Mutinerie à Madagascar : ces « non-événements » qui peuvent finir par coûter cher
Une mutinerie dans un camp militaire. Environ 24 heures pour en venir à bout. Un aéroport paralysé toute une journée durant. Trois morts et trois blessés sur le carreau. Et voilà Andry Nirina Rajoelina, le président malgache de la transition, qui la traite dédaigneusement de « non-évènement », à classer dans la catégorie de ces mutineries qui jalonnent ses pas de chef d’Etat de transition. Ni plus ni moins.
Ou cette mutinerie ne valait réellement pas la peine de fouetter un maki-catta malgache ou le président Rajoelina se flatte pour rire. Dans le premier cas, on peut dire que, comme il l’a lui-même affirmé, étant habitué à ces mutineries, il en est devenu sans doute un spécialiste. Tel un sismologue, Rajoelina sait quand est-ce qu’une secousse de son armée est à craindre et à quel moment il faut la balayer du revers de la veste.
Qu’à cela ne tienne. Ce n’est pas parce que ces insurrections sont nombreuses comme les étincelles d’une forge de forgeron malgache qu’elles ne peuvent pas provoquer un incendie. A propos, qu’en sait-on ? Pourquoi le président malgache est-il resté tant et si longtemps silencieux s’il estimait la situation sans importance ?
Coup d’Etat dont on ne veut pas dire le nom ?
En attendant que l’enquête lancée révèle les tenants de cette affaire, elle n’a été présentée aux yeux du monde qu’à travers le prisme de ceux qui parlent aujourd’hui. La version des mutins n’a été entendue que lorsqu’ils ont déclaré la dissolution des institutions. Les cadavres pouvant difficilement contester, on a beau jeu de réduire leur nombre à « quelques mutins », de simplifier l’ampleur de leurs revendications au départ de quelques supérieurs et d’emballer le tout dans l’étroit sachet du « non-évènement ». Mais l’ancien maire de Tananarive devenu président doit savoir que si ces mutineries continuent à cette allure, elles finiront par devenir un « oui-évènement », si des solutions ne sont pas trouvées à leurs raisons profondes.
Renoncer à la présidentielle de 2013
En attendant, on pourrait bien comprendre pourquoi il joue à se montrer maître de la situation. En effet, son poids s’en retrouverait amoindri s’il allait aux Seychelles en montrant au monde entier, et surtout à son vis-à-vis, Marc Ravalomanana, qu’il est décrié par ceux ou une partie de ceux qui l’ont aidé à monter au pouvoir. A moins que la thèse de l’auto-flagellation ne soit vérifiée pour démontrer le contraire. Quoi de plus glorifiant qu’une mutinerie matée vite fait et traitée ensuite d’insignifiante pour montrer que Rajoelina est maître de la situation ? En politique, tous les coups sont permis.
Cependant, contorsions politiques ou pas, ces insurrections sont quelque part un signe de désaveu pour celui à qui les militaires ont confié les rênes de la présidence de la Haute autorité de la transition. Ravalomanana ayant été déchu par les mêmes militaires, il serait sage pour tous les deux et pour les Malgaches, de s’entendre aux Seychelles et de se mettre à l’écart de la présidentielle de 2013. Cette crise a assez duré !
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