Tribune | Le MROD/BF invite le Burkina Faso à des actions concrètes et coordonnées sur l’urgence de la situation environnementale

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Ceci est une déclaration du Mouvement de Réflexion sur les Opportunités de Développement du Burkina Faso (MROD/BF) intitulée « L’environnement au Burkina Faso, il est temps d’en faire une priorité ! ». 

Le Burkina Faso, pays sahélien fortement dépendant des secteurs primaire et secondaire, voit son développement intrinsèquement lié à l’état de son environnement. Malgré des efforts considérables pour maintenir un environnement viable, la dégradation continue de celui-ci menace sérieusement les perspectives de croissance économique et le bien-être des populations. Cependant, des solutions existent afin de permettre à l’environnement d’être un allié pour le développement économique et le bien-être des populations au Faso.

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Le Burkina Faso est un pays sahélien dont l’économie repose essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles par les secteurs primaire et secondaire, d’après une note de la Banque Mondiale. En plus de cela, plus de la moitié de sa population dépend des activités agropastorales. C’est dire que l’économie du pays dépend particulièrement de son environnement.

Lorsqu’on parle d’environnement, il faut distinguer l’environnement quantitatif qui fournit des biens aux populations et l’environnement qualitatif qui renvoie à la qualité de vie. L’environnement quantitatif renvoie donc aux ressources exploitables et le Burkina Faso est richement doté de ressources minières, agro-sylvo-pastorales, fauniques et aquatiques.

L’environnement qualitatif quant à lui renvoie au cadre de vie et de ce fait à la question du drainage des eaux usées, des déchets ménagers, des déchets industriels, à la pollution atmosphérique et des sols. Cependant, force est de constater que l’environnement burkinabè, aussi bien quantitatif que qualitatif, connait une dégradation accrue.

Des facteurs à l’origine de la dégradation de l’environnement

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP) énumère cinq facteurs à l’origine de la dégradation de l’environnement. Ces facteurs sont : Les changements dans l’utilisation des terres, les changements climatiques, la pollution, l’exploitation des ressources naturelles, et enfin les espèces invasives. Ils peuvent être regroupés en facteurs naturels d’une part et en facteurs anthropiques d’autre part.

Parmi les facteurs naturels, il y a le changement climatique et la désertification. L’augmentation des températures et la baisse irrégulière des précipitations affectent gravement les écosystèmes burkinabè. La production de céréales, essentielle pour la population, est menacée par des cycles de culture raccourcis et une évapotranspiration accrue. En avril 2024, une vague de chaleur avec des températures atteignant 48°C a causé une hausse inhabituelle des décès, illustrant la gravité de la situation.

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La baisse de la pluviométrie conduit à une désertification accélérée, dégradant les sols. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, environ un tiers du territoire, soit 9 millions d’hectares de terres arables, est déjà dégradé.

Les facteurs anthropiques quant à eux renvoient à l’agriculture, l’urbanisation et l’activité minière ; et selon l’UNEP, les changements dans l’utilisation des sols et l’exploitation naturelle font partie des cinq principaux facteurs influençant l’état de l’environnement. L’activité agricole est le principal facteur influençant l’environnement à travers la déforestation et la pollution qu’elle engendre, selon le Quatrième Rapport sur l’état de l’environnement.

En effet, au Burkina, plus de 80 % de la population est engagée dans le secteur agropastoral, contribuant à plus de 1/3 au PIB national. L’utilisation non contrôlée des pesticides dans l’agriculture burkinabè conduit à la pollution des eaux de surface et, des nappes. Le défrichage des forêts pour de nouvelles cultures conduit aussi à la déforestation.

En plus de l’agriculture, la croissance de la population couplée à l’exode rurale conduit à une forte urbanisation du pays, ce qui n’est pas sans conséquences sur l’environnement. L’Organisation des Nations Unies pour l’Habitat indique que le taux d’urbanisation au Burkina Faso était de 26,1 % en 2019, contre 22,7 % en 2002.

Cette forte croissance engendre la destruction des forêts au profit des nouvelles constructions. L’urbanisation bloque les sols et provoquent des phénomènes d’érosions. En effet, les villes sont les lieux des infrastructures tels que les bâtiments, les routes goudronnées et les surfaces bétonnées qui couvrent considérablement les sols sur les sites des villes. Les sols nus sont exposés au phénomène d’érosion hydrique et éolienne.

L’urbanisation appauvrit la biodiversité végétale et animale dans la mesure où elle ravage la végétation autour des villes qui s’agrandissent. Par conséquent, la destruction de la végétation qui constitue les abris des animaux, entraîne leur migration, voire parfois leur disparition.

Elle soulève aussi la question de la qualité du cadre de vie. En effet, dans la plupart des grandes villes burkinabè, le système de drainage des eaux est quasi inexistant, causant des inondations et le développement de maladies liées à la stagnation des eaux. De même, les systèmes de gestion des déchets sont inefficaces.

Par ailleurs, le Burkina Faso est un pays minier où le mercure et le cyanure, des produits chimiques hautement toxiques utilisés dans le traitement des minerais, se retrouvent dans les eaux de surface et souterraines du pays, condamnant ainsi des générations actuelles et futures à de terribles problèmes hydriques et une catastrophe sanitaire.

Pour Pascal Nakohoun, directeur des études et information sur l’eau, du ministère de l’eau : « notre pays reçoit environ 200 milliards de m³ d’eau sous forme de pluie, mais nous ne retenons même pas plus de 10 milliards ». Malgré cette insuffisance des ressources en eau, la pollution vient encore plus dégrader la situation.

Nécessité de renforcer les politiques de protection de l’environnement

L’Etat burkinabè s’est engagé à travers diverses politiques à protéger l’environnement et le cadre de vie des burkinabè. C’est dans cette logique que le ministère en charge de l’environnement a été créé en 1976, soit quatre ans après la conférence de Stockholm sur l’environnement et le développement. Cet engagement suit plusieurs cadres que sont les cadres juridiques, réglementaires, politiques et institutionnels.

En effet, sur le plan juridique, les articles 14, 29, 30 et 101 de la Constitution du Burkina Faso ainsi que d’autres textes législatifs interviennent dans la protection de l’environnement du pays. Aussi, des engagements internationaux tels que la Convention Africaine pour la Conservation de la Nature et des Ressources Naturelles, la Convention Cadre sur les Changements Climatiques, le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques viennent consolider le cadre juridique de protection de l’environnement au Burkina Faso.

Sur le plan institutionnel, les différentes politiques de protection de l’environnement sont appliquées de façon décentralisée au niveau des collectivités territoriales et les communautés de bases.

Cependant, malgré la volonté des différents gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays, force est de constater que l’état de l’environnement au Burkina Faso n’est pas très reluisant. C’est la preuve que bon nombre de ces politiques n’ont pas été pleinement effectives.

En effet, la désertification a continué à avancer et l’activité minière, surtout celle artisanale, continue de polluer l’environnement. La situation sécuritaire que connaît le Burkina Faso a changé les priorités du gouvernement, laissant la question environnementale au second rang. Pourtant, face à l’urgence de la question du changement climatique et à la nécessité d’un environnement sain pour une meilleure tenue des activités économiques, il est nécessaire de mettre la question environnementale au cœur des décisions politiques.

Des mesures doivent être prises afin de mieux protéger l’environnement au Burkina. Il s’agit, entre autres de profiter de l’existence des fonds verts destinés aux financements projets en faveur de l’environnement, pour financer des projets de protection de l’environnement. Une autre initiative toute aussi simple consistera à faire de la sensibilisation auprès des populations locales afin de diffuser les bonnes pratiques en matière de protection environnementale. Le reboisement avec suivi est à encourager ainsi que l’agriculture écoresponsable.

L’urgence de la situation environnementale au Burkina Faso appelle à des actions concrètes et coordonnées pour assurer un avenir durable au pays. Il est temps de faire de l’environnement une véritable priorité nationale.

Mouvement de Réflexion sur les Opportunités de Développement du Burkina Faso (MROD/BF)

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