« Être au FESPACO, c’est le plus grand honneur qu’on puisse avoir sur le continent africain » (Thierno Souleymane Diallo, acteur et réalisateur guinéen)
Thierno Souleymane Diallo, jeune acteur et réalisateur de cinéma documentaire guinéen, pour sa première fois, présente son film « Au cimetière de la pellicule » en compétition long métrage documentaire à la 28ème édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO). Ce film ressort Mouramani, un film guinéen tourné en 1953, que Souleymane Diallo qualifie de « premier film d’Afrique francophone noire », des décombres du cinéma en réécrivant l’histoire du cinéma guinéen. Le challenge est clair ; remporter un trophée au soir du FESPACO. Bien plus, le jeune réalisateur vise l’affirmation de l’identité du cinéma guinéen à la face du monde du 7ème art. Entretien !
Burkina 24 : Que représente la 28ème édition du FESPACO pour la Guinée ?
Thierno Souleymane Diallo : Cette édition représente, si vous voulez, un acte symbolique. On représente la Guinée avec des films. Parce que ça fait longtemps qu’on ne vient pas au FESPACO. Même si on vient ; c’est généralement avec des films des réalisateurs qui viennent de la diaspora, des Guinéens qui vivent en France et font des films en Guinée, qui les envoient en compétition au FESPACO.
Donc, on peut dire que c’est la première depuis presque deux décennies que la Guinée a un film au FESPACO avec un réalisateur qui vit au pays, qui fait ses films aussi au pays. Donc c’est un acte symbolique qui est très fort pour nous cette fois-ci d’être là au FESPACO.
Burkina 24 : Quels sont les ambitions de la Guinée en venant à cette 28ème édition du FESPACO ?
Thierno Souleymane Diallo : On n’est pas venu pour faire de la figuration parce que déjà, notre participation cette année, on apporte quand même un film « Au cimetière de la pellicule » qui, si vous voulez, parle du premier film d’Afrique francophone noire fait en 1953 à Paris par Mamadou Touré.
Tout le monde en a entendu parler, personne ne l’a jamais vu. Donc on ramène ce film mais pour dire aussi ce qu’a été la Guinée avec son cinéma dans les années 60. Force est de dire, en 1968, la Guinée a mis en place un laboratoire de développement cinématographique, qui malheureusement n’a pas fonctionné pour des raisons politiques.
Mais c’est la preuve que la Guinée était avant-gardiste sur ce qui peut être le cinéma dans le pays mais aussi le cinéma dans la sous-région et sur le continent africain. Donc, on ramène ce film cette année au FESPACO non seulement pour le présenter au public du FESPACO et de l’Afrique mais pour aussi pour réécrire ou raconter l’histoire des cinémas d’Afrique qui ont toujours été racontés d’une certaine façon.
Burkina 24 : Comment se porte le Cinéma guinéen ?
Thierno Souleymane Diallo : Le cinéma guinéen est en train de renaitre de ses cendres. On ne peut pas dire qu’il se porte bien parce que ça fait longtemps qu’il a été enterré. Aujourd’hui, on est en train d’exhumer tout ce qui a été enterré pour savoir quelles sont les choses qu’on peut réutiliser et pour donner une nouvelle dynamique à ce cinéma.
Vous avez des jeunes avec une forte ambition de faire des films, même si les moyens ne sont pas là pour l’instant. Mais on a fort espoir à partir de cet instant où déjà le ministre de la culture s’engage à nos côtés, à mener un combat ensemble pour que ce cinéma puisse renaitre de ses cendres. Rien n’est facile. C’est beaucoup de choses à faire. On a raté beaucoup de choses. Tout est à reprendre à zéro.
Ça ne va pas aller si vite qu’on peut l’imaginer ou qu’on peut penser, mais on est sûr et certain qu’avec des petits pas, rouler petit à petit, on va revenir et on va quand même marquer notre présence.
Burkina 24 : Que représente le FESPACO pour Thierno Souleymane Diallo en tant que réalisateur ?
Thierno Souleymane Diallo : Pour moi, le FESPACO est la coupe d’Afrique des nations où le Burkina quand même est le seul organisateur où il faut le féliciter. Parce que 28è édition au FESPACO, ce n’est pas 28 jours. Ça fait plus de 28 ans on est là, on se donne rendez-vous au FESPACO ; c’est le plus grand festival des cinémas d’Afrique sur le continent africain.
Et c’est le lieu de remercier quand même les Burkinabè mais remercier aussi l’Etat burkinabè ; parce que sans une réelle volonté politique, ce FESPACO allait disparaitre comme tant de choses ont disparu un peu partout en Afrique.
Donc pour moi, être au FESPACO, c’est le plus grand honneur qu’on puisse avoir sur le continent africain. C’est le seul endroit où on se retrouve en tant qu’Africains pour parler du cinéma, du cinéma d’Afrique. Pour moi, c’est un rendez-vous incontournable pour tout ce qui est cinéma d’Afrique.
Burkina 24 : Quelles sont vos impressions par rapport à l’organisation de cette édition ?
Thierno Souleymane Diallo : Je vois quand même une belle organisation ; il peut y avoir des manquements, c’est une organisation. Mais tu sens l’envie, tu sens la détermination, tu sens le travail abattu.
C’est le lieu aussi de remercier le délégué général du FESPACO en la personne de Alex Moussa Sawadogo qui se bat sur tous les fronts ; sur les fronts du financement, sur les fronts de la diffusion, sur les fronts de la formation et c’est le lieu de le remercier. On a besoin de beaucoup de Alex Moussa Sawadogo sur ce continent pour pouvoir faire un grand cinéma.
Burkina 24 : Quel est le parcours de Thierno Souleymane Diallo ?
Moi j’ai fait des études de cinéma en Guinée, après ça j’ai fait un Master 1 à Niamey et un Master 2, celui du Sénégal. J’ai fait deux longs métrages ; « Un nom pour ma famille », « Difficile à raconter ». Là, je suis sur mon premier long métrage documentaire qui est « Au cimetière de la pellicule ».
Burkina 24 : Que retenir du film « Au cimetière de la pellicule » ?
Thierno Souleymane Diallo : Le projet qui est là c’est Au cimetière de la pellicule. C’est un personnage du réalisateur Souleymane, mais qu’on surnomme Mamlo qui part à la recherche du premier film d’Afrique francophone noire fait en 1953 à Paris. Ce film, tout le monde en a entendu parler mais personne ne l’a jamais vu.
Partir à la quête de ce film, c’est aussi faire un détour vers ce cinéma guinéen qui a été quand même avant-gardiste dans les années 60. Donc, pour voir ce que sont devenues aujourd’hui les salles de cinéma, ce que sont devenues les bobines projetées dans ces salles mais aussi ce que sont devenus les cinéastes et quel espoir aujourd’hui garde cette nouvelle génération à faire des films… Donc c’est un film qui parle un peu de l’autopsie du cinéma guinéen en particulier mais des cinémas d’Afrique en général.
Burkina 24 : Qui vous a donné l’inspiration dans le cinéma en Afrique ?
Thierno Souleymane Diallo : Ce qui m’a inspiré à embrasser le cinéma ; comme tout jeune, j’ai découvert le cinéma dans une salle obscure des personnages avec une grande valeur, et je n’ai jamais arrêté d’y aller. Après, j’avais la possibilité d’aller faire des études de cinéma, je suis allé.
Mes références, moi personnellement, c’est des gens comme Cheick Fanta Mady Camara de la Guinée, Souleymane Cissé du Mali, mais aussi Abderrahmane Sissoko de la Mauritanie, … c’est partagé entre la Mauritanie, le Sénégal et le Mali.
Propos recueillis par Akim KY
Burkina 24
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