Gestion de situations conflictuelles : Le cheval de bataille du RIJ
Le choix des mots par les journalistes peut contribuer à envenimer une situation conflictuelle. Pour éviter que l’information telle que traitée ne soit pas davantage source de conflit dans une zone déjà conflictuelle, le Réseau d’initiatives de journalistes (RIJ) et ses partenaires que sont la Deutsche Welle Akademie et EIRENE prennent le taureau par les cornes. Après des mois de collaboration (formation notamment), ils ont procédé ce 15 décembre 2017 à la remise des prix à des journalistes.
Pour Mohamed Sanfo, coordonnateur du RIJ, l’objectif visé par la promotion des productions, c’est celui de la professionnalisation et la spécialisation des journalistes dans le traitement de l’information relative aux conflits. La décision n’est pas fortuite. « Dans la presse, un mot mal placé peut créer beaucoup d’ennuis », note-t-il.
Et en cas de conflit, avant de s’y lancer, l’acquisition d’un certain nombre de prérequis pour traiter les conflits est un préalable à observer pour éviter d’envenimer une situation donnée. C’est là que réside tout l’enjeu qui a prévalu au soutien de La DW Akademie et de EIRENE qui se focalisent sur la formation en journalisme sensible aux conflits (JSC).
Carine Debrabandère est coordinatrice médias pour le Burkina Faso et le Burundi à la Deutsche Welle Akademie. Elle accompagne le RIJ pour « particulièrement soutenir les bonnes productions qui respectent certains fondamentaux du journalisme sensible aux conflits notamment la recherche de solutions parce qu’il faut bien faire attention quand on se place dans une démarche de journalisme sensible aux conflits ».
Au-delà des fondements traditionnels d’un journalisme de qualité (vérifier ses sources, croiser l’info), rappelle la coordinatrice, il faut de même « faire particulièrement attention aux mots que l’on utilise » et surtout essayer d’emmener les interlocuteurs à aller vers des pistes de solutions. C’est en cela dit-elle que réside le « cachet particulier » du journalisme sensible aux conflits que la DW Akademie a choisi de soutenir au Burkina, au Mali et au Niger qui sont « malheureusement des pays en situation un peu difficile ».
La cérémonie de remise des distinctions était l’occasion pour son collègue Boureima Salouka de revenir sur les différents axes de la collaboration entre Deutsche Welle Akademie et le département de communication et de journalisme de l’Université Joseph Ki-Zerbo, le RIJ et le centre national de presse Norbert Zongo.
L’appui ne se limite pas aux structures de la capitale. Quatre radios communautaires la Voix du paysan (Ouahigouya), la radio Manivelle (Dano), la radio Kakodyam Vénégré (Ziniaré) et la radio Tin Tua (Fada) en sont également bénéficiaires. « Nous ne nous contentons pas que de travailler dans la capitale », a-t-il indiqué. Le but visé : faire évoluer le management (appui-conseil) mais aussi le côté éditorial. Les résultats qui lui parviennent ? « Forts appréciables ».
Assimi Zouré, lauréat du 2 ème prix avec sa production camp de réfugiés de Mentao, immersion dans le quotidien des élèves réfugiés maliens s’est focalisé sur l’histoire de Salimata (13 ans) et Ansari (19), des enfants qui ont fui les violences dans le nord du Mali depuis janvier 2012 et qui, « en dépit de leur situation de réfugiés, enregistrent des performances scolaires très impressionnantes ».
Des difficultés pour traiter, obtenir l’information, ce n’est pas ce qui a manqué tout au long de sa démarche. En raison de la situation de conflit qui a prévalu à ce que le camp de Mentao voit le jour, faire le reportage lui « a valu pas mal de protocoles avec les services administratifs » qui devraient lui délivrer les autorisations afin qu’il s’y rende.
Une situation qui s’est « compliquée davantage quand le poste de police a essuyé une attaque » et qui prévalu au report de la date choisie pour mener le reportage. Déterminé à montrer les réalités que ces réfugiés vivent et en vue de susciter de la sympathie ou de l’empathie, il est allé jusqu’au bout.
Jean Carême Kaboré, journaliste à la RTB radio, lauréat du premier prix a quant à lui traité la gestion des conflits agriculteurs-éleveurs au Burkina avec un focus sur Labien, un village situé dans la Boucle du Mouhoun à quelques kilomètres de Dédougou. Il y est allé pour voir comment au plan local, ils arrivent à trouver des solutions en cas de conflits.
Le journaliste a rencontré l’ensemble des acteurs et a pu s’apercevoir que dans les villages, les éleveurs sont des agriculteurs et les agriculteurs sont des éleveurs. « Si les deux entités n’arrivent pas à se comprendre, il y a un problème », et pour cause poursuit-il, « dans les villages, quand on parle de justice, ça sonne mal». D’où le choix de trouver des solutions à l’amiable.
Oui Koueta
Burkina24
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