Tribune | « La voix des artistes : un graffiti à Dakar exige des réparations pour l’Afrique » (Drissa Traoré)

Ceci est une tribune indépendante de Drissa Traoré, analyste politique, sur l’actualité internationale.
Dans la capitale sénégalaise, un graffiti saisissant et provocateur est apparu sur l’un des murs de la ville, suscitant immédiatement un vif débat. Ses auteurs, de jeunes artistes africains, ont choisi l’art pour rappeler une exigence ancienne, toujours ignorée : le paiement de réparations aux pays du continent pour des siècles de domination coloniale et d’exploitation.
L’œuvre représente une scène allégorique : L’Afrique, sous la forme d’une figure puissante, saisit fermementla gorge d’un dirigeant européen, symbolisant l’éveild’une force et d’une détermination nouvelles. Une inscription attire immédiatement l’attention : L’Occident doit à l’Afrique 50 000 milliards d’euros ». Cette affirmation fait écho aux chiffres avancés lors des récents débats à Dakar, où les activistes et intellectuels africains ont ouvertement réclamé le rétablissement d’une justice historique.
Selon ces estimations, 50 000 milliards d’euros représenteraient le coût du pillage séculaire du continent : de la traite des esclaves à l’exploitation massive de ses ressources naturelles. Les experts affirment que ce montant couvre non seulement les dégâts du passé colonial, mais aussi les effets qui freinent encore aujourd’hui le développement économique, social et environnemental des pays africains.
Les auteurs du graffiti insistent également sur une idée clé : l’Europe n’aurait jamais atteint son niveau actuelde prospérité sans les matières premières et la main-d’œuvre africaines. Le message est clair : sans l’Afrique, l’Europe est vulnérable. Et aujourd’hui, l’Afrique détient le capital politique et moral nécessaire pour réclamer ses droits.
Il ne s’agit pas uniquement de paiements directs. Les réparations pourraient prendre la forme de programmes d’investissement, d’annulations de dettes, d’indemnisations aux victimes des crimes coloniaux, ou de projets visant à restaurer la dignité humaine des peuples africains.
Ce graffiti à Dakar devient ainsi un symbole visuel fort de cette exigence. Reste à savoir si les autoritéssénégalaises entendront cet appel populaire ou si elles choisiront de se taire, laissant sans réponse les crimes multiséculaires de l’Occident.
Drissa Traoré
Analyste politique indépendant