L’Association des Blogueurs du Burkina (ABB) : Une bouée de sauvetage contre les mauvaises pratiques sur les réseaux sociaux

À l’ère du numérique, où les réseaux sociaux façonnent nos vies, une nouvelle profession a émergé : celle de blogueur. Au Burkina Faso, cette activité connaît un essor sans précédent. Réunis au sein de l’Association des Blogueurs du Burkina (ABB), ces créateurs de contenus s’engagent à utiliser les réseaux sociaux de manière responsable. Rencontrons Koundjoro Gabriel Kambou, président de l’ABB, pour découvrir les actions menées par l’association.
Burkina 24 : Présentez-nous brièvement l’Association des Blogueurs du Burkina
Koundjoro Gabriel Kambou : L’Association des Blogueurs du Burkina est une association de droit burkinabè qui réunit l’ensemble des blogueurs et blogueuses du Burkina, et qui ont décidé d’adhérer aux idéaux de cette association. Nous avons pour objectif de promouvoir le blogging au Burkina Faso, promouvoir l’éthique et former la jeunesse burkinabè à un meilleur usage des réseaux sociaux.
Nous faisons la promotion de la bonne gouvernance, des droits de l’Homme, de la démocratie. En résumé, nous avons une centaine de membres à travers le pays et nous sommes représentés dans au moins 6 régions du Burkina. Donc, nos membres sont de tout profil, ils sont aussi bien des travailleurs, des cadres mais aussi des citoyens ordinaires dans divers domaines.
Burkina 24 : En 2022, vous avez bénéficié d’un partenariat avec International Media Support (IMS). Que retenir de cette collaboration ?
Koundjoro Gabriel Kambou : Nous avons entamé une série de projets dans le but d’assainir l’espace numérique burkinabè. Donc, c’est dans ce sens, par exemple, qu’en 2022, nous avons développé un premier projet qui s’intitulait « Promotion du civisme numérique pour une meilleure expression démocratique au Burkina Faso ».
Et dans l’exécution de ce projet, nous avons eu à organiser sept cliniques numériques. Pour nous, quand on dit clinique numérique, c’est des formations. Nous en avions organisées sept dans sept régions du Burkina.
Nous avons aussi produit 5 capsules vidéo sur la diffusion des fausses nouvelles, la connaissance des droits et obligations numériques en vigueur dans notre pays, la lutte contre le discours de la haine et de l’extrême violence sur les réseaux sociaux. Nous avons aussi organisé 6 rendez-vous de dialogue numérique.
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En 3 ans de collaboration, c’est 13 cliniques numériques, 236 jeunes formés, 16 After work (dialogue numérique) avec près de 300 (294) participants, 3 colloques avec près de 200 participants dont 70 en 2024, 1 code de bonne conduite (14 articles), près de 200 copies du Code distribuées et une campagne digitale ayant touché plus de 360 000 socionautes.
Burkina 24 : Vous avez également tenu un colloque national sur le numérique courant novembre 2024, quelles sont les recommandations issues de cette rencontre ?
Kundjoro Gabriel Kambou : La première recommandation est de renforcer la sensibilisation et l’éducation au numérique. Il s’agit de promouvoir des campagnes nationales d’éducation aux médias et à l’information en intégrant donc des modules sur la lutte contre la désinformation, les fake news et la protection des données personnelles dans les programmes scolaires et universitaires. Nous voulons vraiment que l’éducation aux médias sociaux soit intégrée dans le curricula de formation et d’éducation.
La deuxième recommandation est de faciliter l’accès aux sources d’informations fiables. Il s’agit de mettre en place une plateforme centralisée pour vérifier rapidement les informations, orienter les utilisateurs vers des sources fiables en collaboration avec des institutions comme la CIL, la BCLCC et le CSC.

Nous avons en troisième position recommandé d’encourager une régulation participative. Il s’agit de développer des espaces de dialogue entre régulateurs, blogueurs, journalistes et autres acteurs du numérique pour co-construire des mécanismes de régulation qui respectent les libertés individuelles tout en assurant un environnement numérique sain.
Et la quatrième recommandation est de renforcer les capacités institutionnelles. Il s’agit d’augmenter les ressources humaines et techniques des institutions comme le BCLCC, le CSC et la CIL, afin d’améliorer la surveillance des contenus en ligne, répondre efficacement aux plaintes et lutter contre la cybercriminalité.
Et la dernière recommandation est de mettre l’accent sur la collaboration internationale. Il s’agit d’établir des partenariats solides avec les géants technologiques comme Meta, Google, etc., et des organisations internationales pour renforcer les capacités locales de régulation et faciliter les échanges d’informations sur les tendances et menaces numériques émergentes. Donc, ce sont ces cinq recommandations qui sont sorties du colloque national que nous avons tenu en 2024.
Burkina 24 : Vous avez tantôt parlé d’assainir l’espace numérique au Burkina, comment appréciez-vous donc les comportements des Burkinabè sur les réseaux ?
Koundjoro Gabriel Kambou : Vous convenez avec moi qu’il y a beaucoup de dérives sur les réseaux sociaux. Vous avez des appels à la haine, des appels souvent au meurtre. Et, je pense par exemple que vous avez vu passer entre temps des vidéos des gens qui aiguisaient des machettes contre d’autres Burkinabè.
Vous avez vu souvent des gens faire des publications tendancieuses contre un groupe ethnique, et ainsi de suite. Vous avez des citoyens dont la dignité a été exposée sur les réseaux sociaux. Donc il y a beaucoup de dérives et on le sait. Il y a beaucoup de fake news et de fausses informations qui circulent aussi. Donc, il est de bon ton que nous puissions travailler à assainir cet espace, parce que c’est notre espace de travail.
Je le dis souvent, si nos soldats sont au front pour reconquérir le territoire pour assurer la sécurité, il est aussi de notre responsabilité de mener ce combat aussi dans l’espace numérique burkinabè afin d’assurer la sécurité des Burkinabè. Parce que quand un Burkinabè est escroqué sur internet, c’est nous tous qui sommes touchés. Ça veut dire que nous n’avons pas pu assurer sa sécurité.
Donc, il faut sensibiliser, il faut éduquer, il faut former afin que l’espace numérique burkinabè soit sûr et soit convivial. Que ce soit l’expression de la fraternité, l’expression de nos talents, de nos compétences au lieu de l’expression de la haine, de l’extrémisme violent et tout ce qui contribue à éloigner les uns des autres.
Burkina 24 : Avec l’avènement des réseaux sociaux, il y a très souvent des confusions entre les métiers de blogueur, journaliste, activiste, influenceur, et lanceur d’alerte, comment percez-vous cela ?
Kundjoro Gabriel Kambou : Vous savez, c’est des termes nouveaux qui sont apparus avec le développement exponentiel des réseaux sociaux. Pour nous à l’ABB, notre définition est simple. Un blogueur, c’est celui qui anime un blog. Donc, quand vous n’animez pas un blog, vous n’êtes pas un blogueur pour nous. Si vous publiez sur votre page Facebook, si vous publiez sur votre compte TikTok, vous n’êtes pas un blogueur.
Ça nous a permis d’être à l’aise. Effectivement, quand on créait l’association, on s’était posé la question s’il faut parler des blogueurs et des web activistes. Nous avons voulu et nous avons tenu à faire la dissociation entre activistes et blogueurs. Et donc, pour nous, un blogueur n’est pas automatiquement un web activiste. Comme un web activiste n’est pas automatiquement un blogueur. Mais vous pouvez être blogueur et web activiste.
Burkina 24 : Vos conseils pour une utilisation saine des réseaux sociaux ? 👇👇
Propos recueillis par Sié Frédéric KAMBOU
Burkina 24
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