Transition : Entre la représentation politique et associative, il faut choisir !

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Sidpawalemda Ouédraogo  revient dans cette tribune pour poser des questions sur la présence de la société civile dans le Conseil national de transition, et par-delà, sur l’image que donnent certaines organisations à mi-chemin entre la politique et la société civile. 

La chute du régime Compaoré marque une victoire de taille dans le processus révolutionnaire burkinabè. Mais cette révolution serait incomplète si elle ne devait se limiter qu’à cela. La révolution est synonyme de changement, bien souvent radical.

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Et la seule chute du régime Compaoré aussi décrié fut-il ne suffira pas à réaliser le changement espéré pour notre Nation. Le vrai changement doit se faire par le renouvellement des pratiques à tous les niveaux, dans la transformation des mœurs politiques.

J’avais tant espéré ce changement. Et le rôle joué par certains mouvements associatifs de jeunes dans la lutte contre la modification de l’article 37 nourrissait mon espoir d’un changement qualitatif mu par les valeurs, notamment celle d’intégrité que nous enjoint le nom de notre pays. J’entrevoyais une jeunesse consciencieuse, consciente de ses droits mais surtout soucieuse de ses devoirs envers la nation.

Ce devoir, certains l’ont payé par leur sang voire de leur vie. Mais le spectacle et le mélange des genres qu’il nous a été donné d’observer ces derniers jours tempère nos ardeurs et notre optimisme. Et pour cause, la jeunesse disciplinée dans lutte contre le pouvoir Compaoré s’est muée en une vorace qui bande les muscles pour se faire une place au soleil du CNT. Après moult tracas, une liste de 25 personnes, jeunes pour la plupart est tombée.

Le moment semble venu pour eux de récolter les fruits de la lutte. Ils appréhendent leur statut de conseiller non comme un sacerdoce mais comme un retour sur investissement

Les heureux élus siégeront au sein du CNT pour le compte des OSC. Mais la révolution ayant aiguisé le goût pour la transparence et la vigilance critique des citoyens, certains se sont donc permis de jeter un coup d’œil sur le profil et l’histoire militante des conseillers désignés. Et surprise ! On constate avec stupéfaction que nombre des conseillers représentant les OSC ne sont rien d’autres que des militants politiques actifs, assumant des responsabilités dans l’aile jeunesse de certains partis politiques.

A la différence du Balai Citoyen qui a choisi d’assumer jusqu’au bout sa mission de veille et de vigilance sur les acteurs politiques notamment ceux de la transition en s’abstenant de participer aux structures ou d’assumer des mandats de représentation, d’autres ont choisi d’intégrer le CNT.

Le moment semble venu pour eux de récolter les fruits de la lutte. Ils appréhendent leur statut de conseiller non comme un sacerdoce mais comme un retour sur investissement. Mais ce qui cause problème c’est la confusion des genres avec la double casquette de militant politique et d’activiste de la société civile, toute chose qui est fortement préjudiciable à la représentation au sein du CNT.

Je me permets de m’arrêter sur le cas de M. Aziz Sana, car il est symptomatique de la survivance des pratiques de l’ère Compaoré que notre jeunesse devrait proscrire. J’ai choisi le cas Sana, parce qu’il est assez illustratif du mélange de genres que nous avons dénoncé de tout temps et qui tend à se perpétuer malgré la révolution.

M. Sana, il faut l’admettre, a suscité une certaine admiration à un moment donné à travers l’activisme de son mouvement « Ça suffit ». Sa lettre à Guillaume Soro et la réplique de ce dernier ont contribué à lui donner une certaine aura. Les initiatives de prise de contact de son mouvement avec divers partis politiques pour échanger autour de la lutte sont aussi à mettre à son crédit.

Lorsque vint le moment de désigner les représentants au CNT, c’est tout naturellement qu’il s’est porté candidat et a été désigné comme tel dans le pool des organisations spécifiques pour représenter les OSC.

Quand on fait un détour sur l’activisme de M. Sana, on note aussi qu’il est ou fut militant de l’ADF/RDA. A ce titre il a été en 2012 le Président du Comité national d’organisation des assises des jeunes de l’ADF/RDA, le parti qui trahit son serment pour accompagner le CDP dans son entêtement à modifier la Constitution.

Cet état des faits a conduit nombre de jeunes à s’interroger à son propos : est-il un cheval de troie de l’ADF/RDA? Le souvenir d’un Tasséré Savadogo, autre militant ADF/RDA qui avait tenté d’infiltrer la lutte avant de retourner à ses premiers amours politiques nous remonte inlassablement à la mémoire. En ce qui concerne M. Sana certains font valoir qu’il aurait viré au MPP. Si jeune et déjà nomade politique !

Le changement n’est pas seulement pour les autres. Entre militantisme politique et activisme au sein de la société civile, il faut choisir lorsque vient le moment de la représentation

Dans tous les cas, ce n’est pas le militantisme politique de M. Sana qui cause problème en soi. Avoir des ambitions politiques et militer dans un parti n’est pas une tare. Bien au contraire, c’est tout à l’honneur des jeunes qui sont investis en politique. Mais se servir de la société civile comme d’un strapontin, c’est ce qui suscite la réprobation.

Il serait inadmissible qu’un militant politique reconnu comme tel se retrouve à assumer des charges pour le compte de la société civile au sein du CNT. Les partis politiques ont un quota et s’ils accordent du crédit à leurs jeunes, ils doivent y assurer la représentation de leurs jeunes.

Sommé de s’expliquer à travers les réseaux sociaux et de clarifier sa situation. M. Sana répond par une fuite en avant en faisant observer que la charte n’interdit pas à un militant actif de parti politique, fut-il même un chef de parti politique, de siéger au CNT au nom de la société civile. Et c’est précisément là que le bât blesse et la déception se fait grande. J’avoue que j’attendais mieux de la jeunesse porteuse du changement.

Le changement n’est pas seulement pour les autres. Entre militantisme politique et activisme au sein de la société civile, il faut choisir lorsque vient le moment de la représentation. Voilà une jeunesse qui prétend vouloir le changement sans pour autant renouveler les pratiques politiques et qui finalement emprunte exactement les mêmes sentiers que celui du régime qu’il a combattu. Les relations incestueuses entre OSC et partis politiques sont connues.

Vous comprendrez pourquoi au sein du bureau exécutif du CDP François Compaoré et Alpha Yago étaient en charge du mouvement associatif, pourquoi sous la forme associative la FEDAP-BC agissait en tant qu’acteur politique, et que fleurissait les associations et mouvements de soutien au référendum.

Les associations qui servent d’antichambres aux partis politiques sont celles qui discréditent la société civile et minent la démocratie

Ma déception vient de ce que je pensais que la jeunesse porteuse de changement avait d’autres ambitions pour ce pays. Des ambitions autres que celles du recours à un légalisme étriqué pour justifier des ambitions en contradiction avec l’intérêt général, tout comme le CDP savait bien le faire.

Le CDP justifiait son entêtement par le fait que rien dans la Constitution n’interdisait la modification de l’article 37. Aujourd’hui M. Sana se justifie par le fait que la Charte n’interdit pas même à un président de parti politique de siéger au CNT pour peu qu’il soit par ailleurs engagé dans une OSC.

Que de mauvaise foi ! Pensez-vous raisonnablement que Zéphirin, Roch, Me Bénéwendé ou tout autre responsable politique pourrait siéger au nom de la société civile sans que cela ne soulève des réprobations et contestation quant à la légitimité d’une telle représentation ?

Les associations qui servent d’antichambres aux partis politiques sont celles qui discréditent la société civile et minent la démocratie. Que l’on ne s’étonne donc pas que les pratiques au sein des partis contaminent ou déteignent sur les associations et mouvements de la société civile. C’est pour ces raisons que nous en appelons à un renouvellement des pratiques politiques et associatives.

Ces jeunes qui font dans le mélange nuisent d’abord à l’image de leurs partis, soupçonnés d’infiltration. Ils nuisent à la société civile qui, devenue partisane, perdrait de toute crédibilité.

Ils nuisent enfin à la démocratie car en procédant ainsi, ils portent entorse aux règles de jeu démocratique. Nous ne pouvons réclamer le changement et continuer dans de telles pratiques. Et comme le disait si bien Gandhi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »

Sidpawalemda Ouédraogo

[email protected]

@sidpawalemda


NDLR : Le titre est de l’auteur

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11 commentaires

  1. Nous demandons aux tricheurs de rendre leurs d’?missions avant que la jeunesse consciente vous boude et vous fasse goutter la pire humiliation que vous n’avez jamais connu, pire que celle qu’? connu blaise le tyran et sa suite.notre nombre est notre force! Ensemble nous vaincrons!

  2. Dire que le balai n'est pas un exemple, c'est du blasph?me , il a refus? d'?tre dans le conseil et opt? de veillez au grain .je m'adresse ? monsieur Nikiemaadama

  3. Il faut savoir que dans l’adversit? on ne fait pas toujours ce qu’on souhaite mais ce qu’il faut pour notre survie m?me s’il faut sign? un pacte avec le diable. je ne justifie pas les erreurs des uns et autres je dit qu’il faut pardonner pour ceux qui sont pardonnable et repartir sur de nouvelle bases. demand? ? Mrs B?n?wend? ce qu’il en est de l’affaire de d?domagements des travailleurs de fasofani en son temps ? chacun ? un moment donn? ? eu un cadavre dans son placard et il ne faut pas oubli? qu’en 27 ans de r?gne le regime ? d?cider ? un moment ou autre de notre av?nir.

  4. SELON TOI TU PENCE VRAIMENT QUE CEST POUR QUE BLAISE PARTE QUI EST A L ORIGINE LE COMBAT NES TAIS PA POUR UN DEPART MAIS POUR LA LOIS QUI DEVAIT ETRE VOTE LE 30 OCTOBRE .OUI BLAISE A PREPARE UN RELEVE QUI A ETES VOMIRE PAR TOUT LE MONDE DONC NES DIT PA QUE LA JEUNESSE NA PAS D AMBITION MAIS JE DIT QUE SI LA JEUNESSE VOULAIT LE POUVOIR ENTRE LE MOMENT QUE LES MILITAIRE EST RESTER SILENCIEUX ILS POUVAIT AVOIR UNE DECLARATION DE LEUR PART

  5. il n’y a donc que Me SANAKARA de l’UNIR PS qui soit cr?dible dans toute cette population de partis politiques!

  6. ADF=MPP=UPC=CDP ! tous des malhonnetes! l’UPC et le MPP sont pire que l’ADF car eux qui ont participer ? la r?daction de la charte sont muets alors que leurs membres du BPN ou du SEN sont pr?sents au CNT tout comme SANA! et oui, la malhonnet? s’apprend au CDP! ils sont pr?sents au CNT non en tant que repr?sentant de leurs formations politiques, mais en tant que repr?sentant de la soci?t? civile ? Franchement, le MPP et l?UPC sont des partis malhonn?tes tout comme leurs g?niteurs brusquement aphone, puisqu?ils esp?rent que leurs ouailles passent les filets de notre vigilance ! « Militer un jour au CDP vous serez toujours malhonn?te comme le CDP » Mon adage vient d??tre prouver par l?|UPC et le MPP. Voici leurs noms : Marie Madeleine SOMDA, Secr?taire national charg? des nouveaux talents et de la rel?ve g?n?rationnelle du Bureau Politique National de l?Union pour le Progr?s et le Changement (UPC), Yaya Karambiri, le secr?taire g?n?ral de l? AJLA/MPP, (les jeunes du Mouvement du peuple pour le progr?s), Sourgou Abdoulaye du MPP ! si Kafando dit que plus rien ne sera comme avant, alors il faut agir !

  7. ? peine parti qu ils se disputent la charogne .Du n importe quoi.Sana Aziz devrait se ressaisir,comme les autres ,pendant qu il est temps.

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