Se parler honnêtement, un modèle de résilience dans le Centre-Nord !

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La crise sécuritaire au Burkina Faso a engendré une crise humanitaire sans précédent. Avec plus de deux millions de déplacés internes, selon le CONASUR en fin mars 2023, le pays vit sa plus grave crise humanitaire. Face à cette double crise, le peuple burkinabè fait preuve de résilience. La région du Centre-Nord fortement touchée incarne cette résilience. Debout comme un seul homme, des habitants des trois provinces de cette région ont convergé vers Kaya la capitale pour tenir le même langage. Celui de la paix, la cohésion sociale, la fraternité, la convivialité, gage d’une cohésion sociale indéfectible pour venir à bout des forces du mal… 

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Samedi 29 juillet 2023. La place du défilé du 11 décembre de Kaya refuse du monde. Alors que le soleil se bat pour sortir de sa cachette, la logistique se met en place pour accueillir l’un des plus grands forums que la région ait connu sur la promotion du vivre ensemble.

Aux environs de 9 heures, tout est fin prêt avec une impressionnante mobilisation des hommes, femmes, enfants, autorités coutumières et religieuses, traditionalistes, pour s’accorder sur les voies et moyens d’un retour de la paix et de la cohésion sociale. Assis sous des tentes de fortune où à même le sol, d’autres debout comme des soldats prêts à défendre l’intégrité de la nation, la population est présente et affiche sa détermination et sa résilience.

Il est 10 heures.  Sa Majesté le Naaba Sigri, le Dima de Boussouma, la plus haute autorité coutumière de la région du Centre-Nord fait son apparition. Avec tout le respect et l’honneur qui sied à son titre, il s’installe et c’est le top départ du melting-pot ethnique et religieux.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, à tour de rôle, les communautés, musulmane, chrétienne, protestante et les traditionalistes, prient pour le retour de la paix et de la cohésion sociale sous l’œil avisé du Dima de Boussouma. Par la suite, des artistes de renom de la région du Centre-Nord sont passés pour détendre l’atmosphère et donner un côté ludique à l’évènement.

Les chefs coutumiers
Les chefs coutumiers

Ce rassemblement, faut-il le rappeler, est l’initiative des opérateurs économiques de la région du Centre-Nord. En effet, Pour ces derniers, l’objectif est de réunir toutes les entités sociolinguistiques  pour parler le langage de la paix. Car, « le problème de la paix est le problème commun à tous les Burkinabè », fait entendre le premier responsable de la communauté catholique, le cardinal Philippe Ouédraogo.

Briser les murs de l’égoïsme, de la méchanceté, de l’envie, de l’hypocrisie… 

Avec une voix pleine d’émotions, il ajoute que « ce que nous vivons actuellement, c’est du jamais vu. Cette guerre nous a surpris, on n’a pas eu le temps de se préparer ». Du reste, il instruit chaque Burkinabè de travailler dans l’union et la synergie pour sauver la mère partie. « Dans nos familles au Burkina, nous rencontrons plusieurs religions, alors au grand jamais, le terrorisme ne peut diviser les Burkinabè. Si nous ne nous soutenons pas, ça sera la joie pour l’ennemi. 

Brisons les murs de l’égoïsme de la méchanceté, de l’envie, de l’hypocrisie entre nous. Et construisons des ponts d’amour, de paix et des ponts d’entraide entre nous. Aux Hommes de Dieu, continuons de prier pour le retour de la paix au Faso et le repos en paix des âmes de ceux qui sont tombés pour nous », exhorte-t-il.

Le représentant des coutumiers, dans son message de paix rappelle d’emblée que le peuple du Burkina Faso a toujours coexisté avec une multitude d’ethnies, en l’occurrence une soixantaine. D’ailleurs, il insiste sur le fait que toutes les ethnies se valent. « Les Peulhs sont comme les Mossis », soutient-il.

Les Peulhs ont pris l’engagement

Le représentant de la communauté Peulh, tout comme les autres communautés ethniques notamment Mossi, a fait la promesse de tout faire pour rétablir l’entente et le vivre ensemble qui sont des valeurs chères pour la patrie. Quant à la communauté musulmane, le message est toujours le même. Celui de travailler à créer des conditions de paix durable et de cohésion sociale.

« Si on parle le même langage, vous verrez que les choses vont changer. Vous avez vu les Peulhs qui ont pris l’engagement et on ne peut plus dire maintenant que ce sont les Peulhs puisqu’ils ont pris l’engagement. Donc quand ils ont pris l’engagement c’est avec leurs fils. C’est à cause de ça qu’on a voulu qu’il y ait un témoin et le témoin, c’est qui ? C’est vous les médias qui allez être le relai pour que ceux qui n’ont pas pu effectuer le déplacement dans le Sanmatenga sachent ce que le Centre-Nord a vu aujourd’hui », explique El Hadj Abdoul Rasmané Sana, représentant de la communauté musulmane.

El Hadj Abdoul Rasmané Sana, représentant la communauté musulmane
El Hadj Abdoul Rasmané Sana, représentant la communauté musulmane

A la suite du passage des différentes confessions religieuses, les dépositaires de la tradition ont condamné avec fermeté les exactions que les populations subissent. Eux aussi à travers différents rituels ont confié la terre du Burkina Faso aux mânes et aux ancêtres. Par ailleurs, ils ont assuré que le malheur s’abattra sur quiconque s’impliquera de près ou de loin dans tout ce qui concerne les actes terroristes ou l’extrémisme violent. La population sortie nombreuse pour marquer son approbation à cette communion exprime toute sa satisfaction.

Bibata, nom d’emprunt d’une déplacée interne, se retrouve à Kaya suite au déguerpissement dans son village. Elle apprécie particulièrement l’intervention des traditionalistes qui selon ses propos auraient dû confier bien avant la mission aux mânes afin de dissuader les terroristes.

« Depuis le début, si les garants de la tradition avait fait ça, surement que la situation n’allait pas prendre cette ampleur. Mais comme on le dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire. On espère qu’à la suite de ce qu’on vient de voir, la paix va revenir et nous pourrons regagner nos différentes localités », espère-t-elle.

Kaya est le chef-lieu de la région du Centre-Nord du Burkina Faso. C’est une ville située à une centaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale du pays des Hommes intègres. La région compte trois provinces dont le Sanmatenga, le Bam et le Namentenga. A l’instar de plusieurs autres régions, le Centre-Nord est durement touché par les violences attribuées à des hommes armés non identifiés. 

De la commune de Dablo en passant par Namissiguima, Arbinda et Barsalogho, toutes ces communes ont connu la furie de ces hommes qui se sont fixés pour objectif de semer la terreur, la désolation et l’amertume au sein des populations. Selon le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR), à la date du 31 mars 2023, la région du Centre-Nord comptait 493.954 personnes déplacées internes, soit la deuxième région la plus touchée du Burkina Faso après celle du Sahel. 

Tous les ingrédients sont presque réunis pour que les habitants de cette région sombrent dans le chaos, mais ils décident ainsi de résister, d’être le porte flambeau de cette résilience qui sonne comme l’espoir d’un lendemain empreint de paix et de quiétude…   

Aminata Catherine SANOU 

Burkina 24 

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