Burkina Faso : Les cinq chantiers de la réconciliation selon Zéphirin Diabré
Le ministre d’Etat en charge de la réconciliation nationale a rappelé, le jeudi 4 mars 2021, les missions qui lui ont été confiées par le Président du Faso, Roch Kaboré. Entre autres, il s’agit de l’élaboration, de la mise en œuvre et du suivi d’une stratégie de réconciliation nationale, d’une politique nationale de cohésion sociale, d’une stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent, de promouvoir les valeurs communes du vivre-ensemble. Le ministre d’Etat a également fait cas des différentes catégories de problèmes liés à la réconciliation. Il en a dénombrés cinq (05).
« L’ensemble des problèmes de notre pays qui appellent à la réconciliation peuvent être regroupés en 5 catégories ». C’est le point fait par Zéphirin Diabré, ministre d’Etat, en charge de la réconciliation nationale, le jeudi 4 mars 2021 à Ouagadougou.
La première catégorie, selon le ministre, concerne les « problèmes strictement d’ordre politique ». Par-là, le ministre fait cas des problèmes liés à la conquête du pouvoir et à sa gestion dans le passé et qui ont engendré des crimes de sang, des atteintes à l’intégrité physique ou des destructions de biens d’autrui.
Figurent dans cette catégorie, des dossiers tels ceux de Thomas Sankara, Norbert Zongo, les différentes tentatives de coup d’Etat, a cité Zéphirin Diabré. A ce propos, 145 dossiers de crimes de sang et 106 cas de dossiers d’atteinte à l’intégrité physique, ont été reçus par le Haut conseil pour l’unité et la réconciliation nationale (HCRUN).
La deuxième catégorie, selon Zéphirin Diabré, se situe au niveau des bases. « Là, je fais référence à la panoplie des conflits communautaires qui sont peut-être moins spectaculaires, mais qui sont davantage plus perfides », a indiqué le ministre d’Etat. Dans cette catégorie, Zéphirin Diabré a listé différents types de conflits à savoir, ceux liés à la terre, à l’exploitation agricole et pastorale, les conflits de leadership ou de légitimité, ceux liés à l’exploitation des ressources minières, les conflits intra et inter-religieux, et des conflits qui opposent des ethnies à d’autres.
En 2018, le ministère de la justice a dénombré, selon Zéphirin Diabré, 1.321 conflits agro-pastoraux, 169 conflits de chefferies coutumières, 1.671 conflits fonciers, 33 conflits intra ou inter-religieux « qui sont toujours là ».
La troisième catégorie évoquée par Zéphirin Diabré a trait au terrorisme qui a créé des besoins de réconciliation. « Des citoyens burkinabè, nos frères, ont pris des armes contre nous. Ils l’ont fait dans leur propre communauté et l’ont fait contre la nation entière. Ça pose, qu’on le veuille ou non, un problème de réconciliation », a fait savoir le ministre d’Etat. Aussi, à écouter le ministre, « les rapports séculaires ont été brisés par des affrontements liés à l’intrusion des terroristes. On a vu ce qui s’est passé à Yirgou, à Barsalgho. Ce sont les conséquences de l’arrivée des terroristes dans notre pays », a-t-il avancé.
Par ailleurs, toujours selon le ministre d’Etat, « cette situation de terreur a engendré la stigmatisation et le repli communautaire » et une « communautarisation de la sécurité », d’où la naissance des groupes d’auto-défense. Pour lui, ce sont des « questions importantes » qu’il faut résoudre.
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La quatrième catégorie concerne, selon Zéphirin Diabré, le rapport entre l’Etat et les administrés. Sur le registre, par exemple, de la gestion des carrières individuelles, explique-t-il, des fonctionnaires de l’Etat ont eu parfois le sentiment que certaines décisions ont été teintées d’injustice, de volonté de brimade ou de règlement de compte politique. « Cela a créé des frustrations, des mécontentements », a commenté le ministre d’Etat. Ces personnes sont, selon le ministre, dans un état de contentieux et attendent réparation.
Sur environ 5.600 dossiers reversés au HCRUN, à écouter Zéphirin Diabré, 4.800 dossiers concernent ce type de problème. « Le fait qu’on ait reversé au HCRUN ces dossiers que l’on pourrait apparenter à des dossiers de contentieux administratif démontre bien que les autorités de l’époque ont souhaité que leur règlement scelle définitivement la retrouvaille entre la nation et ses fils », a déclaré le ministre d’Etat.
La cinquième et dernière catégorie a trait au ressenti des insuffisances de la gouvernance globale de l’Etat, notamment dans sa dimension de gestion du développement et d’administration de la justice.
Selon Zéphirin Diabré, des groupes sociologiques et des territoires posent la question de « l’équité dans la manière dont la gouvernance est faite, dans la manière dont le développement est fait, des questions d’équité, d’équilibre entre régions, d’équité et d’égalité entre catégories de populations ». Ainsi se pose à ce niveau, un problème de réconciliation entre l’Etat et ses citoyens, dit-il.
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Pour Zéphirin Diabré, « le Burkina Faso n’a pas un problème de réconciliation, mais plusieurs problèmes de réconciliation qui touchent à tous les aspects de notre vie en commun ». Le ministre a ainsi précisé que la réconciliation ne se limite pas uniquement à l’aspect politique.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
Photo : Service d’information du gouvernement (SIG)
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