Houndé : Malgré l’équilibre fragile, le PDS Dianda veut faire briller l’or !
Sous l’impulsion de la délégation spéciale de Houndé, et le dynamisme du contrôle citoyen de la société civile, la commune de Houndé dans le Tuy au Burkina Faso vit une sorte de renaissance. Grâce aux revenus de l’exploitation minière, écoles, centres de santé et réseaux d’assainissement sortent de terre. Mais l’or, cette aubaine, a aussi un revers : la pression foncière menace l’agriculture, pilier de l’économie locale. Pour faire face à ce défi, les autorités ont entrepris un programme de maraîchage, offrant ainsi de nouvelles perspectives aux populations. Un équilibre délicat à trouver entre les richesses souterraines et le développement durable. Souleymane Dianda, le président de la délégation spéciale de la commune de Houndé, nous livre sa vision d’une gestion équilibrée des ressources minières au bénéfice des populations.
Burkina 24 : Quels sont les mécanismes de gestion des fonds miniers par la commune de Houndé ?
Souleymane Dianda : Les ressources allouées par le fonds minier constituent un apport financier substantiel qui nous permet d’investir dans des projets d’intérêt général. Ces fonds nous ont permis de réaliser des avancées significatives dans des domaines tels que la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement. Également dans d’autres volets, notamment les infrastructures marchandes, et d’autres infrastructures économiques comme la gare en reconstruction.
Néanmoins, les besoins de la population demeurent importants et diversifiés. Malgré ces investissements, nous sommes confrontés à un décalage entre les attentes des populations et nos capacités d’intervention. Un financement plus conséquent nous permettrait d’accélérer la réalisation de nos projets et d’améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.
Burkina 24 : Kari, Bombi, Dankari …que dire des chantiers financés par le FMDL en souffrance ?
Souleymane Dianda : Le CEG de Bombi, est un chantier de 2021. À un moment donné, la commune n’avait pas d’ordonnateur, ce qui fait que certaines entreprises qui avaient des contrats pour exécuter certains projets étaient un peu méfiants au point que certains même, ont abandonné ce qu’ils avaient démarré comme chantier.
Après cela, il y a celle également qui ont démarré des chantiers jusqu’à arriver à un niveau acceptable mais qui étaient inquiets quant à la possibilité d’être payé, donc ils ont abandonné. Il y a également certains marchés qui ont été lancés au cours de l’année 2021, ces marchés ont été attribués, mais il y’avait pas eu de contrat.
Quand nous sommes arrivés en 2022, nous avons relancé ces contrats, on a signé les contrats avec les entreprises. Mais il y a certaines qu’on a relancé sans succès. La solution normale, c’est l’appel, c’est d’envoyer des mises en demeure à ces entreprises, c’est ce qui a été fait. S’il n’y a pas de réaction, on procède à la résiliation.
Tous les chantiers dont vous avez fait cas sont des chantiers dont les contrats ont été résiliés et la commune va trouver les moyens pour parachever ce qu’il y a, à achever. Là où ça n’a pas commencé ont reconduit de nouvelles ressources avec un nouveau projet pour exécuter les travaux.
Burkina 24 : A combien vous évaluer les pertes liées à ces chantiers en difficultés ?
Souleymane Dianda : En réalité, il n’en est rien. Nous voyons parfois des publications sur les réseaux sociaux qui disent que nous avons jetés l’argent de la commune. Or, ce sont des chantiers pour lesquelles les entreprises n’ont pris ni d’avance de démarrage ni de décompte. Les ressources qui étaient prévues pour le projet ont été orientées vers d’autres projets. Donc il n’y a pas de problème.
Nous avons discuté avec les bureaux d’études chargés des suivis-contrôles, on a pu s’accorder avec eux. Ils ont produit des états contradictoires concernant les investissements réalisés par certains chantiers qui ont atteint un certain niveau. Quand nous allons reconduire les ressources, nous allons payer les entreprises pour la part des travaux qu’ils ont eu à accomplir et le reliquat des contrats nous allons travailler à achever ces projets.
Pour dire que ce n’est pas de l’argent jeté. L’argent n’a pas été employé pour des travaux non achevés. Pour le cas du chantier de l’école de trois salles de classe à Kari-Lonkuy, nous avons hérité de ce dossier. On a tenté de comprendre. Quand on a échangé avec les acteurs, il s’est trouvé que le bureau chargé du suivi-contrôle et l’entreprise ne se comprenaient pas.
C’est à dire le stade auquel on devait valider les travaux, l’infrastructure était à un niveau très faible, et d’ailleurs la qualité du bâtiment laisse à désirer. C’est raison pour laquelle, j’ai décidé personnellement de construire un nouveau bâtiment en bonne et due forme et d’abandonner ce qui a été commencé et qui ne ressemble pas à de la qualité.
Burkina 24 : Quels mécanismes de contrôle au niveau communal sur la qualité des infrastructures ?
Souleymane Dianda : C’est le même suivie contrôle, car les textes n’ont pas évolué. Pour notre part, nous veillons sur la présence de l’ensemble des acteurs sur le terrain afin qu’à l’arrivée on ait des infrastructures de qualité. Moi personnellement, les week-ends, je ne voyage pas. Tous les, samedi et dimanche, je suis sur le terrain. Je vérifie ce qui se passe sur les chantiers.
C’est vrai que je ne suis pas technicien, mais si on sait que le PDS peut venir à tout moment, les acteurs vont se mettre du sérieux et moi je veille à ça. Et vous verrez que la plupart du temps les chantiers que nous avons conduit jusqu’à aujourd’hui sans être technicien si vous arrivez vous constatez au moins que la qualité y est.
Aussi, à la mairie, il y’a la Directrice des services techniques municipaux. On a également un autre agent et moi-même nous faisons la ronde sur les chantiers pour vérifier que les acteurs soient là. Nous ne sommes pas des techniciens mais notre présence physique peut contribuer à un bon travail.
Burkina 24 : Quelle est la place des acteurs de la veille citoyenne dans cette mission de contrôle ?
Souleymane Dianda : Parfois ils nous interpellent. Rien que la semaine dernière, ils nous ont alerté sur une petite porte qui s’est détachée sur la clôture des écoles C, F et G au secteur 4 de Houndé, qu’on vient de réceptionner. Mais ce n’est pas lié à la qualité de l’ouvrage, c’est plutôt une action qui a justifié cette situation. J’ai saisi l’entreprise et le lendemain, elle a corrigé.
Nous avons de très bons rapports avec les acteurs de la veille citoyenne. Ils participent à nos sessions, dès lors, qu’ils observent une situation qui s’apparente à une anomalie ou à une défaillance, ils nous interpellent et nous aussi on prend en compte. Et c’est ainsi que les travaux vont progresser.
Burkina 24 : Quelle autre carte de prudence vous jouez face aux entreprises ?
Souleymane Dianda : Dans le domaine de la réalisation des infrastructures, il y a une réception provisoire. Au bout d’une année, on s’assure que l’infrastructure tient avant de procéder avec la réception définitive. Quand on fait la réception provisoire, on retient un certain pourcentage du coût du contrat et pour s’assurer que l’infrastructure va tenir.
Si au bout d’une année on s’assure que l’infrastructure tient, on libère les cinq pour cent (5%) restant au bénéfice de l’entreprise. Dans le cas contraire, on retient ce montant. Il y a certaines entreprises qui ne reviennent pas parce qu’ils savent que la qualité y est pas. Donc en principe les réfections nécessaires, ces pourcentages retenus doivent permettre de gérer ces questions.
Burkina 24 : La commune de Houndé compte tirer quel profit de la patente que Houndé Gold Operation (HGO) doit payer à partir de 2025 ?
Souleymane Dianda : Effectivement, dès le démarrage de production de la mine, il y a une convention qui lie la société à l’Etat. Cette convention précise que la mine est exonérée d’un certain nombre de taxes. Je crois trois ou quatre catégories de taxes auxquelles ils bénéfices l’exonération, notamment la patente.
La patente, c’est une taxe qui doit revenir à la commune. Cette exonération de sept ans a expiré fin 2024 et en 2025 ils doivent payer cette taxe qui est assez consistante qui vont permettre à la commune de réaliser d’autres projets dans le sens du développement.
Burkina 24 : Peut-on dire que l’or brille enfin pour tout le monde à Houndé ?
Souleymane Dianda : Dire que l’or brille pour tout le monde, cela est très profond. Le fonds minier ne peut pas tout faire. Il y a pleins de préoccupations. Des projets que nous avons, pour lesquels nous sommes obligés d’attendre parce qu’il n’y a pas de ressources. De façon optimale, les secteurs dans lesquels la loi nous autorisait à investir les ressources du fonds minier, nous avons assez fait et aujourd’hui les indicateurs sont assez appréciables.
En terme de taux d’accès ou encore taux de couverture sanitaire, nous sommes autour de 14 CSPS réalisés. Il y a d’autres qu’on a programmé pour construire. Cela permet de rapprocher la population des services de santé. Des écoles on a en construites, des CEG on a en crées. Si vous parvenez à atteindre les indicateurs appréciables en offre éducative, en matière de santé, en matière d’eau potable et d’assainissement, on peut considérer que la localité est dans la voie de développement.
Je pense que c’est ainsi qu’on apprécie les critères en matière de développement. Grace au fonds minier, nous progressons sur la base de ces indicateurs et on peut dire que d’une façon que même si la brillance de l’or n’a pas atteint un certain niveau escompté, ça commence à briller pour tout le monde.
Burkina 24 : Cependant, la population pense que la mine ne remplis pas suffisamment ses responsabilités sociales !
Souleymane Dianda : Nous nous sommes de l’administration. On s’en tient aux obligations que la mine a, vis à vis de l’administration. Et ces obligations, la mine les remplit correctement. La responsabilité sociale de l’entreprise est laissée à l’appréciation de la société. Et la société aussi le fait en tenant compte de ses possibilités donc on ne peut pas dire que la mine ne fait pas assez ou encore, elle n’est pas un bon exemple, moi je ne juge pas la mine sur ces aspects.
Une fois que la mine est en règle vis à vis de l’administration, c’est déjà assez appréciable. Tout ce qu’elle va faire, c’est un bonus. Il y a une aucune contrainte légale qui l’oblige à aller dans ce sens. En fonction de ses possibilités, elle voit ce qu’elle peut faire pour accompagner les communautés dans la satisfaction de leurs besoins. Là-dessus, l’État ne peut pas sanctionner la mine par rapport aux questions liées à la responsabilité sociale.
Sinon la responsabilité sociale de l’entreprise est mise en œuvre. Et Houndé Gold Operation (HGO) est une société qui ne déroge pas à ses principes. Chaque année, ils font des réalisations, des investissements au bénéfice des populations. Donc, c’est au passage saluer leur grand engagement. C’est en tout cas les inviter à œuvrer davantage à la satisfaction des préoccupations de la populations, parce que le fonds minier ne peut pas tout faire.
Burkina 24 : Mais on a l’impression que ce langage n’est pas compris par la population !
Souleymane Dianda : Peut-être qu’il faut d’avantage communiquer. Les uns et les autres ne comprennent pas. Chacun pense que la mine se fait de l’argent et que cet argent doit leur revenir. Mais nous, on raisonne sur le plan administration et texte. L’Etat a voté des textes et des obligations fiscales qui pèsent sur la mine. La mine est à jour, tout ce qu’elle peut faire dans le cas de la responsabilité sociale, c’est en fonction de ses possibilités et nul ne peut donner au-delà de ce qu’il a.
La mine aussi a ses objectifs à atteindre. C’est une société, elle doit faire des bénéfices. Donc, ce sont des projets qu’au fur et à mesure, la mine tente de financer et on ne peut pas tout réaliser ici et maintenant. Il n’y a pas une contrainte qui l’oblige à le faire. Elle le fait selon ses possibilités, et elle apprécie la pertinence de ces projets. En tout cas, c’est le droit de la mine.
Burkina 24 : Comment mettre fin aux violences récurrentes autours de la mine? Réponse de Souleymane Dianda dans l’élément vidéo! ⇓
Burkina 24 : L’inflation pèse sur les ménages pauvres à Houndé !
Souleymane Dianda : Ce n’est pas Houndé seulement. Là où il y a l’or, l’inflation est galopante. Ce n’est pas à Houndé seulement, puisque dès qu’il y a l’or, beaucoup de gens ont tendance à aller vers l’exploitation artisanale. Et à contrario, les autres secteurs comme l’agriculture, la maraichéculture et autres sont abandonnés. Naturellement les choses vont devenir un peu plus chères. Donc, c’est logique, un peu partout au Burkina où il y a l’or c’est ainsi.
Burkina 24 : Quelle alternative vous proposer face à la pression foncière qui est un autre défi ?
Souleymane Dianda : À Houndé, il y a la pression foncière. Il y a des gens même s’ils veulent cultiver, ils n’ont plus de terres cultivables. C’est l’or ils vont travailler. Mais il y’a une bonne opportunité qui vient de s’ouvrir à Bobo-Dioulasso avec l’inauguration de l’usine de production de tomate.
Nous savons que beaucoup de gens vont se lancer dans la production de la maraichéculture. Dès qu’il y a l’occasion on sensibilise. Nous avons d’ailleurs identifié quatre sites pour implémenter la production maraichère avec les ressources du fonds minier à Kari, à Karaba, à Bouahoun et Touaho, où nous avons aménagé sur ces sites.
Tantôt deux hectares, tantôt trois hectares, tantôt un hectare et demi, pour permettre à des coopératives de femmes de se lancer dans la production maraichère. Histoire de faire en sorte que par cet exemple, beaucoup perçoive l’intérêt de s’appliquer dans ce secteur d’activité plutôt que l’or.
Burkina 24 : Quelle est le mécanisme de suivi et de soutien pour ces producteurs ?
Souleymane Dianda : Les services de l’agriculture sont là. S’ils viennent vers les techniciens, on peut les encadrer. Moi-même personnellement, j’ai fait partie d’une mission, je suis allé échanger et discuter avec eux voir quelles sont leurs priorités et leurs préoccupations.
Dans ce sens, nous avons prévu de réaliser des forages à haut débit avec des bassins pour les accompagner puisqu’arrivé à un certain moment donné, c’est l’eau qui tarie et elles sont obligées d’arrêter. Donc nous notre vision, c’est de faire en sorte qu’il ait des forages. Partout dans la commune, il y a pas mal d’espace qu’on peut aménager qui sont propres à la production maraichère.
Avec le fonds minier nous avons tenté de financer la réalisation de ces forages pour leur permettre de produire autant qu’ils peuvent jusqu’à la saison des pluies. On part de la sensibilisation vers la promotion d’autres secteurs pour voir comment on peut capter certains. Faire en sorte que les uns et les autres comprennent qu’on peut se réaliser même sans aller sur les sites d’orpaillage.
Burkina 24 : Quel chalenge à l’échelle 2025 ?
Souleymane Dianda : À l’horizon 2025, on a assez de projets, au niveau de la mairie. On a prévu la construction d’un bâtiment de R+1 pour servir de bureaux, de cadre de travail, salle de réunion en bonne et due forme pour les services de la mairie. On envisage également poursuivre avec la réalisation de boutiques aussi bien dans l’ancien marché et au nouveau marché ainsi que dans les autres grands centres comme Bouéré et Kari.
Il y a des forages qu’on réalise toujours. Il y a des écoles qu’on va continuer de construire. Il y a d’autres infrastructures avec bien entendu les ressources de la patente pour renforcer les secteurs dans lesquels la commune pourrait se faire des ressources. Il y a bien d’autres projets structurants qui sont déjà positionnés pour être financés par les ressources issues de la patente.
Rares sont les quinze villages de Houndé où, nous n’avons pas de projets. Nous avons en tout cas l’accompagnement des populations et leur compréhension. Parfois on part même négocier des sites et ils cèdent leurs terres au profit de nos projets.
Donc nous en sommes vraiment très satisfaits et nous partageons toute notre gratitude. Les projets que nous mettons en œuvre sont des projets qui sont issus du Plan communal de développement (PCD) et ce plan communal nous l’avons réalisé avec cette population.
Ce sont les besoins, et les préoccupations des populations qui ont été traduits en projets dans ce plan. Avec l’accompagnement de tous les acteurs, on va arriver à résoudre certaines préoccupations et permettre ainsi aux uns et aux autres de mieux se réaliser et de mieux s’épanouir. Ce, grâce au Fonds minier de Développement local.
Akim KY
Burkina 24
Écouter l’article
|
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !