Insécurité alimentaire au Sahel : L’appel au secours entendu
L’appel au secours du gouvernement pour amoindrir les conséquences de la campagne agricole (2017-2018) déficitaire a été entendu par l’Oxford Committee for Famine Relief (Oxfam). Sur financement de la branche humanitaire de l’Union européenne (ECHO), il a pu implémenter le projet prévention de la sous-nutrition via une assistance alimentaire et nutritionnelle aux ménages très pauvres avec Femmes enceintes ou femmes allaitantes (FEFA) et enfants à risque de sous nutrition de 0 à 59 mois dans la région du Sahel.
Fin novembre 2017, le gouvernement annonçait un déficit céréalier brut à 72 677 tonnes qu’il réévaluait quatre mois plus tard au sortir d’une session du comité de prévention, à 477 000 tonnes. Pour son plan de réponse, l’exécutif ne cachait pas ses attentes adressées en premier lieu au PAM, à la FAO, à l’UE, l’USAID et Action contre la faim.
Faisant suite à cet appel du gouvernement à la mobilisation générale des partenaires pour porter un appui aux populations en situation de crise, le consortium Oxfam (Oxfam, Christian Aid, Danish Refugee Council (DRC), GVC, ATAD et SERACOM) ont décidé d’apporter une réponse en mobilisant des ressources auprès de leurs partenaires financiers. ECHO y a répondu favorablement à hauteur d’un million cinq cents millions d’euros soit environ un milliard de francs CFA.
Pour l’implémentation du projet, Oxfam et les membres du consortium se sont focalisés sur la région du Sahel et plus particulièrement les provinces du Soum et l’Oudalan qui seraient de phase de « crise » selon le cadre Harmonisé. DRC et ATAD ont intervenu dans la commune de Gorom-Gorom et GVC, Christian Aid et SERACOM dans les communes de, Arbinda, Tongomael, Djibo, Koutougou.
Après trois distributions, plus de 1650 tonnes de sorgho, 266 tonnes de niébé et 36 600 litres d’huile, ont mis à la disposition de 5548 ménages très pauvres soit près de 44.500 personnes. A cela s’ajoute la distribution de 18 tonnes de farine infantile au profit de 1789 enfants de 6-23 mois et de 16 tonnes d’eau blanche ou ‘’zomkom’’ (farine enrichie) à 1585 femmes enceintes et femmes allaitantes (FEFA).
Les bénéficiaires ont été identifiés selon l’approche de l’économie des ménages (HEA) à travers un processus participatif à base communautaire avec les comités villageois de sélection et de plainte. L’idée est de donner la latitude à un ménage de les saisir de plainte « au cas où un ménage dit qu’il n’est pas d’accord avec sa catégorisation socio-économique ». C’est le cas dans le village de Doumam, situé à une dizaine de kilomètres de Gorom-Gorom où, Morou Bouda, chef de projet sécurité alimentaire et relance économique á DRC et ses collaborateurs ont dénombré plus de 111 ménages très pauvres. « Et parmi ces 111, nous avons eu à retenir 93 ménages très pauvres avec enfant de 0 á 59 mois », précise-t-il..
A Doumam comme dans les 71 villages autres bénéficiaires, les ménages concernés reçoivent à chaque distribution mensuelle un coupon d’une valeur de 46 500 F CFA qui donne droit à un sac de sorgho de 100 kg, 16 kg de niébé et 2 litres d’huile, pour que « la ration alimentaire puisse être équilibrée ». Les femmes enceintes bénéficient de 2,1 kg d´eau blanche et les enfants 2,5kg de farine fortifiée. Quant à la quantité, Morou Bouda et son équipe s’en assurent auprès du commerçant assermenté : « Nous avons un seuil de tolérance. Un sac dont le poids en deçà de 95, nous allons demander au commerçant de compléter », assure le chef d’équipe.
Témoignage
« Avant l’arrivée de l’aide, je souffrais » se confie Oum Souhèta. Et pour cause, elle se retrouvait à « jouer à la main d’œuvre sur les sites d’orpaillage » ou à se rendre en brousse pour « chercher quelques fruits au niveau sauvage pour venir se nourrir ». Avec le projet, poursuit-elle, « il y a beaucoup de changement » car « ça a permis aux maris d’aller au champ ». C’est le cas d’Amado Isras.
L’assistance alimentaire, confie-t-il lui aussi, a permis à sa famille de « s’occuper des activités champêtres ». Ce qui n’était pas le cas « auparavant ». L’homme d’un âge avancé était « toujours en déplacement à la recherche de quoi manger ». « Parfois même, dira Oum Souhèta, ils laissent (derrière eux) femme et enfants » pour aller à l’aventure.
Matianga Winteyni, président du comité villageois de développement (CVD), ne fait pas partie des villageois qui avec leur famille bénéficient de l’assistance alimentaire. Cet observateur de la situation au niveau du village était disposé à témoigner de ce qu’elle a pu apporter en termes de changement de donne.
« Au-début, dit-il, la population du village a commencé à quitter pour aller en exode ou pour aller chercher de quoi survivre. Mais maintenant, Dieu merci, l’aide a permis de maintenir la population et a permis de faire les activités champêtres. Si ce n’est pas avec cette aide, il y a des cas où les femmes enceintes et les enfants peuvent succomber de la malnutrition ».
Oui Koueta
Burkina24
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