Journée mondiale de la liberté de la presse 2022 : Un panel pour penser renaissance des médias
La célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, ce mardi 3 mai 2022, à Ouagadougou, dans les locaux du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ), a donné lieu à un panel sur le thème national en lien avec le thème international « les médias burkinabè face à la révolution numérique : comment mourir pour mieux renaître ?».
Issoufou Saré, Directeur général (DG) de la télévision « Bf1 », a abordé l’implication du numérique en ce qui concerne l’audiovisuel, notamment la télévision.
Il est parti d’un état des lieux de la consommation des médias dans le monde. « Faisant l’état des lieux de la consommation des médias dans le monde, nous avons près de 6h58 min qui représente le temps passé pour chaque terrien sur internet ;
3h20 min pour le temps passé devant la télévision ; 2h de temps passé pour la lecture des journaux papiers et en ligne ; 1h01min, c’est le temps passé par les terriens pour écouter les informations à la radio », a-t-il dressé.
Ces informations, a-t-il poursuivi, « pour qu’on se rende compte que de plus en plus, les citoyens consomment l’information par le canal d’internet ; ce qui va changer le mode de consommation ». Il a aussi indiqué qu’au Burkina Faso, la croissance des internautes est plus accélérée que la croissance normale de la population.
« Au Burkina Faso, sur les 21, 8 millions d’habitants, nous avons à peu près 25,75 millions de téléphones qui circulent dans le pays ; 5,95 millions d’internautes soit 27,3% de la population régulièrement connectée à internet ; 2,8% de croissance annuelle de la population ; 10% de croissance annuelle des internautes ; 98,9% des internautes burkinabè se connectent à l’aide du téléphone portable », a-t-il avancé.
Et de faire savoir que « la télévision est le média le plus touché par l’avènement du numérique d’autant plus qu’au niveau de l’audiovisuel, notamment la télévision de plus en plus sur internet il y a différents comptes qui se créent et ces comptes font en sorte que la vidéo est aujourd’hui en forte concurrence avec les productions de contenus télévisuels ».
En termes de recommandations, « mettre en place un service digital, proposer du contenu adapté au digital, penser à la monétisation des plateformes numériques », a-t-il formulé.
La presse écrite en paye le lourd tribut
Boureima Ouédraogo, Directeur de publication (DP), du bimensuel « le Reporter » a estimé que la presse écrite est la plus touchée par cet avènement du numérique, « parce que le numérique attaque même à l’essence économique de la presse écrite », a-t-il expliqué.
Il a en outre indiqué que « les entreprises de presse écrite sont globalement confrontées à une austérité économique liée à la fois aux évolutions technologiques et à l’environnement économique national et international ».
Dans ledit contexte, « la digitalisation apparait à la fois comme une menace sérieuse, mais aussi une opportunité dont on peine encore à exploiter tout le potentiel », a-t-il dit. Pour lui, les principales menaces de mort de la presse écrite à l’ère du numérique sont « la piraterie, la pénurie des intrants, notamment le support papier, les pages individuelles sur les réseaux sociaux ».
La presse en ligne, pas à l’abri de la menace
Dr Cyriaque Paré, Directeur de publication du journal en ligne « leFaso.net » est revenu sur le nouveau paradigme qui régit aujourd’hui l’écosystème des médias.
« On a toujours dit qu’un nouveau média n’a jamais tué un ancien. Ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que cette vérité est en train d’être remise en cause. On assiste à la mort de vieux médias », a-t-il dit.
Les changements observés dans le secteur des médias, il les a appréhendés à travers trois concepts en lien avec le modèle économique : la désintermédiation, l’infomédiation et la substituabilité.
La désintermédiation, il l’a définie comme « la capacité pour le citoyen lambda à produire et à diffuser des informations » ; toute chose, dit-il, qui entraine « la perte du monopole des médias traditionnels ». « L’infomédiation, c’est la naissance des infomédiaires, des plateformes », a-t-il défini.
« Aujourd’hui, ils sont très peu nombreux qui accèdent directement à nos informations en venant directement sur nos sites. Beaucoup passent par les infomédiaires (les réseaux sociaux, les agrégateurs, etc.).
Cette arrivée de nouveaux acteurs interroge notre survie », a-t-il ajouté, présentant la substituabilité comme « l’information qui est produite et diffusée à profusion ». Cela, laisse-t-il entendre, « joue sur la nature de l’information, sur le commerce de l’information ».
Tambi Serge Pacôme ZONGO
Burkina 24
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