Sahel central : L’UNICEF lance une alerte sur la situation de 10 millions d’enfants

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Ceci est communiqué de presse de l’UNICEF intitulé « 10 millions d’enfants vivant dans le Sahel central sont en danger, tandis que l’insécurité gagne progressivement les pays voisins, alerte l’UNICEF ».

GENÈVE/DAKAR/NEW YORK, le 17 mars 2023 – D’après un rapport SOS Enfants publié aujourd’hui par l’UNICEF, dix millions d’enfants vivant au Burkina Faso, au Mali et au Niger – soit deux fois plus qu’en 2020 – ont besoin de toute urgence d’une aide humanitaire, principalement en raison de l’intensification des conflits. Parallèlement, alors que les hostilités entre les groupes armés et les forces de sécurité nationales s’étendent au-delà des frontières, près de 4 millions d’enfants sont menacés dans les pays voisins.

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« Les conflits armés touchent de plus en plus d’enfants, lesquels sont victimes de l’intensification des affrontements militaires ou pris pour cibles par des groupes armés non étatiques », déclare Marie-Pierre Poirier, Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. « L’année 2022 a été particulièrement violente pour les enfants du Sahel central. L’ensemble des parties au conflit doivent de toute urgence cesser les attaques perpétrées contre ces derniers, mais également contre leurs établissements scolaires, leurs centres de santé et leurs foyers ».

Au Burkina Faso, des données recueillies par les Nations Unies ont confirmé que le nombre d’enfants tués au cours des neuf premiers mois de 2022 avait triplé par rapport à la même période en 2021. La plupart de ces enfants ont succombé à des blessures par balles durant des attaques menées contre leur village, ou ont été victimes d’engins explosifs improvisés ou de restes explosifs de guerre.

Les conflits se caractérisent par une violence accrue. Certains groupes armés qui opèrent sur de vastes territoires au Burkina Faso, au Mali et, de plus en plus, au Niger, recourent à des tactiques consistant à bloquer les villes et les villages et à saboter les réseaux d’approvisionnement en eau. D’après des projections récentes, plus de 20 000 personnes vivant dans la zone frontalière entre ces trois pays atteindront d’ici au mois de juin 2023 un niveau d’insécurité alimentaire qualifié de « catastrophique ».

Les groupes armés opposés au système éducatif géré par l’État brûlent et pillent systématiquement les établissements scolaires, mais aussi menacent, enlèvent ou exécutent les enseignants. Plus de 8 300 écoles ont fermé leurs portes dans les trois pays, soit parce qu’elles ont été directement prises pour cible et que les enseignants ont fui, soit parce que les parents ont été déplacés ou ont peur d’y envoyer leurs enfants. Plus d’une école sur cinq a fermé au Burkina Faso et 30 % des établissements scolaires de la région de Tillabéri au Niger ne fonctionnent plus en raison des conflits.

Les hostilités s’étendent au-delà du Sahel central jusqu’aux régions frontalières situées dans le nord du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, où vivent des communautés isolées manquant d’infrastructures et de ressources, et où l’accès des enfants aux services essentiels et à la protection est très limité.

Au moins 172 incidents violents, dont des attaques commises par des groupes armés, ont été signalés dans cette zone en 2022. Au Bénin, pays le plus durement touché, 16 % de la population est considérée à risque, d’après un réseau régional de surveillance. À la fin de l’année 2022, neuf écoles situées dans les régions septentrionales du Bénin et du Togo avaient fermé leurs portes ou ne fonctionnaient plus en raison de l’insécurité.

Cette crise a lieu dans l’une des régions de la planète les plus touchées par les changements climatiques. Au Sahel, les températures augmentent à un rythme 1,5 fois plus rapide que la moyenne mondiale. Les précipitations, devenues plus irrégulières et intenses, provoquent des inondations qui réduisent le rendement agricole et contaminent des ressources en eau déjà rares. En 2022, une inondation, la pire qui ait été enregistrée depuis plusieurs années, a endommagé ou détruit 38 000 habitations au Niger, un pays classé au 7e rang mondial de l’Indice des risques climatiques pour les enfants établi par l’UNICEF.

La lutte contre la crise qui frappe le Sahel central demeure, de manière chronique et critique, sous-financée : en 2022, l’UNICEF n’a reçu qu’un tiers du montant de 391 millions de dollars des États-Unis demandé dans le cadre de son appel en faveur du Sahel central. En 2023, l’organisation a lancé un appel de fonds à hauteur de 473,8 millions de dollars É.-U. pour financer les interventions humanitaires menées dans le Sahel central et les pays côtiers voisins.

« L’ampleur de la crise qui frappe le Sahel central et s’étend progressivement aux pays littoraux voisins exige un renforcement urgent des interventions humanitaires, ainsi que des investissements souples à long terme en faveur de services sociaux résilients, lesquels sont essentiels pour renforcer la cohésion sociale et le développement durable ainsi que pour bâtir un avenir meilleur pour les enfants », déclare Marie-Pierre Poirier.

Pour faire face à la menace de plus en plus lourde qui pèse sur les enfants du Sahel central, l’UNICEF exhorte :

Les gouvernements du Sahel central et des pays côtiers touchés, ainsi que les partenaires techniques et financiers, à augmenter sensiblement les investissements visant à élargir l’accès aux services sociaux essentiels et à la protection, indispensables pour parvenir à la paix et à la sécurité. Ces investissements accrus doivent être axés sur le renforcement et le soutien des systèmes, des réseaux et des capacités des travailleurs locaux, lesquels constituent les premiers intervenants en cas de crise et sont les mieux placés pour venir en aide aux enfants de manière constante, en particulier dans les communautés difficiles d’accès.

Toutes les parties au conflit à remplir leurs obligations fondamentales envers les enfants sur les plans moral et légal, en vertu du droit international humanitaire et relatif aux droits humains. Cet engagement suppose de mettre fin aux attaques perpétrées contre les enfants et les services dont ils sont tributaires ; de respecter les espaces et l’accès humanitaires ; de mettre en œuvre des protocoles spécifiques pour la prise en charge des enfants touchés par les conflits armés ; et de collaborer systématiquement avec les Nations Unies à l’élaboration de plans d’action concrets en vue de mettre un terme aux graves violations des droits de l’enfant.

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