Éducation inclusive au Burkina : Des journalistes dans le Centre-Est
Le réseau des journalistes pour la promotion de l’éducation inclusive s’est rendu dans la région du Centre-Est. Du 23 au 25 octobre 2019, les professionnels des médias ont touché du doigt les réalités de l’éducation inclusive. En dépit des difficultés, les hommes de médias ont relevé quelques efforts fournis pour rendre cette politique effective.
Plus de 6.000 enfants ont un handicap et suivent un cursus scolaire normal dans la région du Centre-Est. Avec ce chiffre, des institutions ont développé des méthodes éducatives qui prennent en compte les enfants vivant avec un handicap. C’est le cas de l’école Saint Vincent de Paul dans la ville de Tenkodogo. « Cette école a 9 classes et reçoit les enfants en situation de handicap visuel et les enfants dits normaux », a expliqué Leonard Sandwidi, instituteur en situation de handicap dans ladite école.
Un tel mélange nécessite une formule bien précise. Et sur la question, les responsables de l’école ont expliqué le processus. « Après une sensibilisation des nouveaux élèves, ils sont amenés en classe d’observation », a indiqué l’instituteur Sandwidi. Il souligne par ailleurs que cette étape doit permettre aux élèves d’apprendre le braille qui est l’écriture des élèves en situation de handicap visuel. Passé ces étapes, ils intègrent une classe normale pour continuer le cursus.
Cependant, faire un mélange entre ces enfants et leur offrir les mêmes chances de réussite nécessitent des efforts supplémentaires. C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué Bienvenu Goumba, instituteur en classe de CE2 à l’école Saint Vincent de Paul : « je viens de suivre une formation en braille et ça me permet de les comprendre. Si non ce n’est pas facile. Nous faisons un double travail. Mais dans l’enseignement, c’est dans les matières mathématiques qu’il y a le plus de difficultés ».
« Ça n’a pas été facile quand on nous a intégrés dans les classes avec les voyants. Parfois les tuteurs ne veulent pas nous dicter les leçons. Et c’est d’autres tuteurs qui se proposent pour nous dicter les leçons. Avec les autres élèves, c’était toujours la même chose. Il y a aussi d’autres élèves qui se moquaient de nous. Ils nous appelaient les aveugles. Ça me faisait mal au cœur. Dans l’avenir, je veux devenir professeur », (Aminata Bidima, élève vivant avec un handicap visuel ).
L’école EFFATA de Saaba fait aussi bien avec les sourds muets
L’école EFFATA a tenté l’expérience avec les sourds et muets. Et visiblement, la réussite s’est invitée au grand bonheur des promoteurs et des élèves. Avec plus de 150 élèves inscrits pour l’année scolaire en cours, l’école enregistre 78 sourds. Cependant, pour intégrer l’école, la sélection est faite en tout début d’année scolaire. Il faut n’avoir qu’un seul handicap pour être reçu. Le double handicap crée d’autres soucis, selon les propos de la directrice, Cécile Compaoré.
Sur la question de l’intégration, elle est catégorique. « Sans problème. Si vous venez, dans la cour, vous ne sentez pas de différence entre sourds, muets et normaux », répond-t-elle. C’est donc dire que cette école qui a intégré le langage des signes dans les matières dispensées permet une cohésion parfaite entre les enfants. Ils ont 6 années à passer ensemble et l’école les aide à ne pas sentir les différences. Il convient de noter également que certains élèves sont internés à la demande des parents.
Du point de vue résultats, les chiffres sont satisfaisants également. « Nous avons fait 100% l’année dernière et cette année, sur 24 candidats au Certificat d’Étude Primaire, 21 élèves ont été admis », a relevé la directrice de l’école.
Malheureusement, après la classe de CM2 surviennent d’autres difficultés. Le manque d’école secondaire pour la suite des études est un véritable problème aux yeux des encadreurs. « Nous n’avons pas où les accueillir. Il y a une école en ville mais c’est loin », a dit Cécile Compaoré.
Que fait l’Etat ?
Il convient de signaler que ces écoles qui ont réussi de tels exploits sont de confession catholique. L’accompagnement de l’Etat est donc minime selon les propos de la directrice de l’école EFFATA. « L’Etat pour le moment non », a-t-elle souligné, concernant les partenaires. Si elle espère toujours que les autorités se penchent sur le cas de ces enfants, elle a déclaré que c’est seulement pendant les périodes des examens que l’Etat se manifeste pour voir comment ils fonctionnent.
« Le constat, c’est qu’il y a beaucoup de défis à relever », a déclaré Abdel Aziz Nabaloum, le coordonnateur du réseau. Il a aussi rappelé que l’éducation doit être une priorité au Burkina Faso. « C’est l’éducation qui fait une nation », a-t-il martelé.
Basile SAMA
Burkina 24
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