Individualisme au Burkina : Ces frontières à ne pas franchir
Il n’y a pas longtemps, à Pakassongo, des Bwaba ont voulu en découdre avec des Peulhs. Pourtant, Bwaba et Peulhs sont parents à plaisanterie. Cette semaine, dans un village appelé Ganden dans le Sanmatenga, des confrères ont fait cas des populations, leur chef en tête, qui ont décidé de rayer les Peulhs de leur contrée. A Ouagadougou, dans cette même semaine, la presse a rapporté le fait de cette dame qui a été agressée en pleine rue, en plein après-midi sans que les passants ne daignent lui porter secours. C’est là un chemin dangereux qu’empruntent les Burkinabè et il est temps de faire demi-tour au pas de course !
Le danger de l’intolérance
Il ne sert à rien de caresser le dessus de la plaie. De plus en plus, les Burkinabè commencent à faire de l’intolérance, une prédilection. Dans les villes comme Ouagadougou, elle se résume à s’injurier copieusement en circulation, à ne laisser la priorité à personne, à chercher noise à son prochain pour un rien. Un tour dans les lieux où il est question de faire un rang pour accéder à un service et on est édifié par la hargne et l’animosité inexplicables que se vouent les uns et les autres. Les fins de mois devant les banques, la bousculade qui règne devant les portes n’a d’égale que le manque de pitié et de respect qu’ont les jeunes gens pour les personnes qui sont plus âgées qu’eux. De plus en plus, aider le badaud égaré à retrouver son chemin devient agaçant quand ledit badaud s’égare à demander des renseignements.
Dans les zones rurales, l’intolérance prend des couleurs ethniques. Et les conflits fonciers donnent l’occasion de mettre à jour ce mépris de mauvais aloi que certaines ethnies se vouent l’une à l’autre. La plus accusée de toutes est sans doute celle des Peulhs, synonyme de bœufs qui détruisent les champs et de personnes qui n’ont pas de chez soi qui veulent accaparer des terres qui ne leur appartiennent pas. Cela se constate aisément quand des parents dédaignent la sage voix de la plaisanterie séculaire pour étrenner le sabre sanglant de la haine génocidaire.
On ne parlera pas de ces préjugés tenaces qui pèsent sur chaque ethnie, faisant que le bissa n’est jamais de bonne foi, que le moaga est sournois, que le gourmantché est un dangereux féticheur et j’en passe. Ce sont des considérations qu’il faut travailler à étouffer dans l’œuf avant qu’elles ne prennent des envergures autrement dramatiques. Les populations doivent nourrir cette tolérance dans leur cœur et les gouvernants doivent trouver une solution aux brebis galeuses.
L’enfer de l’indifférence
La tolérance est le plus grand ciment qui a permis à la soixantaine d’ethnies vivant au Burkina Faso de se supporter jusqu’aujourd’hui. La langue et les dents se trompent parfois de rôle, mais pas au point que la bouche n’arrive plus à assumer la mission qui profite à tous : broyer la nourriture. La parenté à plaisanterie est une richesse inestimable que nous nous devons de nourrir, développer, adapter et pérenniser. Pourquoi ne pas l’inculquer aux jeunes burkinabè à travers leurs manuels scolaires et encourager les actions tendant à la vulgariser ?
Mais il ne s’agit pas seulement de se tolérer. Il faut également s’entraider. La solidarité est cet autre boulon qui serre les pans de notre vivre ensemble. Mais le déclin de cette valeur s’observe plus dans les grandes villes du Faso. Pourtant, elles ne gagnent rien à copier les cités occidentales où l’on ne s’aperçoit de la mort de son voisin que quand l’odeur de sa putréfaction parvient aux narines individuelles de ses voisins de palier.
Le malheur arrivé à cette dame qui s’est fait agresser en pleine journée sans que personne ne lui vienne en aide ne doit plus se répéter. La race des voleurs et des brigands ne doit pas prospérer parce qu’ils savent qu’un « au secours » ne les inquiétera plus. Il faudrait peut-être que les Ouagalais arrêtent de croire que le malheur d’autrui ne peut jamais arriver à soi-même demain. Ne portez pas secours aujourd’hui et l’on suivra votre exemple demain quand ce sera votre tour.
L’indifférence, l’individualisme exacerbé, l’intolérance sont les ingrédients d’une désastreuse bombe pour toute nation qui se mettrait à les cultiver. Comme la perdrix qui acquiert de l’expérience en voyant plumer la poule, le Burkina doit s’éloigner de ce qui a fait le malheur du Rwanda et de la Côte d’Ivoire. Quelques exemples qui doivent faire réfléchir.
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Quand j'?tait petit fille ? Ouaga, les gens se supportaient tr?s bien (m?me si l'on racontait des tas d'histoires, o? la plaisanterie, la moquerie ?taient la r?gle)… Quand j'avait 10 ans, nous ?tions partout en s?curit? en Haute Volta, alors qu'? la m?me ?poque au Tchad, les Toubous massacraient les Saras sur le march? de Fort Lamy (aujourd'hui N'Djammena!) et des ?l?ves du lyc?e de la m?me se bataient ? coup de sagaie… Ma famille africaine (des Mossis), m'a apprit le respect des personnes ?g?es, le respect de l'?quilibre, la fiert? d'?tre tol?rante et g?n?reuse, d'?tre digne de mes anc?tres…. Dois-je comprendre que ces valeurs humaines n'ont plus court dans le Burkina moderne?