Tribune | « C’est quand on vous arrache tout que vous avez tout à gagner ! » (Sylvestre PODA)

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Ceci est une tribune de Sylvestre PODA, écrivain, analyste économique et spécialiste en Affaires Internationales, sur l’actualité.

Messieurs les Présidents de l’Alliance des Etats du Sahel,

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Colonel Assimi GOITA du Mali,

Capitaine Ibrahim TRAORE du Burkina Faso,

Général Abdourahamane TCHIANI du Niger (Respectivement par ordre d’arrivée au pouvoir),

C’est quand on vous arrache tout que vous avez tout à gagner !

Derrière cet incipit à priori contradictoire, se cache l’une des plus grandes vérités de la géopolitique mondiale. On ne peut gagner que lorsqu’on n’a plus aucune option de facilité. Et comme vous êtes tous les trois militaires, permettez-moi de vous raconter les exploits d’un grand Général du millénaire dernier.

A chaque bataille que ce Général menait contre une armée ennemie retranchée dans une forteresse, il prenait le soin de créer une brèche pour permettre aux moins courageux de fuir. Les gens se demandaient bien pourquoi ne pas exterminer tous les ennemis sans exception au lieu de leur laisser le choix de s’enfuir.

Un jour, le Général finit par leur livrer le secret : « Lorsque les gens n’ont plus aucune issue, ils adoptent une puissante résistance suicidaire qui décuple leurs forces. Ce qui est à leur avantage. Mais en créant une brèche, la confusion se crée, le doute s’installe, et l’envie de fuir devient pressant. Ainsi la grande majorité prend la voie de la fuite ».

Messieurs les Présidents,

Cette stratégie vient nous rappeler que quand on n’a plus aucune option de facilité, quand on nous retire toute aide ou tout soutien, nous développons la puissante énergie du désespoir, une énergie qui nous incite à poser des actes courageux qui auraient été impensables en d’autres circonstances.

Les sanctions et suspensions d’aide opérées par certaines puissances et organisations régionales sont venues colmater toutes les brèches de facilité pour ne laisser qu’une seule option: le travail acharné, méthodique et visionnaire. C’est le plus grand cadeau qu’elles vous aient fait sans le savoir. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à la quasi-totalité des nations qui ont osé emprunter le chemin de la souveraineté.

En 1962, Cuba, qui a aussi connu 400 ans d’esclavage comme l’Afrique, décide de nationaliser de nombreuses entreprises qui ne servent pas les intérêts cubains. La grande majorité étant américaine, les Etats-Unis décident de leur infliger ce qui est devenu aujourd’hui le plus long embargo commercial de l’histoire contemporaine. En 2023, 61 ans après, Cuba est toujours soumis à une batterie de sanctions américaines. Mais cela ne l’a surtout pas empêché d’avoir l’un des systèmes de santé les plus réussis au monde.

Nos ancêtres Nigériens, Maliens et Burkinabè ont vaillamment combattu la domination malgré des sanctions insupportables. Au Mali, la muraille de Sikasso, initialement longue de huit(8) Kilomètres de tour et six(6) mètres d’épaisseur, est le symbole de la résistance. Le Roi BABEMBA a préféré mourir libre que de céder aux sanctions et pressions illégitimes de puissances étrangères.

Au Niger, il y a près de cent ans (1925), Chibo, une prêtresse animiste de la région de l’Arewa fédère de nombreux partisans afin de se libérer de l’oppression coloniale. Ils sont sévèrement persécutés et farouchement sanctionnés par l’augmentation de l’impôt sur les animaux, question de les asphyxier.

Ce qui n’a aucunement éteint la détermination des partisans de Chibo à assumer leur souveraineté. Au Burkina Faso, Air Afrique, sous tutelle occidentale, ne respecte pas ses engagements de vols avec l’UCOBAM société exportatrice des haricots verts. Derrière cette manœuvre destinée à entraver la révolution burkinabè, Sankara y a vu l’opportunité d’imposer aux Burkinabè la consommation des produits locaux. Ainsi va la vie, c’est quand on vous arrache tout que vous avez tout à gagner. Chaque suspension de coopération aussi dure soit-elle est une opportunité de s’en passer.

Messieurs les Présidents,

Les aides sont d’ailleurs des brèches dans lesquelles s’infiltrent les leaders irresponsables pour donner l’illusion du progrès et de la compétence. En temps normal, l’aide vient résoudre des problèmes conjoncturels (courte durée). Mais en Afrique, elle est même intégrée dans les prévisions budgétaires. Maintenant que vous êtes privés de ces soutiens, vous aurez l’immense opportunité de montrer au monde et à l’histoire ce que vous avez dans les tripes.

Burkinabè, Maliens et Nigériens sont actuellement animés de cette énergie du désespoir. Et cette énergie, qui est témoignée par les bains de foule passionnés, est le socle de votre pouvoir. Si elle se dissipe, vous tomberez tous sans exception. Mais si vous la transformez en une énergie créatrice de stabilité et de valeur ajoutée, nos trois pays viendront à bout du terrorisme et des grands problèmes sociaux qui embastillent notre dignité. Et c’est tout le mal que je vous souhaite.

Bien à vous, Messieurs les Présidents.

Sylvestre PODA, écrivain

Analyste économique et spécialiste en Affaires Internationales

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