Burkina Faso : les mariages d’enfants, un phénomène de plus en plus préoccupant
Amnesty International Burkina Faso s’attaque à la problématique des mariages précoces au Burkina Faso. A l’occasion du 14 février, la section a organisé une soirée gala pour partager son inquiétude face à ce phénomène de société à la peau dure.
Au Burkina Faso, la pratique des mariages précoces a la peau la dure. Selon les chiffres d’une étude de Population Council, le mariage précoce se produit fréquemment dans les zones rurales, où 62 pour cent des filles âgées de 20 à 24 ans sont mariées avant l’âge de 18 ans. Le Burkina Faso, où l’âge légal du mariage est de 18 ans pour les filles, enregistre l’un des plus forts taux de mariage d’enfant au monde au monde.
Le pays a pourtant adhéré à la Convention sur le consentement au mariage, l’âge minimum du mariage et l’enregistrement des mariages. Une Convention qui vise à lutter contre les pratiques attentatoires à la liberté et à l’égalité des jeunes époux, en imposant aux États signataires de fixer un âge minimum avant lequel les personnes ne peuvent légalement contracter mariage. Mais la législation burkinabè existante peine à être appliquée et le phénomène persiste.
En plus de leurs conséquences dévastatrices, les mariages précoces constituent, selon Amnesty International Burkina Faso, une forme de violence et une violation grave du droit de disposer librement de son corps et de décider de son avenir. La section a décidé d’agir avec des associations partenaires, travaillant sur la thématique, notamment l’Association d’éveil et d’appui Pugsada. Ensemble, ils demandent entre autres, que les autorités prennent toutes les mesures législatives nécessaires pour relever l’âge légal du mariage pour les filles en accord avec les normes internationales, mais aussi, qu’elles veillent à l’application de la législation existante en matière de mariage.
A la Saint Valentin, Amnesty n’oublie pas les filles mariées précocement
Le vendredi 14 février 2014, avec une centaine de jeunes de la ville de Ouagadougou, Amnesty International Burkina Faso a voulu, à sa façon, somme toute originale, fêter l’amour: une soirée gala, pour la cause de ces nombreuses filles contraintes de vivre une union avant l’âge légal. La soirée gala dont l’initiative a été soutenue par la section canadienne d’Amnesty International.
« Nous avons choisi le 14 février, jour dédié aux amoureux, pour avoir une pensée à l’égard de toutes ces filles qui sont dans une union précoces, malgré elles et qui ne connaissent pas très souvent l’amour » a justifié Noelie Kouaraogo, coordonnatrice Jeunes et genre à la section Burkina d’Amnesty International. Cette pensée a été symbolisée par la remise de fleurs, collectées par des enfants canadiens, à l’Association d’éveil et d’appui Pugsada. Une façon pour ces enfants canadiens, de « traduire la solidarité à l’égard des filles qui ont leur âge mais qui se retrouvent parfois dans des unions précoces » selon Noëlie Kouraogo.
Cette soirée gala du 14 février a permis aux participants, en majorité des jeunes, d’échanger autour du phénomène, de lancer des pistes de combat. Pour Amnesty International Burkina Faso, il s’agit d’un premier pas vers la prochaine campagne de la section, « mon corps mes droits »qui sera lance le 8 mars prochain, dans le but de promouvoir les droits sexuels et reproductifs des femmes.
Justin Yarga
Burkina 24
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