Foncier rural: « Il faut que l’Etat nous cherche un site d’accueil » (Moussa Diabouga, agriculteur)
Le foncier est à l’origine de bien de conflits ces dernières années au Burkina. Pour mieux cerner le problème, Oxfam a réuni pendant 4 jours, organisations paysannes et acteurs de la société civile pour en débattre. Le panel a pris fin l’après-midi du vendredi 10 juin 2016.
Les déplacements de population suite à des conflits liés au foncier sont devenus lésion. Des conflits qui interviennent à la suite d’établissement de zones de pâturage, d’exploitations minières ou de promotion d’un agrobusiness à travers de « fausses » solutions à la crise alimentaire.
Une question, qui semble constituer une bête noire pour les autorités politiques. « Les questions foncières sont certes délicates », a admis Omer Kaboré, le directeur pays d’Oxfam. « Mais, dit-il, cela ne saurait être une excuse pour les esquiver et ne pas assumer pleinement les responsabilités qui incombent à tous, aux décideurs politiques ».
Selon lui, il appartient à l’Etat de poser des actes concrets, de prendre et de faire respecter ses engagements et à opérationnaliser les dispositions législatives en faveur d’un accès sécurisé et adéquat à la terre. Ainsi, en plus de la requête de relecture de la loi 034-2009 traitant du foncier, les acteurs du monde rural, notamment les femmes rurales exigent le respect du quota de 30%.
Au terme des 4 jours de réflexion, les participants, réunis au sein de la dynamique burkinabè de la Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau en Afrique de l’Ouest, ont pris une résolution. « Nous nous engageons à développer la solidarité entre nous et plus largement pour renforcer notre capacité de soutien aux victimes de déguerpissements, de détention arbitraire et abusive en s’appuyant sur les systèmes de veille et d’alerte existant au sein de nos organisations ».
Un engagement qui réjouit à plus d’un titre Moussa Diabouga, un participant venu de Konkoufouanou, une localité située à 70 km de Fada, chef-lieu de la région de l’Est. Le 13 juin 2015, raconte le paysan, « les autorités burkinabè sont venues pour faire le déguerpissement de Konkoufouanou. Il n’y a rien à Konkoufouanou. Maintenant, on n’a pas un lieu pour cultiver ». Un déguerpissement qui a eu lieu, dit-il, à la suite de l’instauration d’une zone de pâturage.
La saison des pluies reprend lentement son cours. Sans avoir des superficies cultivables ailleurs, les habitants de Konkoufouanou ont repris possession de leur lieu habituel de résidence en avril 2016. « Nous sommes déjà à l’ancienne place. Ce que nous voulons maintenant, s’ils veulent que nous quittons – parce d’autres sont partis au Bénin, au Togo, Ghana – on n’a pas eu de lieu pour cultiver. Il faut que l’Etat nous cherche un site d’accueil. Sans ça, on ne quitte pas là (sic) », prévient-il.
Ce ne sont pas les raisons qui manquent. Campant sur son statut de fils de la nation, il se pose cette question : « On va aller où ? ». La réponse : « On peut pas aller au Ghana, au Bénin ». D’où la décision de rester même si dit-il, « on n’a pas d’endroit où cultiver (sic) ».
Toujours selon Moussa Diabouga, les cases ayant été brûlées lors du déguerpissement, « il n’y a plus de maisons pour dormir». Il attend de l’Etat qu’il leur fournisse des tentes en attendant de pouvoir construire des habitats. Et pas seulement. « On a une école. On veut que l’école ouvre pour que nos enfants continuent les études», ajoute-t-il.
Oui Koueta
Burkina24
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