Justine Marie Yolande Sanou : La figure de proue du golf féminin au Burkina Faso
Le golf est considéré comme le sport des riches. A tort ou à raison ! En tous les cas, sa pratique reste encore embryonnaire sous nos tropiques très loin des sports populaires, comme le foot roi ou la petite reine. Le quartier Balkuy, à la périphérie sud de Ouagadougou, est le bastion du golf burkinabè, porté depuis les années 70 par le golf club Naaba Gnimbolbo. A ce jour, au moins une centaine de personnes pratiquent ce sport dans le parcours du golf Club. Dans ce cercle restreint, les femmes ne se sont pas laissées conter. Et parmi elle, un visage émerge depuis quelques années. Dans ces lignes, nous dressons pour vous, le portrait de Justine Marie Yolande Sanou, une sexagénaire qui manie avec dextérité et maestria le golf.
En cette matinée du 12 mai 2024, le parcours du golf club Naaba Gnimbolbo est animé. Pour cause, ce jour-là se jouait la finale du tournoi de golf d’une société d’assurance de la place. Parmi les vedettes du jour, Christine Marie Yolande Sanou. Un nom bien connu du golf club.
Avec une taille d’à peine 1,60 mètre, cette dame à la corpulence moyenne semble avoir fini avec les petits secrets du golf qu’elle exécute avec aisance et adresse. Au golf club, elle est incontestablement la reine dominante dans la catégorie féminine.
À domicile, son armoire est garnie de trophées, témoins de ses innombrables succès lors des compétitions organisées par les partenaires du Golf Club.
Et pourtant, il n’y a que très peu, qu’elle a découvert le golf. « J’ai commencé le golf en 2018. Un soir mon frère et sa femme qui est une japonaise m’ont appelé : ‘’Ah Justine demain on va aller au golf, tu viens à la maison à 7h on va aller jouer’’. Je dis ah bon ! Okay et donc je me suis levée très tôt. A 6h 30 mn, j’étais chez eux. Ils m’ont donné une gourde et un sac de golf et on est venu.
Ils m’ont pris un Caddie avec qui je m’entraînais. Et chaque weekend, je vais les suivre et on venait. Ça commencé comme ça. J’ai pris goût et entre temps, je venais même sans eux m’entraîner (Rires). Je pouvais me lever à 5h, à 6h je suis là, je fais mes 18 trous. A partir de 8h 30 – 9h, je finis et je cours à mes occupations. C’est comme ça que j’ai commencé et la passion m’a prise », explique-t-elle.
Lorsqu’elle faillit arrêter le golf…
Mais dans sa belle lancée, Justine comme on l’appelle affectueusement au golf club, a failli mettre prématurément fin à sa carrière suite à un événement tragique, celui du décès de son frère cadet, celui-là même qui l’a initiée au golf.
Lorsqu’elle se rappelle cet épisode douloureux, son fou rire s’estompe laissant place à un visage crispé et à des yeux qui s’arrêtent tout net de scintiller. « J’ai failli ne plus venir, ce fut un grand choc, mais quand j’ai vu la mobilisation de la famille du golf burkinabè pour la cause de mon petit frère, vraiment je ne pouvais pas m’arrêter », confie-t-elle.
…La passion a pris le dessus
Même si la disparition de son frère qui était en quelque sorte son coach, lui a porté un coup dur au mental, Justine a continué à briller. Et ce n’est guère le fruit du hasard. « Mon secret, c’est l’entrainement deux fois par semaine. Et je joue très bien. Je fais de bon coup, les putts ça prend », atteste-t-elle. Boubacar DAO, son fils ne dira pas le contraire, lui qui se voyait réveiller par sa tendre mère tôt à 5 heures du matin pour aller à l’entrainement.
« La passion était là, moi je me rappelle très bien quand tous les jours à 5h du matin elle me réveillait pour qu’on vienne jouer au golf. Des moments un peu difficiles parce que moi j’avais plutôt besoin de mon sommeil au lieu de jouer au golf.
Mais je la voyais tellement dans son engouement, dans sa passion et le bonheur que ça lui faisait, il fallait forcément l’accompagner et lui permettre de vivre ces moments de plaisir. Et quand on la voit jouer, on la voit sursauter sur le parcours quand elle arrive à mettre deux, trois trous, on la voit sauter, crier de joie », témoigne son fils qui dit ressentir de la fierté quand il voit sa mère jouer.
Une passion à laquelle son Caddie (garçon qui porte le matériel du joueur), Pascal Nikiéma, est également témoin : « ça fait trois ans qu’on est ensemble. Elle a gagné plusieurs coupes avec moi. Parmi les femmes, c’est la meilleure ici. Elle fait les bons gestes, elle arrive à jouer bien les scores ».
Salif Samaké, le président de la fédération burkinabè de golf, la décrit comme une dame exceptionnelle en matière de golf. « Justine est une dame qui joue régulièrement, elle est très assidue, très disciplinée », témoigne-t-il.
Justine Sanou, porte-étendard du golf féminin ?
D’ailleurs, la jeune Fédération burkinabè de golf veut se servir de Justine Sanou pour mobiliser la gent féminine autour du golf. « Au moment où Justine est arrivée, le golf avait une crise de dames qui jouaient. Et on avait comme objectif de promouvoir un trophée pour les dames, pour les faire venir.
Parce qu’on se dit qu’au golf, plus les dames jouent, plus les hommes vont venir. Et depuis là, Justine a toujours joué et elle nous a toujours aidés à mobiliser la gent féminine pour ce sport. Nous ne pouvons que remercier Justine pour tout ce qu’elle fait pour le golf burkinabè », foi de Salif Samaké.
Selon l’intéressée elle-même, le golf n’est pas que seulement un sport d’homme, les femmes aussi peuvent y exceller et elle en est la preuve vivante. « Il n’y a pas un sport défini uniquement pour les hommes. Vous voyez dans le monde dans tous les sports il y a des femmes. Il suffit seulement de s’y mettre. Je joue et je peux jouer battre les hommes aussi. En toute chose, il faut de la motivation », soutient Justine Sanou.
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A presque 60 ans, Justine Marie Yolande Sanou porte fièrement le golf féminin et invite les femmes à s’intéresser à ce sport qui a tant de bienfaits. « J’invite les femmes burkinabè à se joindre à nous. J’ai pris goût, j’ai aimé. Quand tu viens, tu marches et tu te sens très bien. C’est un sport qui déstresse », insiste-t-elle…
Maxime KABORE
Burkina 24
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