Bagrépôle : « On avance à vitesse grand V pour rattraper le temps perdu »
La croyance actuelle est que « le pôle se trouve à Bagré mais la croissance à Ouagadougou ». Mais les premiers responsables de Bagrépôle donnent rendez-vous dans quelques mois. « Bagrépôle est en train de prouver que le PNDES est la bienvenue ». Parole d’un habitant de Bagré.
Le nouveau référentiel de développement au Burkina Faso se fonde en priorité sur la dynamisation des pôles de croissance économique. Dans la mise en œuvre du PNDES (Plan national de développement économique et social), il est prévu le lancement de nouveaux pôles notamment à Sammendéni et dans le Sourou. Des pôles qui viendront s’ajouter à celui de Bagrépôle qui est dans sa phase de mise en œuvre depuis 2012 avec une première convention signée avec les bailleurs de fonds en 2011.
Le pôle de croissance de Bagré se veut une institution autonome dans sa promotion. Il constitue en réalité une expérience pilote sur le plan national. Le 5 mai 2017, le gouvernement a présenté un tableau « reluisant » sur sa mise en œuvre à l’Assemblée nationale lors d’une séance plénière. Mais, le Parlement burkinabè a estimé que ce « tableau idyllique » est en déphasage avec la réalité sur le terrain. Selon la Représentation nationale, les joyaux faisant autrefois la fierté de Bagré et créant des emplois étaient en état de délabrement.
« La vraie reprise de Bagrépôle, c’est en 2016 »
Le manque d’infrastructures piscicoles et écotouristiques, l’indisponibilité des intrants homologués, l’insuffisance de canaux et bornes d’irrigation, la mauvaise gestion de l’eau, le non-respect du calendrier cultural, les mauvaises conditions de vie et de travail des 3.250 exploitants familiaux, les problèmes d’écoulement des productions, le manque de matériels, de tracteurs, de motoculteurs, d’eau potable, de logements sociaux, d’écoles, de centres de santé, de pistes à bétail, le ralentissement des investissements pilotes et le manque d’emplois, étaient itérativement décriés.
Selon le Directeur général de Bagrépôle, Joseph Martin Kaboré, il s’agit d’un constat qu’il faut situer dans son contexte. Pour lui, effectivement, juste après l’insurrection populaire et la Transition au Burkina, le constat était amer. Cependant, dit-il, les retards sont en train d’être comblés et Bagrépôle retrouve peu à peu son lustre d’antan.
« Depuis 2016, il y a eu un effort significatif. L’ensemble des bailleurs de fonds l’a même reconnu. Au regard de l’immensité des attentes, on pourrait avoir l’impression que le projet n’avance pas bien. Certes, le projet Bagrépôle a connu un certain retard. Ça, c’est indéniable. Cela est dû aux perturbations qu’a connues le pays depuis 2013. Ce qui était prévu pour être terminé en 2017, c’est seulement en fin 2016 que cela a commencé. Mais déjà, nous avons des perspectives de livraison qui sont très encourageantes. La vraie reprise de Bagrépôle, c’est en 2016 », foi du DG de Bagrépôle.
« On avance à vitesse grand V pour rattraper le temps perdu »
Le 20 mai 2017, des journalistes ont pu faire le constat sur le terrain. Sur les 500.000 hectares dédiés au projet, 30.000 hectares sont actuellement en train d’être viabilisés. A en croire Yacouba Ouédraogo, le Responsable environnemental, il y a 16 villages artificiels lotis (munis de CSPS, d’écoles, de magasins de stockage, de forages) et 108 agro-investisseurs.
Une trentaine de conseillers agricoles, selon lui, sont en train d’être recrutés dans le cadre de la mise en place d’une technologie dénommée « e-vulgarisation » afin de permettre un meilleur suivi des activités et un encadrement amélioré des producteurs.
Les Hommes de médias ont pu également découvrir le début et la poursuite des aménagements des rives gauche et droite, du prolongement (en cours) du canal primaire sur 20 km. « Au total, 4.400 hectares seront aménagés d’ici à juillet 2018 et 12 bassins piscicoles déjà construits seront concédés aux privés… Ici, ce qui reste pour les producteurs, c’est de travailler », lance le Responsable Suivi-Evaluation, Pascal Kaboré.
A l’écouter, l’eau quittera désormais depuis le barrage jusqu’aux parcelles destinées aux paysannats, sans effort, sans accompagnement par un système de pompage quelconque. Des privés seront cependant installés tout au long de l’aménagement vers les terres non loin du canal pour maintenir le niveau constant de l’aval.
Dans l’ensemble, l’on peut retenir que les travaux avancent à grands pas. Et au DG de Bagrépôle d’affirmer haut et fort : « L’évolution est très positive. Nous sommes actuellement dans une dynamique de relance et d’accélération du projet. C’est un apprentissage continu aussi au niveau des autorités. Parce qu’elles aussi, elles apprennent toujours… En fin 2017, vous allez venir inaugurer les premiers périmètres hydroagricoles aménagés de Bagrépôle. A près de 65% d’exécution physique actuellement, on avance à vitesse grand V pour rattraper le temps perdu ».
Des producteurs apprécient…
« Il n’y avait pas d’engrais. Mais depuis près d’une année, nous saluons la disponibilité des engrais. Maintenant, les choses vont bien ici. Sinon, avant, on payait des engrais de mauvaise qualité souvent même à 27.500 FCFA. Mais depuis lors, grâce au redémarrage du projet, nous payons les engrais de meilleure qualité à moins de 17.500 FCFA », se réjouit Guélbéogo, producteur dans le Village numéro quatre (V4, Rive gauche).
Aboubacar Nikiéma, propriétaire d’une bananeraie et membre du groupement Sougr-Nooma : « L’eau détruisait nos champs auparavant. Mais nous avons acquis plusieurs autres hectares grâce au projet. Des problèmes, il y en a mais grâce à Dieu, vraiment, ça va. Nous arrivons à faire des retours sur investissements. Le travail maintenant consiste à désherber le champs et payer environ cinq sacs d’engrais par an ».
Hamado Zabré, président du groupement Sougr-Nooma : « En tout cas, depuis quelques mois, on rend grâce à Dieu. Bagrépôle est en train de renaître de ses cendres ».
Noufou KINDO
Burkina 24
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