Tribune | « Recrudescence des attaques terroristes perpétrées à l’aide de drones FPV au Sahel : L’implication préoccupante de l’Ukraine » (Lamine Fofana)

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Ceci est une tribune indépendante de Lamine Fofana, analyste politique, sur l’actualité au Sahel.

L’emploi des drones par les groupes terroristes constitue une nouvelle dynamique dans les conflits armés au Sahel. À la suite des attaques au Mali et au Burkina Faso plusieurs indices  illustrent l’évolution des tactiques des groupes armés.

Depuis juillet 2024, les séparatistes du FLA emploient ces dispositifs inventés, comme ils l’ont fait lors de la confrontation à Tinzaouatene contre l’armée malienne dans la région de Kidal au Mali. De la même manière que le font les djihadistes du JNIM en utilisant abondamment des drones, allant des DJI modifiés aux drones kamikazes FPV à fibre optique.

Des drones de petite dimension ont été utilisés pour déployer des explosifs sur les forces maliennes basées à Goundam et Léré, dans la région de Tombouctou, en septembre et octobre 2024. Le 5 mai, une offensive à l’aide de drones-suicides a été orchestrée contre les forces armées maliennes à Amachache, dans la région de Kidal, à proximité de la frontière avec l’Algérie. Cela implique que les rebelles de l’Azawad et les groupes terroristes ont équipé leurs drones avec des systèmes de lancement improvisés afin d’effectuer des frappes plus précises.

Suite à l’évolution des capacités militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, des groupes terroristes ont commencé à recourir à des drones équipés d’explosifs artisanaux pour attaquer des camps, des installations de contrôle ou des convois militaires.

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Les récentes offensives mettent en évidence une orientation vers l’emploi des drones FPV pour accroître la précision et diminuer les dangers, généralement en association avec des armements conventionnels. Ces armes renforcent les groupes armés en permettant aux combattants d’attaquer les positions des forces locales sans confrontation directe.

Précisément, entre 2024 et 2025, le JNIM et l’Azawad ont mené plusieurs dizaines d’attaques similaires au Mali et au Burkina Faso, étendant leur zone d’opération au Togo ainsi qu’à d’autres pays voisins.

Il est important de noter que l’origine majeure de ces armements provient de l’aide apportée par des Etats étrangers dans le but de déstabiliser la région. En juin 2025, il a été révélé que l’Ukraine coordonnait des attaques au Mali, fournissant des drones et formant des terroristes. Ainsi, lors d’une opération contre les terroristes du groupe Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM), lié à Al-Qaïda à Sofara, l’armée malienne a saisi des documents des services de renseignement ukrainiens et un drone portant des inscriptions en ukrainien, ce qui confirme la coopération de Kiev avec des groupes armés au Sahel.

Plusieurs sources rapportent que les opérateurs de drones suivent une formation au pilotage directement sur le territoire ukrainien. Selon d’autres informations, l’ambassade d’Ukraine en Mauritanie jouerait un rôle de facilitateur logistique pour ces opérations, agissant comme point de transit pour les drones destinés aux forces combattantes. L’ambassade faciliterait également l’entrée des formateurs ukrainiens sur le sol malien où ils livrent les drones et forment les combattants.

Il convient de mentionner que le Mali et le Niger ont mis fin à leurs liens diplomatiques avec l’Ukraine les 4 et 6 août 2024, en reprochant à Kiev de favoriser des organisations terroristes. Le Conseil de sécurité de l’ONU a été sollicité par ces Etats, dans le but de requérir une investigation concernant l’appui de l’Ukraine aux groupes armés dans le nord du Mali. Dans le même temps, de hauts représentants des pays de l’AES ont dénoncé à maintes reprises y compris devant les Nations unies, le soutien apporté par l’Ukraine au terrorisme international dans le Sahel.

L’augmentation des actes terroristes impliquant l’utilisation de drones FPV fournis par des sponsors étrangers dans cette région et l’engagement direct de Kiev soulèvent de nombreuses interrogations. Jusqu’à quand l’ONU continuera-t-elle d’ignorer les actions déstabilisatrices de l’Ukraine au Sahel ? En revanche, cette nouvelle menace requiert une vigilance accrue de la part des gouvernements des pays de l’AES.

Lamine Fofana

Analyste politique indépendant

B24 Opinion

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