plaque d’immatriculation et transportée sur l’un des véhicules de patrouilles. Une autre personne est interpellée avec un sac. Après vérification, il est autorisé à continuer son chemin.

Les éléments de la BAC procèdent à la vérification des CNIB des personnes qui chargent le camion de peaux dites de « bœufs »

Dans la liste des lieux criminogènes, la patrouille continue à l’échangeur  du  nord. Des individus en pleine discussion dans le noir sont interpellés et fouillés ainsi que les véhicules un peu suspects.

Le terrain du Miramar dans le secteur  22 est  par la suite le point de chute des éléments de la BAC. Il s’agit d’un espace vide et aéré avec des semblants de petits maquis. Ce terrain est également une zone criminogène avec des  cas d’agressions à main armée. A ce niveau, le contrôle se passe normalement jusqu’à ce que les éléments constatent la possession d’étuis de Kalachnikov avec un individu. 

Ce dernier est automatiquement menotté et interrogé puis sa moto retirée. Pour sa justification, il laisse entendre qu’il a reçu ces étuis d’un mécanicien mais il est embarqué dans le véhicule du chef et envoyé à la  base.

Quatre (4) étuis de balle de Kalachnikov récupéré avec un individus.

« La brigade de recherche de la BAC a déjà été saisie. Demain matin ils vont venir l’interroger pour chercher à savoir où est-ce qu’il a trouvé ces munitions, quel est le but de ces munitions. Après, comme on ne fait pas la police judiciaire (PJ) ici, s’il a des acolytes, si nos investigations nous amènent à prendre ces acolytes, on les enverra tous dans un service de sécurité publique pour la suite des enquêtes », précise le lieutenant de police cheik Omar Ouédraogo.

Dans ce même endroit, à 20h 25, un contrôleur d’usine avec un  PA et des menottes est arrêté  après contrôle. Affirmant qu’il s’agit d’une dotation du service mais sans aucun document justificatif. Son arme est  saisie  et il lui  ai  demandé de passer avec les documents de l’arme à la base.

Le commandant de la mission, le lieutenant de police Cheik Omar Omar Ouédraogo tenant l’arme du contrôleur d’usine vérifie son badge de service.

A la recherche de son gain, une dame est contrôlée. Habillée avec une jupe qui laisse entrevoir ses cuisses claires parsemées de vergetures, cette dame, au visage bien soigné par le maquillage accompagné d’un chewing-gum à la bouche, laisse deviner son métier. Elle a tous ses documents, y compris ceux de sa moto scooter.

Au même endroit, deux motos sans documents sont retirées par les éléments de la patrouille. Par manque de véhicule, les éléments sont obligés de rouler les motos récupérées pour avancer dans leur patrouille. Malgré les demandes de pardon, les éléments ne peuvent enfreindre à leur règle.

Alors, un des propriétaires de moto fait venir les papiers de sa moto par une dame mais sans sa CNIB. Elle se met alors à genoux pour implorer la pitié des éléments de la BAC. Cette action est forte pour l’élément qui a retiré la moto. Il s’éloigne de la scène un moment et revient prendre la CNIB de la dame  pour justifier  et pour finalement lui remettre sa moto.

Une moto de marque Spark 135 sans papiers récupérées. La récupération de cette moto a amené une dame a se mettre à genoux pour implorer le pardon des éléments de la BAC.

A 20h42, l’équipe de la patrouille arrive à l’hippodrome dans le quartier Nonsin. Cet endroit est redouté des riverains qui sont victimes de vols à mains armées. Selon le chef de la patrouille, ils  croisent généralement des individus après commission de leur forfaiture qui  reviennent pour le partage de leur butin.

Ce  terrain complètement vide est plongé dans une sombre nuit. Une seule moto est contrôlée à ce niveau mais elle est en règle. Egalement un véhicule est  contrôlé. L’agent se rassure de l’authenticité du véhicule en vérifiant l’écriture sur le véhicule avant de demander le permis de conduire.

Le chef de la mission invite ses éléments à 21h 19 à reprendre la route pour la base car le samedi 22 janvier est une journée chargée pour eux, en les suggérant de garder la même formation et à changer l’itinéraire à volonté.

Les engins récupérés sont mis à l’arrière des véhicules de patrouilles.

Mais avant de bouger, ils constatent à l’extrême un véhicule contrôlé sans documents. Le chauffeur d’une vingtaine d’années est embarqué et son véhicule conduit par un élément de la BAC puis transféré  au commissariat de Sig-Noghin.

Mais comment faire en cas de manque de personnel avec le permis de conduire  lors de la patrouille ? Il  nous rassure qu’il n’a pas encore fait face à ce genre de situation. Néanmoins la plupart des éléments ont des permis car ils le font à l’Ecole Nationale de la Police (ENP).

 Avant de se rendre au commissariat de Sig-Noghin, ils invitent les éléments chargés de conduire le véhicule à devancer les motos afin de rassurer les éléments de garde. « Comme c’est la garde, s’ils voient des motos avec des individus armés, ils vont vouloir se défendre », dit-il.

L’individu est laissé à la disposition de la garde  du commissariat pour vérification d’identité. A 21h45, l’équipe prend la  route pour la base et ils atteignent la base à 22h04.

Satisfaits d’être revenus sans incident, les éléments de la patrouille font descendre les motos embarquées pour les laisser à l’endroit destiné à accueillir ce type d’engins.

Une patrouille sans incident, c’est le souhait de tout chef de mission et le lieutenant est satisfait. En plus, ils ne sont pas revenus bredouille.

Les éléments de la patrouille font descendre les motos récupérées sans documents.

Au cours de cette patrouille comme toute autre patrouille, les éléments de la BAC rencontrent des difficultés. « Souvent l’incompréhension des hommes ; vous  arrivez, le contrôle d’identité déjà les gens trouvent ça dérangeants. Il y a d’autres qui ne veulent pas obtempérer. 

Il y a aussi souvent quand on nous appelle pour une intervention, on met des feux de détresse, on veut arriver promptement sur les lieux comme souvent les cas de fragrant délits. On veut arriver promptement sur les lieux, mais pour qu’on vous laisse le passage c’est un peu compliqué », relate-t-il.

Le commandant de la patrouille le lieutenant de police Cheik Omar Ouédraogo est revenu avec ses éléments sans incident.

Cependant, il demande aux populations de collaborer davantage pour  les  aider dans la mission et de ne pas hésiter à contacter les numéros verts  en cas de remarque de présence d’un individu suspect.

Notre mission d’immersion de patrouille prend fin à 22h30… Quelle expérience !

Alice Suglimani THIOMBIANO

Burkina 24 

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