Procès Sankara : Les moindres détails d’Elysée Yamba Ilboudo

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Elysée Yamba Ilboudo, soldat de 1re classe et chauffeur de la sécurité de Blaise Compaoré, au moment des faits a été entendu 48 heures durant sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons. Son récit laisse voir « un témoin privilégié et un acteur-clé » des évènements du 15 octobre 1987.

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Selon Elysée Yamba Ilboudo, tout est parti du domicile de Blaise Compaoré « derrière l’ancienne Assemblée nationale le 15 octobre 1987 aux environs de 16h. « On était en train de jouer aux boules devant la porte et Hyacinthe m’a appelé et m’a dit : ‘prend la voiture, on va au conseil’. 

Arrivés, nous nous sommes arrêtes au pied à terre de Blaise Compaoré. Et Hyacinthe et les autres sont montés et ils ont fait environs 5 minutes avant de ressortir et on a démarré. Arrivés à la porte du secrétariat du conseil, je voulais continuer et Hyacinthe m’a dit, ‘tu pars où’ ?

 En même temps, il a attrapé le volant, tourner, et je suis allé cogner la porte ; et le radiateur du véhicule était percé et l’eau coulait, ça pouvait plus bouger », a-t-il raconté. Au départ il précise que les deux véhicules ont conduit les commandos. Pathé Maiga Amidou, chauffeur de la 504 avec à bord Nabié N’Soni, Arzouma Ouédraogo dit « Otis ».

Et la Galande conduit par lui-même avec à bord Hyacinthe Kafando, le chef de mission, Nabonswendé Ouédraogo, Nacoulma Wampasba, Idrissa Sawadogo. Il a précisé que la 504 était un véhicule privé de Blaise Compaoré qui purgeait une sanction qui l’interdisait de sortir hors de son domicile.

Elysée Yamba Ilboudo a avoué avoir aperçu Gilbert Diendéré au conseil de l’entente en ses thermes : « quand on est entré au conseil faire le tour aller à notre pied à terre, j’ai vu Gilbert Diendéré en entretien avec ses hommes, les militaires du conseil, qui étaient assis sur un banc ». Mais le 26 octobre 2021, premier jour de son interrogatoire, l’accusé a nié ces dires.

A chaque fois que la question lui est posée, il répondait : « je ne me rappelle pas », soit « j’ai oublié comme ça fait longtemps », était sa réponse. Mais le tribunal a rappelé à maintes reprises que ces propos sont des témoignages de l’accusé lors de l’instruction. Elysée Ilboudo a été entendu trois fois par le juge d’instruction, seul ; et trois fois en confrontation avec d’autres témoins et accusés, selon le parquet.

Suite à des tours de questions des avocats de la partie civile et du parquet militaire, l’accusé se sentait sous la pression. Suite à l’insistance du président de la chambre, il répond enfin :« Pourquoi vous m’attaquez avec cette question comme ça ? C’est moi qui avais dit. C’est fini ! », a-t-il reconnu.

Ensuite, il avoue au tribunal avoir peur pour sa sécurité chose qui l’empêche de déballer les faits. « J’ai peur pour ma sécurité, car j’ai des enfants. Et je veux vivre comme les autres ». Il avoue par la suite que chacun des 8 commandos était armé d’un Pistolet automatique et de Kalashnikov.

Il avoue également qu’il avait emporté dans le coffre de son véhicule des armes lourdes comme des « F M » et des « RPJ 7 ». « C’est une arme qui porte des chaînes, plus grande que la Kalash qui prend jusque 120 cartouches », a-t-il expliqué. L’accusé a également avoué avoir appris par ses camarades qu’un coup allait être perpétré contre Blaise Compaoré à 20h dans la nuit du 15 octobre 2021.

Mais il nie toute implication. Pour lui, il n’a fait qu’exécuter des ordres de son chef qui est Hyacinthe Kafando. « Je suis militaire, si le chef dit de faire quelque chose, je le fais », dit-il. Il réduit sa participation à la simple conduite aller-retour mais reconnaît avoir éteint le feu déclenché sur les rideaux de la salle de réunion du conseil suite aux tirs, toujours sous les ordres de Hyacinthe.

Une fois arrivés au conseil, les deux véhicules n’ont pas été contrôlés. « Comme nous sommes de la garde de Blaise, on nous connais donc on ne nous contrôle pas », a-t-il confié. L’assaut sur Sankara et ses 12 compagnons a duré 4 à 5 minutes, selon Elysée. « Quand mon véhicule a congé la porte du secrétariat, Ils sont descendus et ont commencé à tirer sur les gens en désordre.

D’autres ont tourné derrière la maison et il y a eu des tirs là-bas aussi. Thomas Sankara est sorti en demandant ‘qu’est-ce qu’il y a ?’ Et ils ont tiré sur lui. Il est descendu sur les genoux avant de s’écrouler sur le côté gauche. Quand ils ont fini. Hyacinthe a dit d’aller dire à Blaise qu’eux ils ont fini leur travail », a dit Elysée Ilboudo.

Sur l’enlèvement des corps, il a émis des doutes. « Je pense que c’est Hyacinthe qui a appelé Karim de venir avec les prisonniers pour les ramasser », marmonne-t-il. Selon les Parties civiles, il est le seul à répondre ouvertement sur sa participation aux événements.

Mais son témoignage étant des propos qui citent et chargent les autres accusés, son interrogatoire a connu de chaudes confrontations de verbes entre le parquet, les avocats de la partie civile et ceux de la défense. L’accusé a aussi été la cible de multiples interrogations de la part des avocats dont les clients sont cités.

Ce témoin privilégié et « acteur » des événements du 15 octobre 1987 a subi un accident en 1989 qui « a causé un traumatisme » et un coma d’une semaine. Il a subi une évacuation sanitaire en France. Cet accident a été le pose-pied de son avocate pour douter de la santé mentale de son client.

Pour maître Éliane Kaboré, son client ne maîtrise pas la langue de Molière. Aussi elle évoque des comportements anormaux de ce dernier « révélés par son épouse ». « Il parle seul », a-t-elle dit avant de reposer la question à son client. « Est-ce que tu as tiré sur Sankara et les autres ? », il a répondu par « non » et Me Eliane Kaboré a déduit en ces termes : « donc il plaide non coupable ».

La ligne de défense a été axée sur les oublis de Elysée qualifiés par son avocate ainsi que bien d’autres de la défense d’« incohérence dans les propos ».  A partir de là, ils en ont déduit qu’il serait touché mentalement.

Pour le parquet, ces assertions ne sont pas justifiées d’autant plus qu’un examen pendant l’instruction révèle dans la lettre de renvoi que l’accusé ne souffre d’aucune tare psychique. C’est sur une atmosphère tendue entre les parties prenantes que les interrogations du jour ont pris fin. En attendant d’autres confrontations de témoins à la suite des interrogations partielles.

Akim Ky

Burkina 24

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