Ici Au Faso | Mahamadi Ouédraogo dit Mdi : La passion d’être utile !

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Mahamadi Ouédraogo dit Mdi, journaliste de formation, est l’une des figures professionnelles de la maitrise de cérémonie au Burkina Faso. Du rêve d’avocat, il exerce le métier de journaliste et se cristallise enfin communicateur et maitre de cérémonie. L’homme manie allègrement le micro et la langue de Molière. Il est aussi socialement engagé. Portrait ! 

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Mahamadi Ouédraogo est un jeune burkinabè passionné de l’information et de la communication. Au fil des ans, il s’est imposé comme l’une des figures emblématiques de la prise de parole en public, de l’oralité, de l’éloquence verbale, etc. Moult qualités, Mahamadi Ouédraogo incarne au quotidien.

Avant d’en arriver là, rien de la condition humaine n’est étrangère à lui. Aujourd’hui, Mahamadi Ouédraogo est apparié, père de 4 enfants. Dont, des jumelles, une fille, un garçon. « C’est une grâce de Dieu », qualifie sieur Ouédraogo sa situation matrimoniale.

C’est un homme décontracté, jovial, détendu qui s’est prêté à nos interrogations. Plein de sourire, au regard lucide et aux gestes enrobés de citations. On comprend tout de suite qu’on est en face d’un homme richement cultivé. L’homme s’exprime en langue mooré, français, dioula, et marmotte l’anglais.

Quid de la mêlée de son enfance et son parcours scolaire ? Le cursus scolaire s’est tissé sans embuche jusqu’à la neuvième année scolaire.  D’abord, signalons que c’est un jeune qui a suivi le parcours de tous les jeunes de son âge.

Né le 10 décembre 1984 à Diégonifla en terre ivoirienne, où il accède à l’école primaire.  Le parcours scolaire n’est pas le plus souvent rectiligne. Le jeune scolaire a échoué au BEPC. Cependant, il n’est pas un mauvais élève.  Les circonstances ont poussé le jeune écolier à troquer ses stylos aux clés.

Je vais arrêter l’école pour faire la mécanique

« Après le CEPE, j’ai été orienté au Lycée moderne d’Oumé jusqu’en classe de 3eme. J’ai fait le BEPC. Ça n’a pas marché. J’ai abandonné l’école pour faire la mécanique puisque mon tuteur était mécanicien. A un moment donné, j’ai vu que ça marchait pour moi.  

Car, c’était concret. Par jour, tu peux te retrouver avec 1000 fr, le fait de coller les chambres à air des motos, des vélos. 1000 fr par jour pour un élève, c’est quand même quelque chose. Après j’ai dit, moi je vais arrêter l’école pour faire la mécanique », relate-t-il.

Tout semble aller pour le futur jeune mécanicien engagé à gagner sa vie au coup des clés. Mais, un tournant s’en mêle. Mahamadi est accusé de vol. Mais tout ceci rimait avec le tracé du destin qui conduira le jeune sur le chemin retour au pays de ses ancêtres.

S’habiller en veste, cravate, soulier était un rêve pour Mdi

Ainsi s’ouvre la page du premier voyage de Mahamadi Ouédraogo vers le Burkina Faso. De l’émotion, c’est le moindre. Les remous stimulent le stress, quand on va vers une terre présentée en lieu purgatoire de caprice de gamin turbulent. Autant, une découverte pour un adolescent qui s’engouffre dans le train pour une destination inconnue.

« A la frontière, je ne sais pas si c’est un policier, gendarme ou militaire burkinabè, qui est rentré dans notre car et puis nous a regardés. Il nous a souhaité la bonne arrivée et il m’a dit, je me rappelle très bien. Que petit, tu vois comment mes yeux sont rouges ? Tu vois comment mon teint est noir ? Bienvenu au Burkina Faso. 

Ce n’est pas un pays de paresseux. Ce n’est pas un pays où on abandonne. Nous sommes des Burkinabè, et quel que soit ce qui va arriver, vous ne devez jamais abandonner. Vous ne devez jamais baisser les bras », se rappelle Mahamadi Ouédraogo avec détails.

Pas d’amertume pour le « cheval mal », (traduction littérale du nom Ouédraogo, ndlr) pied sur la terre du « pays des Hommes intègres ». Il décide d’emprunter la route de l’école. Il a frappé à la porte du lycée Philippe Zinda Kaboré. Après avoir passé une année blanche du fait des péripéties d’adaptation à son nouveau milieu, Mahamadi empoche enfin son BEPC au 1er tour.

J’avais deux voisines et ce n’était pas du tout facile pour moi

Le Lycée Mixte de Gounghin accueille le jeune breveté pour la classe de seconde. Encore sans être un mauvais garçon, Mahamadi Ouédraogo a flashé. Cette fois-ci, il faudrait comprendre avec lui, loin d’un rêve, que la place occupée peut agir sur le mental d’un élève. Et ce, surtout quand la puberté s’en mêle.

« En 2nde j’étais assis au milieu de deux filles. J’avais deux voisines et ce n’était pas du tout facile pour moi. Donc je me rappelle, le 1er semestre, je crois que j’ai eu 6 de moyenne. Et après un froufrou (turbulence, ndlr) j’ai commencé à me réveiller.  

On m’a changé de place et quand je me suis retrouvé à la place confortable, le semestre qui a suivi j’ai eu 11 de moyenne donc de 6 à 11 de moyenne, ça vaut quelque chose mais bon, avec ça je ne passe pas en classe supérieure donc il fallait reprendre ».

Après le BAC A4 en 2007, Mahamadi intègre le département de communication et journalisme à l’Université de Ouagadougou. Il y ressort après 4 années de formation par la porte de l’emploi. De la télévision canal 3 à Média 2000, une agence de communication et de production audio-visuelle, à SODIGAZ, à Burkina Info, il fait des passages remarqués.

Le polyvalent jeune engagé opère dans une organisation internationale comme chargé de communication et de l’audio-visuel de nos jours. Mais aujourd’hui, il se définit comme un maitre de cérémonie chevronné. Il n’y est pas arrivé les pieds joints.

« Le journalisme, c’est un métier ouvert, un métier passionnant, un métier où on est toujours préoccupé parce qu’on ne rapporte que ce qu’on reçoit », définit Mahamadi Ouédraogo qui a fait l’expérience de la transition des deux métiers.

Moi , j’ai un style décontracté

Il faut se convaincre, se construire, convaincre avant de s’imposer. Du bénévolat pendant 7 à 8 ans, Mahamadi accomplissait sa passion en contrepartie de cachets qui variaient entre 2000 francs et 10 000 francs.  Mais il a le nez fin.

Le maitre de cérémonie pour Mahamadi Ouédraogo, est par définition celui qui est chargé de réussir l’agencement des interventions lors d’une cérémonie. « Votre travail c’est de réussir l’agencement des interventions et la réussite de l’agencement des interventions, c’est la gestion des transitions, comment d’une intervention à une autre, on gère la transition. 

Donc le tout, le maitre de cérémonie c’est celui qui est chargé de donner à une cérémonie toute la coloration qui va avec, toute la bienséance, toute la convivialité qui va avec la cérémonie », a-t-il définie.

Mettre en valeur les différents acteurs en créant l’ambiance, de l’émotion, revient au maitre de cérémonie. Également, ces professionnels du micro y mettent une dimension artistique. Il a le devoir de s’adapter en fonction du contexte et la cadence de la cérémonie.

Pour réussir le métier, chaque soldat du micro a ses astuces. « Moi , j’ai un style décontracté, j’aime présenter mes cérémonies en mettant plus de convivialité, d’ambiance, dans des petits jeux d’humour. Je taquine même souvent les plus hautes autorités du pays en pleine cérémonie parce que pour moi, rire, sourire à la vie, c’est fondamental », dévoile Mdi.

 Il faut arriver à faire comprendre que l’espoir est permis

Il est surement l’un des maitres de cérémonie les plus sollicités au Burkina Faso pour des cérémonies prestigieuses, solennelles. Ouvert et très disposé à servir. D’ailleurs, c’est une passion pour lui.

L’homme dont il est question ici, a marqué son pas avec des termes, citations et proverbes qui lui collent la peau. « Un nouveau jour s’est levé, l’espoir se dresse à nouveau ». Ce cri de guerre est le leitmotiv de Mdi qui le vit. Se faire la force et l’obligation de donner de l’énergie positive.

« Il faut arriver à faire comprendre que l’espoir est permis et nous devons espérer quelles que soient les épreuves dans lesquelles nous nous retrouvons, nous devons toujours garder espoir. J’aime dire « quand on vous dit merci, ce n’est pas seulement pour ce que vous avez fait, mais c’est surtout pour ce que vous allez faire encore ».

« L’être humain a besoin des autres, et la présence de quelqu’un peut transformer positivement notre vie ». Ce fait surfe sur une ferme conviction du MC. « Le respect des valeurs humaines est la chose la plus importante au monde ». Le socle moral est la pièce maitresse de la vie, selon son entendement.

« On n’est pas MC du jour au lendemain, on se forme »

La culture générale est fondamentale et elle s’acquiert. « Il n’y a pas d’hommes cultivés, il n’y a que des hommes qui se cultivent », Mdi a foi en cette citation du général maréchal Ferdinand Foch. « On ne devient pas MC du jour au lendemain, on se forme. Moi je fais beaucoup de lectures, je lis, ensuite, je discute avec les gens. 

C’est déjà une formation.  Je dois dire que ma formation de journaliste et de communicateur me permet de savoir où puiser l’énergie qu’il faut pour transmettre la bonne humeur, la convivialité dans mes cérémonies », confie-t-il.

Le hasard n’existe pas pour Mdi. Le métier de maitre de cérémonie a des exigences. La maitrise de cérémonie est un art qui s’appuie sur des aspects intrinsèques.  Il cite entre autres, la culture générale, la formation, l’habillement, l’investissement.

Il faut affronter les médias sociaux.  La remise en cause permanente, et des retours positifs ont été le ciment de construction d’une carrière donc l’homme jouit aujourd’hui. Le métier attire du monde mais Mdi croit en la singularité de chacun. Il reconnait la route tracée par ses ainés.

« Nous leur donnons une fière chandelle »

Big-Ben, Alpha’O, Ouédraogo Nabi Souleymane, Alino Faso, Gnama Paco Drabo, cite-t-il entre autres. « Ces hommes-là qui ont réussi à donner du corps à ce métier et là, nous leur donnons une fière chandelle, ce sont des ainés, on s’est inspiré d’eux, ils nous ont tous influencés positivement et c’est eux qui ont motivé aussi notre engagement ».

Dans la pratique de la maitrise de cérémonie au Burkina Faso, même si le niveau est bon grâce aux efforts des pionniers cités haut, Mahamadi déplore bien de choses. Il dénonce un manque d’effort personnel d’adaptation, l’outrecuidance stimulant l’orgueil, le manque de patience…

Pleins d’erreurs professionnelles que ses jeunes frères du micro commettent quotidiennement. « Je vois qu’il y a une confusion qui se fait entre l’art oratoire et la maitrise de cérémonie. La maitrise de cérémonie, ce n’est pas de l’art oratoire. On n’est pas là pour faire de la gymnastique de mots devant les gens. Quand tu es un maitre de cérémonie, on te paie pour mettre en valeur les gens, on ne te paie pas pour te mettre en valeur. 

Il y a une nuance que les gens n’arrivent pas à faire. Donc le maitre de cérémonie doit rester aussi humble parce que c’est ton humilité qui te permet de réussir ton interaction avec les autres. Or l’art oratoire te pousse à prendre le dessus sur les autres pour que ta voix puisse porter », confie Mdi

Il faut assumer sa responsabilité générationnelle et l’excellence doit être la chose la mieux partagée, selon Mdi. Mais le constat est autre. Le gestuel, l’expression faciale et la voix de Mdi sont plus indiqués pour l’exprimer.

Mahamadi Ouédraogo, cet homme veut laisser les traces d’un vécu utile.  « J’ai un engagement social qui me permet donc de mener des activités d’ordre citoyen pour participer à ma manière à ce que véritablement notre génération puisse avoir des références ».

Ainsi l’homme veut se définir à travers ses actions. « On essaie de partager nos ambitions, nos forces, nos faiblesses les uns avec les autres pour grandir et surtout pouvoir porter notre contribution au développement de notre pays », se convainc Mdi.

 Il y a une valeur éducative dans la nourriture

Mahamadi Ouédraogo c’est aussi celui qui nettoie les lieux publics, cure les caniveaux de Ouagadougou. « Le respect des valeurs humaines est la chose la plus importante au monde », recite Mdi avec insistance.

Alors pour lui, les actions citoyennes participent à notre élan de promotion de valeurs humaines. Il s’est fait entourer de jeunes pour mener la bataille contre l’insalubrité. Ces dernières actions relèvent du lundi 15 aout 2022.

Mahamadi Ouédraogo dit Mdi en plein curage de caniveau dans le quartier Tampouy le lundi 15 août 2022

L’homme a la passion d’être utile. Sa vie enseigne le vivre utile. Un sacerdoce pour lui de transmettre les valeurs d’entraide et de solidarité à la génération cadette. Le socle moral est aiguisé, seul fondement d’une meilleure vie en société, pour le « maitre du micro ».

Il adore manger en groupe. Au-delà d’un geste de conformité sociale, c’est un loisir pour Mahamadi Ouédraogo. « Il y a une valeur éducative dans la nourriture », avoue-t-il.

L’homme raffole le spaghetti au soumbala par-delà le poulet flambé. La lecture, les films, lui offrent des fenêtres d’évasion et d’équilibre. Les pagnes tissés du Burkina Faso, le Koko Dunda, et le Faso Dan Fani donnent l’allure fière et patriotique à Mdi. Néanmoins, le style moderne capte son goût. Mahamadi Ouédraogo est aperçu régulièrement en costume tiré à la cravate. Ce type, l’homme en a rêvé.

J’aime quand je suis habillé en veste avec la cravate aussi, ça fait effrayer la galère

« J’aime quand je suis habillé en veste avec la cravate aussi, ça fait effrayer la galère. J’aime beaucoup ça parce qu’au fond, c’est un rêve et je ne pensais pas que c’était possible pour moi de m’habiller en costume, souliers fermés avec cravate. Pour moi, ce n’était pas possible, ça c’était réservé à une classe extraordinaire », s’extériorise Mdi.

Le voyage est pour lui, une instance de méditation dont il en rêve davantage. « Le voyage est une école, le voyage offre une méditation extraordinaire, le voyage, c’est se détacher de ce qu’on croit acquis, pour s’élever vers les merveilles du monde », conçoit-il.

La mort est l’expression du destin, selon l’avis de Mahamadi. L’homme ne dure pas dans le mauvais rêve. Il a cependant la rage face aux refus de l’évidence. Il se reproche d’être exigent mais demeure convaincu que le travail est la porte fiable de la réussite.

Les bons souvenirs, l’homme en garde de son parcours de maitrise de cérémonie. Il enterre à la minute suivante ce qui pourrait peser sur son équilibre interne. S’obliger à garder la tête haute, il en fait sien. L’excellence a emmené le jeune maitre de cérémonie à Bruxelles pour sa première sortie hors continent africain et les séquelles de bon souvenir câlinent toujours son présent.

Le temps a fermenté et aiguisé le talent d’un jeune, qui ne marchande pas ses services. De 2000 francs comme cachet, Mdi se négocie à « 300 000 francs » de nos jours. Il fait le travail et sa récompense découle du résultat… Ce n’est pas du bluff.

Akim Lawabien KY

Burkina 24 

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