Avec Ousmane Zoungrana, le recordman de buts inscrits en une saison dans le championnat du Burkina

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Ousmane Zoungrana, ex sociétaire de l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo-Dioulasso (ASFB) est considéré comme le détenteur du record de buts inscrits en une saison dans le championnat national avec 26 buts. Aucun autre joueur n’a encore réussi cette performance dans le championnat national. Âgé de 58 ans, il travaille actuellement à la Sofitex Kourouma. Avec l’ASFB, il a remporté la Coupe du Faso en 1989

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Ousmane Zoungrana, saisonnier à la Sofitex ira en retraite au mois de décembre prochain.

Vous vous considérez comme le recordman de buts en une saison du championnat national du Burkina Faso, dites comment cela s’est passé ?

C’était lors de la saison 1983-1984 où j’ai été élu meilleur buteur du championnat avec 26 buts. Cela s’est réalisé notamment grâce à Pihouri Webonga.

Il s’est battu pour que nous puissions jouer avec l’équipe première parce qu’à l’époque, les dirigeants estimaient que nous étions trop jeunes pour prendre part au championnat national avec l’ASFB. Nous étions six joueurs qu’il a voulu faire monter. Il a insisté pour qu’on puisse nous faire jouer. Et en fin de saison, j’ai terminé meilleur buteur avec  26 buts.

Qu’est ce qui explique une telle performance ?

A vrai dire, j’étais quelqu’un qui était obsédé par les buts. Un joueur pour être performant doit suivre un entraînement individuel. Lors des séances collectives, les entraîneurs n’ont pas le temps de travailler les individualités parce que vous êtes nombreux.

Donc, je travaillais individuellement. Chaque matin, sur n’importe quel terrain, je travaillais. Que ce soit face au but vide, face à un mur, avec un autre joueur, je travaillais. Par exemple, je ciblais un mur, je traçais dessus avec du charbon et je le visais pour voir ce que ça va donner et jusqu’à ce que j’obtienne satisfaction. C’est comme ça que je travaillais.

Ousmane Zoungrana (débout 2e de la gauche vers la droite) sous les couleurs de l’ASFB lors d’un match de Coupe d’Afrique contre Al Hilal.

Estimez-vous que les jeunes travaillent aussi cet aspect-là aujourd’hui ?

Je ne crois pas. Mais je pense que c’est ce qu’ils doivent faire pour être au-dessus des autres. Il faut un travail individuel et même plus.

Après la première saison record de 26 buts, comment se sont déroulées les suivantes ?

Lors de la saison 1984-1985, j’ai encore terminé meilleur buteur mais cette fois avec 17 réalisations. Pour ma troisième saison (1985-1986), j’ai terminé deuxième meilleur buteur avec 15 buts derrière Antoine Zongo de l’USFA si ma mémoire ne me trompe pas. Il avait inscrit 17 buts. Puis, j’ai encore retrouvé ma place de meilleur buteur lors de la saison 1986-1987 avec encore 17 buts marqués.

Peut-on estimer que votre record de 26 buts est ce qui vous a le plus marqué durant votre carrière ?

Tout à fait. C’est ce qui m’a le plus marqué et c’est surtout le fait d’avoir inscrit 26 buts à mon jeune âge. J’avais 18 ans. Ce n’est pas le fait de moi seul mon travail. Mais surtout ceux qui étaient avec moi, qui ont joué, qui m’ont fait marquer ces buts.

Nous sommes tombés sur des grands frères qui nous ont beaucoup soutenus. C’était vraiment une famille. J’avais eu la chance de travailler avec de grands milieux de terrains qui nous offraient de bonnes passes sur le terrain et moi j’arrivais à concrétiser.

A l’époque, je me rappelle des milieux de terrain comme Abdoulaye Compaoré, le capitaine Siaka Tamini, l’ancien ministre des sports Tahirou Bangré, Lamoussi Kaboré, Amadou Traoré le rouquin. Il ne faut pas oublier qu’on avait de grands défenseurs comme les Alphonse Bado, Issa Kaboré, Lambert Bayala et un grand gardien comme Soulama Fatché, Malé Ousmane… On ne peut pas tout citer.

Les jeunes n’arrivent pas à battre ce record de 26 buts. Qu’est-ce que vous pensez de ça ?

S’ils n’arrivent pas à atteindre ce record, c’est parce qu’ils négligent le travail individuel. Vraiment, ils ont peur même de la souffrance. Il y a un entraîneur qui nous disait « l’homme est un apprenti et la souffrance est son maitre ».

Tant que tu ne souffres pas, tu ne peux pas réussir. Il faut que tu travailles individuellement pour améliorer les performances et faire une autocritique. Il faut toujours se demander quelle est ma faiblesse et essayer de travailler pour la corriger.

Pourquoi n’avez-vous joué qu’à l’ASFB ?

Je ne rêvais que de jouer à l’ASFB. Je voulais rester là-bas et peut-être jouer à l’extérieur. Mais à notre temps, il n’y avait pas cette ouverture. Et notre nation ne jouait pas beaucoup de compétitions africaines. Donc, on ne pouvait pas voir les joueurs évoluer et espérer obtenir un contrat.

Quelle différence faites-vous entre le championnat national, aujourd’hui et celui de votre époque ?

J’ai l’occasion le suivre le championnat national à la radio. Quand je suis à Bobo, je vais suivre les matchs au stade. Par rapport à notre époque, les joueurs sont payés aujourd’hui. Ils sont des primes de matchs. Quand on jouait, on ne connaissait pas cela. C’est souvent les supporters qui nous soutenaient avec 500 francs CFA par ci, 1000 francs CFA par là. Aujourd’hui, c’est encore mieux.

Ousmane Zoungrana (accroupis deuxième à partir de la droite) lors d’un match amical contre les Aigles du Mali.

Qu’est-ce qu’il faut faire pour améliorer le niveau du championnat ?

Jusqu’à présent, nous n’avons pas un championnat professionnel et nous ne sommes pas aussi professionnels dans l’organisation. Quand on le dit, les gens le prennent mal. Mais nous ne sommes pas encore une nation de football.

Qu’est-ce qu’il faut faire pour que cela évolue ? Il faut mettre l’accent sur les centres de formation de football. Il s’agit aussi de faire revenir les anciens footballeurs, ceux qui ont de l’expérience, qui ont pratiqué ce sport et qui le connaissent de partager leurs expériences avec les enfants.

Certains n’ont pas de formation d’encadreurs. Il faut les former. Mais, aujourd’hui, quand un ancien joueur veut se former, on lui demande de payer. C’est normal. Mais, notre génération n’a pas eu les moyens qu’il faut. Donc, quand on leur demande de sortir ne serait-ce que 50 mille francs CFA pour se former, ça devient difficile pour eux.

Ils ont besoin de soutien. Ce qu’ils ont déjà fait pour le pays, en mettant en place la base, il faut leur donner cette chance d’avoir ce diplôme et donner la connaissance aux enfants. Ensuite, il faut mettre l’accent sur les centres de formation comme certains l’ont compris et dynamiser les petites catégories.

Il faut que chaque équipe ait des petites catégories, des sous minimes, des minimes, jusqu’aux séniors. Après, cela, il faut leur trouver des sponsors. Il y a beaucoup d’entreprises au Burkina Faso. Il faut faire adosser chaque équipe auprès d’une société pour que celles-ci viennent en aide aux clubs. En même temps, il faut penser à baisser les taxes parce que lorsqu’elles sont trop taxées, elles ne peuvent pas aider le pays. Il faut qu’on compte sur nos sponsors sur place d’abord.

Comment s’est passé votre passage en équipe nationale ?

En équipe nationale, j’ai été sélectionné de 1984 à 1990. Mais je n’ai pas eu la chance, parce que pendant les phases de regroupement, je me blessais toujours. En équipe nationale j’ai essentiellement joué les matchs amicaux. Mais c’est pendant les sorties que je me suis toujours blessé. C’était ma malchance.

Aujourd’hui, l’équipe nationale a évolué. Elle réalise de bonnes performances. En tant qu’ancien, quelle analyse faites-vous de ce parcours ?

Ils ont une opportunité que nous n’avons pas eue. Aujourd’hui, ils sont soutenus. Ils ont des primes de matchs et beaucoup d’autres avantages. Il faut que ces jeunes continuent de se donner à fond pour faire parler du Burkina Faso.

Ces jeunes ont du talent. Je suis fier de les voir jouer. Mais, à mon analyse, ils n’ont pas le même talent qu’à notre époque. Je pense que notre génération avait une bonne équipe, elle était très talentueuse.

La seule différence, c’est qu’elle n’avait pas le soutien du gouvernement comme aujourd’hui. Par exemple, on jouait sans prime. Cela n’est pas un secret. Sinon, nous sommes contents de ces parcours honorables. Nous avons servi de cobayes. Le pays évolue en matière de football. C’est encourageant.

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