Colloque sur les cultures africaines : L’hommage au Pr Salaka Sanou
A l’occasion du colloque organisé par le laboratoire Littératures, Espaces et Société de l’université Joseph KI-ZERBO en partenariat avec le Laboratoire des Afriques Innovantes de l’université du Québec à Montréal, un hommage a été rendu au Professeur Salaka Sanou du département des Lettres modernes à l’université Joseph Ki-Zerbo.
Professeur Salaka Sano, un « dinosaure », un « maître », un « baobab », «c’est un grand homme ». Ce sont là autant de mots et qualificatifs à lui attribués par ses pairs et étudiants en référence en son apport au monde de l’enseignement supérieur au département des Lettres Modernes, de la culture et de la littérature.
La cérémonie d’hommage a été un moment de souvenirs et de reconnaissance à l’endroit de l’enseignant chercheur « exemplaire qui a soif de découvrir » et qui a su insuffler sa passion à plusieurs étudiants depuis ses débuts en 1983.
Son apport au département de Lettres, Arts et Communication est remarquable dira le président de l’université Joseph Ki-Zerbo.
« Le 1er colloque qu’on a organisé à l’université, c’est avec le professeur Salaka, parce que le département de lettres modernes à l’époque était considéré comme le moins performant. Il a fallu qu’il y ait une génération de jeunes chercheurs en littératures qui croit en l’affaire pour monter le premier colloque international au niveau du Burkina », se souvient Albert Ouédraogo.
Et à Isaac Bazié d’ajouter que dans un contexte où on dépréciait les cultures africaines, il a permis de jeter des regards instruits sur des réalités africaines, sur les cultures africaines. Et aujourd’hui, les littératures africaines sont considérées comme des littératures émergentes.
Plusieurs ouvrages et publications sont à son actif pour témoigner de son travail sur la littérature au Burkina Faso, la culture et la production scientifique.
Et la charge est revenue à Adama Coulibaly, professeur à l’université de Cocody en Côte d’Ivoire; de parler de l’œuvre de l’homme.
La moitié des travaux de critique, 16 sur 32 est consacrée à la littérature burkinabè. Sous ce chapitre, il y a rangé les contributions sur les caractéristiques de la poésie écrite du Burkina, des travaux sur de théâtre, sur la littérature de jeunesse, sur le roman, les sources d’inspirations. Il s’interroge sur la condition des écrivains burkinabè.
Sur le saut des cultures africaines, il s’est interrogé sur tous les genres. Il a produit et présenté Manéga, le sanctuaire culturel de Maître Titinga Pacéré, chez qui il a trouvé spécifiquement une littérature dont le potentiel est indéniable. Sous son regard critique, il y a aussi cette posture du devenir de la culture africaine.
Pour la culture, ses étudiants s’adressant à lui, diront qu’il demeure le baobab.
Outre ses productions livresques, il fut un acteur important de la culture en tant que secrétaire permanent de la Semaine Nationale de la Culture (SNC) et conseiller sous l’ancien ministre de la culture, Mahamoudou Ouédraogo. Ce dernier témoigne de tous les bons souvenirs qu’il retient encore de lui.
« Lorsque que j’ai fait appel à Salaka, il a répondu positivement. A mes collaborateurs, je leur ai dit ; j’ai demandé à un enseignant de venir nous rejoindre alors ils m’ont posé la question, un enseignant du primaire ? Du secondaire ? Je leur ai dit mais pourquoi vous ne pensez pas aussi au supérieur ? Ils ont dit : Ah les docteurs ! Ils vont nous emmerder. Si vous les amenez, c’est le début des soucis parce qu’ils vont nous considérer comme des moins que rien. Et ils donnent des exemples. Ils priaient intérieurement. Si je pouvais éloigner cette calamité. Mais enfin, il est venu il a rempli la fonction, il a eu des propositions intéressantes et importantes. Il a insufflé une dynamique nouvelle à un secteur qui traversait des crises. Je dois vous dire, que lorsqu’il a demandé à partir s’occuper d’un projet culturel à l’université, bien sûr avec ma permission, ceux parmi des collaborateurs qui ne le voulaient pas, ce sont eux ceux-là qui étaient les plus peinés par son départ ».
L’ancien ministre de la culture se rappelle encore des projets qu’ils ont initiés ensemble. « En effet, il a été un acteur important dans l’organisation de la Semaine Nationale de la Culture, (SNC) 1988 (…). Grâce à lui par exemple, nous avons eu des initiatives. Certaines sont mortes mais je suis convaincu qu’elles vont enfanter dans le temps si ce n’est déjà fait. Le festival de balafon, premier festival dans toute la région ouest d’Afrique. Plus tard, notre pays a proposé au Mali, la Côte d’Ivoire de faire le triangle du balafon. Il y a aussi l’inauguration des RICO (Rencontres internationales de la Culture de Ouaga) ».
Au-delà du travail, les qualités humaines ont marqué Mahamoudou Ouédraogo. « Les qualités qui accompagnaient l’homme étaient les qualités d’empathie, il savait se mettre à la place des autres pour essayer de les comprendre davantage. C’était aussi un homme très humble et doté d’une passion, c’est pour cela que en réalité, la greffe a pris à la culture. Sinon on allait le considérer un corps étranger ».
Et ce n’est pas Albert Ouédraogo, directeur de l’école doctorale des Lettres, Arts et Communication et ami, qui dira le contraire en ce qui concerne ces qualités. C’est l’histoire d’une rencontre devenue une amitié de tous les temps qu’il relate.
« En 1986, il était un des patrons des CDR. A l’époque, il ne s’agissait pas seulement d’avoir les bons diplômes mais il fallait avoir une bonne formation politique. Mon dossier a eu quelques difficultés pour trouver la bonne voie pour arriver au ministère. C’est grâce à Salaka qui m’a encouragé à poursuivre le dossier que j’ai intégré l’université. C’est ainsi que je dois dire que je dois une bonne partie de ma carrière à Salaka (…) C’est ainsi que nos chemins ne se sont plus quittés ».
Mais souvent incompris, il confie que « Salaka Sanou a son tempérament, mais c’est un homme qui a le cœur dans la main. Quand il a quelque chose à vous dire, il ne va pas passe par quatre chemins pour vous dire ce qu’il pense. Mais une fois qu’il l’a dit avec toute la rage que cela peut comporter, il n‘a plus de rancœur ».
A quelques pas de la retraite, c’est un homme satisfait de son parcours. « L’enseignement supérieur m’a tout donné. Il a permis de m’épanouir socialement, moralement, intellectuellement, scientifiquement, spirituellement, humainement tout simplement », explique le principal intéressé.
Le ministre de l’enseignement supérieur, Alkassoum Maiga a exhorté les uns et les autres à prendre exemple sur lui, avant d’encourager à poursuivre l’initiative car, « il est important qu’on se rappelle qu’il y a des gens qui ont consenti des sacrifices pendant leur carrière au bénéfice de l’enseignement supérieur en tant qu’enseignant et dans le système de gestion de l’enseignement supérieur. Il est important de leur dire merci ».
Le ministre a instruit le président de l’université de mettre en place une « maison de l’enseignant » où les enseignants retraités de l’université pourront encore donner de leur compétence.
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