SITARAIL : Transport ferroviaire Abidjan et Ouagadougou

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« Il est important que nos trains continuent de circuler pour contribuer aux efforts de nos Autorités dans l’approvisionnement de notre pays » dixit Sibnoaga Alexis Ouédraogo, Représentant de SITARAIL au Burkina Faso

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Sibnoaga Alexis Ouédraogo, Représentant de SITARAIL au Burkina Faso

Depuis le 17 novembre 2023, le train voyageur a repris entre Ouagadougou et Niangoloko, dernière gare de train avant le territoire ivoirien, mais, jusqu’à ce jour, n’entre pas dans ce pays voisin. Dans cette interview, le premier responsable de SITARAIL, l’entreprise qui opère le chemin de fer Abidjan-Ouagadougou, donne les raisons de cette reprise partielle et éclaire sur l’impact social et économique du chemin de fer au Burkina Faso ainsi que les perspectives du réseau.

1- Le train voyageur avait été suspendu depuis mars 2020. Au départ, cet arrêt était justifié par la COVID 19. En novembre dernier, il y a une reprise, mais jusque-là partielle. Une situation décriée par plusieurs acteurs, notamment les commerçants des gares ferroviaires. Qu’est-ce-qui bloque réellement la circulation du train voyageur en Côte d’Ivoire ?

En effet, avant l’apparition de la COVID-19, SITARAIL transportait en moyenne 200 000 voyageurs par an. Suite à l’apparition de la pandémie et sur décisions des Etats, SITARAIL avait suspendu l’activité du train voyageurs. Depuis la réouverture des frontières ivoiriennes au transport de personnes, en février 2023, SITARAIL avait aussitôt entamé des actions pour la reprise de ce trafic tant important pour tous les acteurs que nous sommes.  C’est ainsi que dès le 27 mars 2023, la rame de voitures, qui était restée immobilisée ici à Ouagadougou durant la suspension, a été acheminée dans nos ateliers d’Abidjan pour les expertises préalables nécessaires à leur remise en état.

Après ces expertises et les différents échanges que nous avons eus avec nos partenaires étatiques des deux pays (que nous remercions au passage pour leur accompagnement), une partie du matériel a été remise en état et le service voyageur relancé depuis le 17 novembre 2023, mais uniquement sur la partie burkinabè pour l’instant. La raison, les Autorités ivoiriennes nous ont fait savoir, dans un courrier en date du 14 novembre 2023, que pour cause des risques liés au transport de personnes, elles souhaitent préalablement réaliser un audit de sécurité et des travaux d’urgence sur certains tronçons sensibles du réseau en Côte d’Ivoire, avant d’autoriser la circulation des trains voyageurs sur son territoire.

Dans la dynamique d’une meilleure offre de service et de prise en compte de certaines préoccupations du public, SITARAIL a procédé à l’extension de la desserte du train voyageurs jusqu’à Niangoloko, gare frontalière du Burkina Faso avec la Côte d’Ivoire, assurant ainsi une couverture complète de ce service sur toute la partie burkinabè du réseau ferroviaire. Le tarif est des plus compétitifs. En train, le transport entre Ouagadougou, Bobo Dioulasso et jusqu’à Niangoloko ne coûte que 6 000 FCFA, ce qui est nettement moins cher par rapport à la route. Afin de permettre aux petits et moyens commerçants d’expédier leurs marchandises jusqu’en Côte d’Ivoire, SITARAIL a lancé, en février 2024, un fret spécial au départ de Ouagadougou et de Koudougou. Des réflexions sont en cours pour l’optimisation de ce service.

2- Que fait actuellement la SITARAIL pour la reprise totale du train voyageur entre Ouagadougou et Abidjan ?

La reprise des circulations tu train voyageur en Côte d’ivoire ayant été conditionnée par la réalisation de travaux d’urgence sur certains tronçons ivoiriens, SITARAIL, avec l’accompagnement des Etats, s’active à cet effet. Dans le cadre de ces travaux d’ailleurs, nous avons réceptionné, en février dernier, un lot de 2 750 rails de profil 54 kg. Les appels d’offre sont en cours de finalisation et seront lancés incessamment.

Avant l’apparition de la COVID-19, SITARAIL transportait en moyenne 200 000 voyageurs par an.

Outre ces solutions d’urgence, un important programme est en cours pour une mobilisation de ressources nécessaires, auprès de bailleurs de fonds, et une meilleure réorganisation, afin d’améliorer la qualité du service voyageur à travers la réhabilitation de la voie, des gares et l’acquisition de nouvelles rames. SITARAIL et son nouvel actionnaire AGL du groupe italo-suisse MSC maintiennent donc leur engagement aux côtés des Etats burkinabè et ivoirien pour la modernisation du réseau et le renforcement de son impact socioéconomique dans nos pays.

3- Que répondez-vous à ceux qui vous imputent la responsabilité de la non-circulation du train voyageurs en Côte d’Ivoire ?

Nous sommes simplement victime un faux procès ! C’est une décision d’une Autorité étatique à laquelle SITARAIL est obligée de se soumettre, comme ce fut le cas pour tous moyens de transport terrestre d’ailleurs lors de l’arrêt de ce service pendant la pandémie de COVID 19 ou pendant les crises plus antérieures.

4- Quelle est la politique de la SITARAIL en matière de développement local ?

Sur le plan de l’employabilité : SITARAIL met l’humain au cœur de ses activités. L’entreprise accorde une place importante à la promotion du bien-être social de son personnel et à la promotion de l’excellence. SITARAIL emploie 1 500 travailleurs, essentiellement burkinabè et ivoiriens. A noter que dans cet effectif, il y a aussi bien des cheminots burkinabè en Côte d’Ivoire que ceux ivoiriens au Burkina Faso. En outre, notre chemin de fer génère 3 000 emplois indirects via des entreprises sous-traitantes, et plus de 25 000 personnes vivent de l’activité ferroviaire. Dans le cadre de sa politique de proximité, SITARAIL confie le désherbage et la surveillance de ses emprises aux populations riveraines, créant ainsi des emplois ponctuels au profit de centaines de personnes. Toutes choses qui contribuent à réduire le taux de chômage.

Dans le domaine de la santé, SITARAIL dispose de cinq centres médico-sociaux, équipés et approvisionnés, dans les principales localités de son réseau, à savoir Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Abidjan, Bouaké et Ferkessédougou. Ces centres sont ouverts aux cheminots, à leurs familles et aux populations locales.

En termes d’accès à l’eau potable, SITARAIL a réalisé des forages au profit des populations de certaines localités riveraines. Les dernières réalisations en date sont celles de la localité de Béréba, en juin 2021, et de Dorossia en 2022, au Burkina Faso

Dans le domaine de la formation professionnelle : il faut noter que de par la diversité de nos corps de métiers, à savoir notamment, la conduite des trains et la régulation des circulations, la maintenance des infrastructures et du matériel ferroviaire et tous les métiers supports, SITARAIL dispose d’un savoir-faire riche et varié qui ne cesse de se développer avec des échanges auprès de réseaux ferroviaires de référence. La pérennisation de ce savoir-faire est assurée en interne et portée par les deux centres de formation professionnelle de SITARAIL à Abidjan et à Bobo Dioulasso et par l’Ecole Supérieure des Métiers Ferroviaires (ESMF), implantée à Bobo Dioulasso, qui est la première école ferroviaire diplomante créée par une entreprise ferroviaire en Afrique subsaharienne. Depuis sa création en 2016, l’école a formé près de 200 bacheliers burkinabè et ivoiriens qui sont, aujourd’hui, des techniciens en activité à SITARAIL ou dans d’autres secteurs structurants et porteurs de dévelop­pement socio-économique comme les industries, le Génie civil et le BTP.

Sur le plan de l’économies locale, SITARAIL facilite également l’écoulement de plusieurs produits locaux, notamment le sésame, l’anacarde, les fruits et légumes de plusieurs localités traversées, notamment Koudougou, Banfora, Niangoloko, etc. A ce niveau, il faut reconnaître que l’impact économique dans les petites gares est plus perceptible lorsque le train voyageur dessert à l’international, c’est-à-dire de Ouagadougou à Abidjan. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant, donc nous comprenons parfaitement les griefs de certains riverains. Mais au regard de tout ce qui précède, il ressort clairement que l’activité ferroviaire a un impact significatif direct ou indirect sur le développement social des localités traversées.

5- En termes de rendement économique, quelle peut être la part de contribution de la SITARAIL au développement du Burkina Faso ?

Depuis son démarrage, notre chemin de fer est devenu un maillon essentiel du développement socioéconomique du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et de l’hinterland, par son rôle dans la chaîne d’approvisionnement et son impact sur la performance des plateformes logistiques multimodales, notamment les ports secs de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou.

En moyenne, dix trains de marchandises opèrent quotidiennement et le fret annuel transporté est en moyenne de 1 000 000 de tonnes, soit près de 50 % du volume transporté annuellement sur le corridor Ouagadougou – Abidjan.

Près de 30% de l’approvisionnement en hydrocarbures de la SONABHY sont assurés par voie ferrée. SITARAIL assure près de 50 % du trafic de conteneurs du Burkina Faso et transporte du clinker destiné aux industries de cimenterie. Outre ces produits, SITARAIL assure le transport d’une part importante de céréales et autres denrées alimentaires, des engrais, des matériaux de construction, de coton et d’animaux vivants.

A travers des embranchements particuliers, SITARAIL dessert une quinzaine de sociétés industrielles au Burkina Faso, entre autres, la SONABHY, BRAKINA, SOSUCO, SOFITEX, CIMASSO, CIMFASO, les minoteries, SETO, TRCB, etc.

Il faut souligner surtout que le chemin de fer Abidjan – Ouagadougou, à travers sa connexion à plusieurs terminaux maritimes et plateformes rail-route en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, joue un rôle important dans le désenclavement des pays sans débouchés maritimes en Afrique de l’Ouest, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Enfin, il est à noter que le transport ferroviaire est un transport de masse qui contribue à la préservation des réseaux routiers, car le rail permet d’éviter la dégradation qu’auraient occasionné au réseau routier, plus de 30 000 camions de marchandises chaque année.

En somme, le trafic de fret ferroviaire, qui a renoué avec des niveaux records durant ces dernières années, draine un flux important de produits divers essentiels à la consommation et à la vie socioéconomique du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et des autres pays de l’hinterland, dont le Mali et le Niger. Sans le rail, les coûts de transport routier auraient des conséquences majeures sur le panier de la ménagère.

6- Avez-vous un message à lancer sur ce sujet afin de rassurer les populations dont l’activité est liée au train voyageur ?

Nous restons confiants quant à une issue heureuse pour tous grâce à la diplomatie de nos Autorités et les perspectives d’investissement en cours.

Je voudrais finir en rappelant l’importance du chemin de fer dans l’approvisionnement de notre pays en produits de grande consommation, notamment dans ce contexte particulièrement difficile où nos Autorités consentent d’énormes efforts pour le ravitaillement de nos localités. Avec un volume moyen annuel de 1 million de tonnes de produits transportés, comme détaillé plus haut, il est important voir vital que les trains circulent. Contrairement à certaines allégations, les marchandises transportées par le train ne sont pas la propriété de SITARAIL qui n’est qu’un simple transporteur. Ces biens sont la propriété de structures étatiques et privées telles que la SONABHY pour les hydrocarbures, la CAMEG pour les produits pharmaceutiques, la SOFITEX pour le coton, les denrées alimentaires et autres produits de grande consommation appartenant à des opérateurs économiques et industries burkinabè. L’activité ferroviaire est donc un service d’intérêt général dont l’interruption pourrait avoir une répercussion négative sur le quotidien des populations, compromettant ainsi les efforts de nos Autorités.

Pour ce qui concerne le service voyageur, nous restons confiants quant à une issue heureuse pour tous grâce à la diplomatie de nos Autorités et les perspectives d’investissement en cours.

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Un commentaire

  1. Il est préférable de développer un projet de TGV sur la partie Burkinabé. Ce projet représentera une opportunité majeure de transformation socio-économique. En améliorant la connectivité, en réduisant les temps de trajet, et en stimulant l’économie, un TGV pourrait positionner le Burkina Faso comme un leader en matière de développement durable et de modernisation des infrastructures de transport en Afrique de l’Ouest. À long terme, relier les villes de l’AES sera un grand pas.

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