Fonds de Soutien Patriotique : Dr Alain Dominique Zoubga suggère au gouvernement « d’instaurer une taxe directe sur les gros bénéfices de ces sociétés de brasserie »

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Ceci est une déclaration du Dr Alain Dominique Zoubga,président de l’Autre Burkina, sur la situation nationale.

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à une guerre injuste imposée à la sous-région du Sahel. Pendant des années, les djihadistes ont eu le temps et la possibilité de s’installer dans  nos villages et quartiers pendant que nos dirigeants donnaient une impression désastreuse de minimiser l’extrême gravité de la situation.

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Par ailleurs, l’un des faits les plus caractéristiques, un fait gravissime, est l’enrôlement chaque jour plus massif de nos propres enfants sous la poussée religieuse et surtout sous l’appât des fortes sommes d’argent qui circulent dans nos villes et nos campagnes.

Mais fort heureusement notre peuple refuse de tomber dans le désespoir, résiste et s’oppose à la horde barbare. En 2022, nous avions dit que « cette  guerre  nous devons la gagner et nous allons la gagner même au prix de notre sang ». Nous croyons à notre peuple souverain, nous faisons confiance aux forces combattantes et nous implorons surtout la grâce divine  pour sauver le Burkina.

La mobilisation citoyenne chaque jour plus grande, en faveur de  l’effort de guerre, les prières dans les mosquées, les églises et les temples représentent un grand espoir. Dans le pire des cas, les gardiens de nos traditions sacrées seront dans l’obligation de taper le « Tamtam sacré de guerre » ! Et l’histoire nous enseigne qu’aucun peuple déterminé n’a été vaincu par des bandits armés.

Au moment même où nous rendons publique notre analyse contextuelle, le Président de la transition nous a accordé une belle séance de travail regroupant les 04 grandes composantes de la classe politique. Nous sortons satisfaits de cette rencontre avec plus de confiance. Dans la forme, ce fut une rencontre cordiale très sérieuse. A cette occasion notre porte-parole, le Président Eddie KOMBOIGO a apporté publiquement  le soutien patriotique de la classe politique à la transition mais il a aussi présenté nos préoccupations en tant forces politiques.

Dans son message le président de la Transition a déclaré d’emblée, « je ne vais pas vous mentir car je ne sais pas mentir ». Le décor était ainsi planté.  Et l’exposé sur la situation de cette guerre, fut sans conteste le moment fort de cette rencontre.

1

Sur les champs de batailles, après des années de combats selon certaines informations et suite à l’exposé du Président, il apparait clairement que la guerre a pris de l’ampleur. Presque partout sur le territoire national, les combats font rage, la guerre de survie et de reconquête est en phase de flux, et l’on pourrait dire que la guerre est presque totale. La stratégie générale de nos forces armées semble avoir évolué et elle parait plus offensive. Cependant, cette guerre pourrait être encore longue, difficile et couteuse.

Par conséquent, il ne faut surtout pas baisser la garde. Parmi les grands axes stratégiques, nous retiendrons le rôle et la place des VDP, la participation du peuple à l’effort de guerre, le tout chapeauté par un dispositif juridique suite à l’avis favorable du Conseil Constitutionnel (CC) autorisant la mobilisation générale et la mise en garde.

Le gouvernement dispose donc de ce dispositif juridique qui lui donne le pouvoir de requérir les personnes, les biens et les services. Dans ce contexte, contrairement à l’expérience de la transition des colonels en 2015, il faut absolument se focaliser sur les moyens et méthodes à même de faire avancer notre lutte contre le terrorisme, loin des considérations personnelles voire sectaires.

L’institutionnalisation des VDP représente un axe d’intervention stratégique très important et surtout innovant. Désormais cette guerre semble ne plus être seulement celle des élites de l’armée. La force de défense citoyenne (VDP) est devenue au fil du temps la puissance de frappe complémentaire tant souhaitée. Et le redéploiement de certains dans des zones dont ils ont une connaissance avérée des réalités sera un atout qui rassure. Ainsi ces VDP se battront pour préserver leur village, leur quartier, ce qui symbolise leur mère patrie.

Désormais, c’est une guerre des différentes nationalités de notre peuple pour défendre la terre sacrée de leurs ancêtres. Au moment  même où se joue l’avenir immédiat de notre nation, notre soutien à la Transition et aux forces combattantes, est un  devoir patriotique sincère, en d’autres termes « Ya Tilè ».

L’union sacrée tant revendiquée, mais en vain, depuis Roch et Damiba, est à ce prix ! Mais tout processus d’Union sacrée du peuple, relève avant tout des pouvoirs du Président. Aussi, nous recommandons à la direction politique de la Transition de veiller à ce que tous nos concitoyens se démarquent des discours extrémistes, divisionnistes qui mettent en danger le vivre ensemble et la cohésion sociale, nous éloignant de l’indispensable Union sacrée au sein du peuple.

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L’adoption des mesures d’exception s’est traduite par l’institution d’un mécanisme citoyen de contribution volontaire à l’effort de guerre. Quant à la taxe proprement dite sur les boissons, elle est pertinente et les citoyens l’acceptent avec beaucoup de dignité. L’on peut épiloguer sur une possible contribution propre de ces sociétés en termes de prestation de services, mais cette contribution est celle des citoyens et non pas celle de la SODIBO. Ces taxes frappent prioritairement et directement les classes moyennes aux revenus limités et déjà confrontées à la vie chère.

Aussi nous suggérons au gouvernement d’instaurer une taxe directe sur les gros bénéfices de ces sociétés de brasserie qui accumulent richesses sur richesses, milliards sur milliards sur le dos de nos concitoyens consommateurs ; et pire ces milliards « franchissent » souvent nos frontières pour d’autres pays. Cette formule permet de réparer une injustice et c’est  sans doute un moyen efficace dans l’atteinte de l’objectif fixé pour le Fonds de Soutien Patriotique(FSP). En outre, il faudrait aussi regarder du côté des Sociétés très riches de téléphonie mobile du pays! Le citoyen burkinabè, celui des classes moyennes en particulier et le monde du travail en général, ne peuvent pas  comprendre pourquoi tant de fleurs et de primes données aux patrons des brasseries. 

Une autre mesure exceptionnelle pourrait être prise en rapport avec l’engagement des FDS qui ont toujours constitué le principal rempart de protection de notre peuple. La guerre pourrait encore durer et c’est pourquoi, même si « LE TOUT MILITAIRE » a ses limites, nous pensons que le leitmotiv actuel devrait être « Tout homme de tenue au front », quelle que soit sa position et suivant les dispositions en vigueur.

3

Dans le domaine des droits socio-politiques et humains, le Burkina n’échappe pas aux effets néfastes de la crise sur ces droits. Pour autant il serait dangereux de  remettre en cause certains des droits fondamentaux. Un modus vivendi est  indispensable entre les gouvernants et les gouvernés afin de préserver les fondements basiques de « l’Etat de droit démocratique », la nature républicaine de l’Etat et sa laïcité. Mais ne l’oublions pas, « aucun texte n’est au-dessus de la réalité ».

 i)-

Dans le domaine des droits politiques depuis l’éclatement de la crise sécuritaire, les élections sont régulièrement remises en cause dans divers milieux. Certaines personnes bien avisées disent que « la sécurité précède la démocratie ». Difficile de rejeter un tel point de vue même si à l’absolu, il semble limité. En effet, il est aussi bien reconnu que  sans « démocratie pas de stabilité sociopolitique », donc pas de paix durable.

Aujourd’hui, au sein de l’opinion publique nationale, l’on observe l’émergence de deux (02) courants tous extrémistes, l’un opposé à toute idée d’élections et l’autre exige des élections coûte que coûte. La tenue des élections est inscrite dans l’agenda de la Transition et sur cette question, dans une déclaration conjointe, nous avions déjà dit au médiateur de la CEDEAO : « D’abord sauvons nos soldats, sauvons la patrie, sauvons notre nation !  ( ). Les élections peuvent attendre, tôt au tard elles auront lieu ». Toutefois, il ne s’agira pas de ruser avec le peuple en usant du vacarme de la rue contre l’Etat de droit.

Dans ce sens, nous nous référons à une voix plus autorisée, celle du Président de la transition qui, sur les antennes la VOA, disait il y a quelques mois: «…le calendrier de la CEDEAO est largement suffisant car ils n’ont pas besoin de 02 ans pour atteindre les 60% ». Puis il précise, « ce n’est pas le pouvoir qui intéresse les gens ».  Et à Kaya le chef de l’Etat a déclaré : «Qu’ont-ils fait ? (….). Que la transition finisse aujourd’hui ou demain, retenez ce message. Ceux qui vont relever, amenez les à faire le nécessaire pour la jeunesse. Nous allons tracer ces sillons et tout ce qui peut être fait au cours de cette transition nous le ferons ».   

Cette grande interrogation relative à l’héritage de nos devanciers semble légitime et ce malgré la controverse suscitée. Et ces deux (02) citations renferment en elles  02 grandes valeurs morale et éthique : l’une incarne ici le respect de la parole donnée de l’officier au moment de prendre en charge et d’accomplir sa grande mission de sauvegarde et de restauration du territoire national occupé et qui affirme solennellement sa ferme volonté  de respecter  le  calendrier de la transition car, dit-il, « ce n’est pas le pouvoir qui intéresse les gens», c’est-à-dire « sa » nouvelle équipe qui vient de s’installer au pouvoir : l’autre porte sur l’engagement de l’officier, désormais président de la transition, à  tracer les sillons et  à faire tout ce qui peut être fait au cours de cette transition.

Lire également👉Rencontre du Président de la transition avec la classe politique : La réaction du Dr Alain Zoubga

Quant au ministre en charge de la sécurité, il insiste sur (02) deux aspects clés du combat en cours à savoir, le devoir absolu de gagner la guerre et l’importance cruciale de l’étape de 2024 :« Nous ne pouvons pas nous autoriser une possibilité d’aller en 2024 avec cette situation (…) C’est une étape existentielle et nous sommes obligés de gagner cette étape ». La charte sera respectée, la transition prendra fin tôt ou tard et le tout se traduira par la restitution au Peuple de son pouvoir souverain. Certes, les gens sont devenus par expérience des « St Thomas », mais ne soyons pas plus royaliste que le roi ; nous devons croire, à la parole donnée et à l’engagement pris  devant le peuple souverain.

Sur un plan plus global le « rêve » de certains acteurs de transformer la transition démocratique du peuple en révolution démocratique est légitime à nos yeux, mais nous leur demandons de faire attention aux raccourcis politiques. En tout état de cause, pour l’avènement d’un régime révolutionnaire il ne suffit pas de  reconnaître l’état de crise avec ses conditions objectives, d’en appeler à gorge déployée à la Révolution et à lui donner un contenu ; il faut surtout identifier la démarche stratégique à suivre.

Les révolutionnaires du 04 Août ne rêvaient pas, ils avaient un rêve ! Toutefois, la refondation annoncée peut avoir un contenu révolutionnaire avec des réformes fondatrices pour tracer les sillons et creuser les fondations d’un autre Burkina, celui de demain. Mieux, dans ce contexte général, où l’époque de la révolution par les « Kalatch » semble révolue. Désormais, il faut faire la Révolution par la preuve et  les révolutionnaires ont la possibilité de proposer au peuple un programme progressiste dans le but de conquérir le pouvoir d’Etat.

Au Burkina Faso, le niveau de représentation du courant démocratique de la gauche révolutionnaire au sein du peuple n’est pas négligeable. La jeunesse pourra aller à la conquête du pouvoir d’Etat à travers son arme de lutte, son parti politique dit « de type nouveau ». Mais elle doit s’attendre à des luttes concurrentielles très serrées et ce ne sera pas une simple partie de plaisir.

 ii)-

Depuis la nuit des temps, presque partout sur tous les continents, les forces politiques et les hommes politiques sont considérés comme les principaux voire les seuls  responsables, des maux de la société. Aucune surprise, si chez nous, les différents  régimes de transition ont surfé à souhait  sur ce constat pour se faire une place au soleil en faisant parfois appel à leurs soutiens inconditionnels pour occuper les rues. En réalité, ils veulent éliminer les potentiels adversaires aux élections post-transition en s’adossant au pouvoir politique de transition (la transition de 2015 et les OSC sous Damiba en sont des exemples bien connus. Et même si depuis les années 60, l’armée a été maitresse du jeu politique, la campagne anti partis ne faiblit pas !

Au niveau des détenteurs du pouvoir d’Etat, les premiers responsables sont régulièrement intervenus, chacun pour  expliquer sinon pour justifier la décision de suspension de nos activités. A ce jeu, nous avons pu apprécier la réaction compréhensible et responsable du  MATDS. Puis lors de notre  dernière rencontre, le Président de la transition himself a apporté des réponses objectives  très positives à nos préoccupations relativement à la place et au rôle des partis politiques dans la conduite de la transition, plus spécifiquement le réexamen de la décision de suspension de nos activités et enfin la mise en place d’un mécanisme de concertation avec les forces politiques. Bien entendu il y a aussi ceux-là qui affichent turlututu une certaine défiance, envers la classe politique soupçonnée de travailler contre la « marche radieuse » de la transition. Pourtant les partis politiques n’ont aucun intérêt à saboter le travail de la transition car dans le fond c’est leur transition, et  ils seront parmi  les principaux bénéficiaires à la fin du processus.

iii)

La pratique de l’information et de la communication est très compliquée en cette  période de guerre. L’Etat burkinabè est menacé et de ce fait la problématique principale porte sur comment assurer aux citoyens le minimum indispensable d’un état de droit démocratique, dans un pays en guerre et dont l’existence même est menacée ?

Entre ceux qui défendent la permanence du droit pendant cette crise et ceux qui en sont allergiques il y a de la place pour une polémique saine :

– Au niveau de la gouvernance centrale, le problème récurrent c’est la tendance à multiplier les communications sur des sujets qui ne figurent pas dans les missions de la transition et qui ne sont pas des priorités. Sur un autre plan certains acteurs la classe politique ont été quelque peu surpris par l’extrême méfiance du Premier ministre (PM) envers la fameuse « vieille » classe  politique, et dans le même temps il  adoube son homologue malien, Choguel MAIGA qui est pourtant un vieux routier de la vie politique au Mali, un chef de parti depuis la fin des années 90, un ancien ministre. Toutefois, reconnaissons-le, le Chef de l’Exécutif reste fidèle à lui-même et la VAR des vidéos nous renvoie cette réalité avec des séquences bien connues.

Cette comdu PM pourrait s’avérer contreproductive. Nous l’invitons avec respect à  prendre davantage de la hauteur pour n’être plus seulement le citoyen engagé, mais pour être davantage le  responsable national tant attendu  d’un régime de mission!

 – A travers les réseaux sociaux, de nombreux citoyens exposent divers sujets relevant du domaine de la défense et de la sécurité. Avec les nombreux FAKE News  la guerre de la communication fait rage au Burkina sur les réseaux sociaux. Le Burkina ne mérite pas le climat de violence verbale et psychologique entretenu à travers des messages publics et autres « prêches » organisés régulièrement à « ciel ouvert » contre des citoyens, journalistes et hommes politiques. Pire, l’étiquetage facile en « patriotes » et « apatrides » voire en ennemis du Burkina est dangereux. Il est urgent d’avoir une réflexion profonde sur l’usage de ces réseaux, afin de tracer les limites possible de ce qui peut être accepté actuellement.

-Par rapport aux  médias nationaux en général, l’Exécutif doit tout faire pour éviter le piège de l’engrenage  « interpellations-sanctions », un  risque  pour  la conduite de la transition.

iv)

Notre pays a une longue tradition de lutte dans la conquête et la préservation des droits humains, mais la particularité du moment rend compliqué un regard critique sur ce thème très sensible. Depuis quelques mois des critiques fusent contre les actions des FDS et des VDP. Ainsi la CEDEAO murmure, l’ONU et Amnesty internationale menacent, des médias français font l’apologie des gourous terroristes. Et pourtant,  le terrorisme est quant au fond le summum de la violation des droits humains car les terroristes n’incarnent plus la race humaine.

Malgré toutes les précautions, des dérives peuvent avoir lieu, mais elles sont condamnables. C’est la raison pour laquelle, les FDS doivent avoir à l’esprit que des regards inquisiteurs sont portés sur eux, et dès lors faire preuve d’une extrême vigilance sur le terrain des combats ;  l’autorité  doit  mettre en place un système de communication transparent et adapté, à l’instar de la commune de Dori et du MBDHP, afin de ne pas se laisser entrainer dans un « mouta mouta » communicationnel très suicidaire.

Les intellectuels devraient faire preuve de prudence et de plus d’objectivité dans leur communication sur certaines situations et surtout se mettre au service des communautés dont ils sont issus par un travail de conscientisation contre le terrorisme. Quant aux organisations internationales, elles doivent faire preuve de patience et de discernement afin d’avoir les bonnes informations avant de décider.  Dans ce contexte, quoi de plus légitime que le Burkina mette sévèrement en garde tout organe de presse qui « va se faire l’écho de l’idéologie terroriste » !  Souvenons-nous du cas du Président GBAGBO, déporté à la Haye presque dix (10) années de « captivité » avant  d’être acquitté et libéré. Voilà la vie d’un grand homme qui a été  « empoisonnée » et détruite en grande partie.

4-

La conduite de la transition actuelle pour une gouvernance vertueuse est une tâche très difficile, car le processus actuel de transition se déroule dans un contexte très particulier, dans un pays en guerre ce  qui impose des contraintes fortes. Il faut en tenir compte dans la priorisation des missions de notre transition, surtout que tout est urgent chez nous !

La transition ne peut pas tout faire, mais elle devrait faire tout pour apporter de bonnes réponses à toutes les questions hautement prioritaires. A cet effet, nous retenons dans l’ordre que la principale mission du moment est de faire face à la guerre antiterroriste, de lutter contre la corruption, de restituer au Peuple son pouvoir souverain. Dans ce sens, nous apprécions les dernières décisions de la primature avec l’adoption du « Programme d’urgence de la transition : Allier lutte contre le terrorisme et mise en œuvre des projets prioritaires ».

5-

La corruption est un vrai cancer de notre société et l’argent semble être le fondamental des fondamentaux dans la vie des citoyens. Au plan politique nous avons tous en mémoire les résultats de la grande enquête du REN-LAC, qui font ressortir un lien très étroit entre la puissance des financements de chaque parti et le nombre d’élus obtenus  aux dernières élections.

Lire aussi 👉Tribune – Entre Inquiétude et Espoir, la recrudescence du Covid19 au Burkina : Il faut agir ensemble et maintenant !

L’argent est de ce fait le premier et unique grand électeur au Burkina, car plus tu as des feuilles, plus tu as la chance d’avoir des élus. La lutte contre la corruption est très décisive en vue d’un assainissement réel de notre administration qui depuis des années fonctionne sous les ordres des politiques partisanes et qui constitue ce fait un véritable lit des crimes économiques. Dr Dieudonné Valère SOME avait  affirmé  en 2011: « Les  conséquences de certains crimes économiques sont souvent plus vastes et plus graves que des crimes politiques. La lutte contre la corruption se révèle comme étant un grand pilier de la lutte contre la mal gouvernance ! Alors rendons un hommage mérité à certaines organisations comme le REN-LAC, le MBDHP et l’ASCE-LC. Quant à la justice, elle doit traquer les coupables avérés, dès lors que  des preuves irréfutables existent.

Plus proche  de notre défi majeur, le pouvoir de l’argent est tel qu’il a réussi à convaincre et enrôler nos propres enfants dans les camps terroristes pour tuer leurs propres frères et  sœurs. Le terrorisme  dans sa cruauté actuelle doit nous servir de leçon et renforcer notre volonté de faire de la lutte  anticorruption un levier décisif dans le combat conte les sources de financements du terrorisme.

6

L’histoire politique des nations et des peuples nous enseigne que l’assainissement de la vie politique dans chaque pays se fait naturellement et de façon irréversible. Mais il ne s’agit pas d’appliquer, la théorie infantile de la « génération spontanée ». Nous ne croyons pas que l’âge ou l’ancienneté soit un critère pertinent pour exclure d’autorité une catégorie de personnes de la vie politique nationale. Ainsi, le renouvellement qualitatif de la classe politique dans notre pays, à travers l’assainissement de la vie politique nationale, ne se résume donc pas à un remplacement des vieux par les jeunes.

La tendance officielle chez nous met l’accent sur la diminution du nombre des partis, ce qui selon nous n’aura que peu d’impact sur la qualité du système des partis. Il faut justement  revisiter le système des partis de même que le système électoral, le nombre de partis ne sera qu’une résultante de cette nouvelle politique de rigueur.  Alors il faut réexaminer les conditions de création des partis et leurs conditions d’existence, bannir à jamais l’impunité sur les actes répréhensibles commis par les voleurs au col blanc, s’attaquer au mal de l’argent dans les campagnes politiques, réviser la durée et le nombre de mandats  des députés et des maires avec effet rétroactif, combattre la fraude électorale et la corruption.

7-

 Le regard de la  communauté internationale sur la guerre au Sahel ne rassure pas les peuples de la sous-région. Au plan régional l’UA et la CEDAO sont des partenaires omniprésents voire omnipotents, mais elles ne semblent pas comprendre les attentes  légitimes de ces peuples. Toutefois, notre pays doit considérer l’existence de ces organisations plus comme une contrainte et non un obstacle. Dans cet esprit, il faut être prudent avant de lâcher certaines déclarations du genre « nous pouvons vivre sans la CEDEAO ». 

Attention au piège de l’isolement, soyons simplement fermes sur les questions de souveraineté car la réalité géopolitique est telle que « vivre sans eux » sera une équation difficile à résoudre. Dans cet esprit, la fédération ou le fédéralisme représente une aspiration  légitime de nos peuples. Mais au regard de l’histoire des grands combats de nos illustres devanciers panafricanistes, l’approche actuelle  mise en avant par le PM suscite des interrogations. Aujourd’hui, cette question  qui relève essentiellement du pouvoir du peuple souverain, ne constitue pas  une urgence prioritaire.

Les relations internationales dans leur globalité sont un levier essentiel où peut se  jouer l’issue de notre combat libérateur et c’est aussi à ce niveau que pourrait se déterminer un pan de l’avenir immédiat de notre pays. Au-delà de la colère légitime de notre jeunesse, nous sommes persuadés que des trois(03) acteurs fortement  impliqués dans cette crise, le Sahel représente une proie pour les 02 autres à savoir les forces de la rapacité dont la volonté est de contrôler les richesses de la région d’une part, et d’autre part les groupes armées dont la mission est d’implanter les valeurs de l’islamisme radical.

S’agissant de nos liens historiques avec la France, depuis la Gaule esclavagiste des rois de France, la France chauvine et colonialiste de De Gaule, les Présidences de nos « Amis  africains », les régimes dits de Gauche avec Mitterrand et aujourd’hui le régime hybride de Macron, tous ont défendu et défendent par tous les moyens les intérêts de la France !

Depuis des siècles, nos populations ont tout enduré, l’humiliation, les violences, l’asservissement, l’exploitation éhontée de nos richesses, les complots et assassinats des leaders patriotes. Le fameux sentiment anti-français, c’est en réalité notre refus de la politique de l’Etat français, car nous ne combattons ni les français ni la France. Mais quoi qu’il advienne il ne faut pas se faire trop d’illusions, la France ne lâchera rien, même si tout n’est pas facile pour elle face à la détermination de ses anciens « sujets indigènes» enfin révoltés. Dans notre pays l’on est désormais convaincu que sur le plan militaire notre coopération n’a jamais effectivement existé et c’est ce qui explique en partie les infiltrations constantes des terroristes sous les radars de l’armée française depuis des années.

Le président Français s’accroche à tout, prend une posture très malicieuse mais très dangereuse pour nos Etats car dans le fond toutes ses idées de réformes sont constamment des pièges pour nos Etats. La nébuleuse françafrique reste forte et  l’ingérence de Paris dans le processus de réforme du F CFA en est un exemple cruel. Cependant, il ne s’agira pas uniquement de chasser la France de notre pays pour y installer la Russie ou tout autre pays. Il faut surtout, faire une autre politique autrement, par l’adoption d’une nouvelle politique de coopération, basée sur le socle de la souveraineté nationale, un accord cadre : « Démocratie et Souveraineté » à soumettre à tout partenaire.

9-

La nécessité ou non de dialoguer avec les terroristes a souvent été évoquée mais le cas du Burkina est une équation compliquée avec des paradigmes trop variables. L’opinion a pu constater depuis quelques temps l’apparition d’un langage nouveau, à traves certains médias Français comme RFI, France 24, Libération et le Monde, langage qui change la notion de groupe d’action terroriste (GAT) en groupe d’action rebelle (GAR). Il ne s‘agit pas d’une simple nuance car un rebelle n’est pas forcément un terroriste et notre pays ne fait pas face à une rébellion, mais au terrorisme djihadiste.

Sachant bien qu’une rébellion peut défendre des causes justes au contraire du terrorisme qui lui-même incarne le mal et l’injustice, la manœuvre devient assez simple et consiste à faire  passer les terroristes pour des rebelles. Mme Barbara des Nations Unies en était la principale tête pensante chez nous. Certains acteurs soutiennent que le développement du djihadisme sous des formes « d’insurrections armées locales » peut être mis à profit pour un dialogue avec les cadres de ces insurrections.

Nous avons des doutes car ces cadres locaux sont tenus par le cordon financier des  grosses sommes d’argent qu’ils reçoivent et ils sont sous le commandement politique, religieux et militaire des chefs de groupes terroristes lesquels seront les  véritables patrons des négociations. Et quand on sait que leur aspiration profonde c’est la création du nouvel Etat de l’Arawak il y a de quoi être prudent, en travaillant d’abord à fléchir nettement l’évolution de la guerre. C’est une question d’abord politique touchant à notre souveraineté et elle est secondairement une question diplomatique.

Déjà huit (08) longues années que notre pays est en guerre ! Des années de souffrances, de sueurs et de sang mais c’est aussi huit années de résistance farouche et de combat de notre peuple. Cette guerre a déjà un grand impact sur notre vie et aussi sur la donne politique nationale marquée par une volonté brutale d’un changement accéléré. Nous pourrions ne pas être d’accord avec la direction politique de la transition sur une ou des questions précises, mais nous serons toujours avec elle face aux terroristes.

Que dieu sauve le Burkina Faso et son peuple !

Ouagadougou le  19 Avril 2023

                                                                                                    Dr Alain Dominique ZOUBGA

                                                                                                          Officier de l’Ordre national

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