Burkina Faso : « L’impérieuse nécessité de changement de pratiques et de méthodes dans la gouvernance »
Ceci est une déclaration d’un regroupement de partis politiques et d’associations sur la gouvernance nationale.
Chers compatriotes, peuple du Burkina Faso, le moment est grave, car nous vivons tous individuellement et collectivement une situation d’alerte sans pareil. Dans le contexte actuel, chacun est face à sa conscience et à sa redevabilité envers la patrie.
Décidés en ces moments particulièrement difficiles à y faire face et conséquemment soucieux d’œuvrer à la restauration d’une gouvernance responsabilisée, d’une opposition affranchie de toute tutelle ainsi que d’une société civile rendue à son impartialité, les partis politiques de l’opposition et les associations ci-dessous, en constitution d’un regroupement assortissant, ont tenu en raison de la déréliction des bases sécuritaires, sanitaires, économiques et sociales de notre pays, à faire la déclaration circonstanciée suivante.
Au-delà des questions purement nationales, ils abordent aussi des questions Africaines et internationales dont les corrélations sont manifestes avec les données de notre situation interne.
La rencontre de ces partis et associations n’est pas fortuite. Elle découle des affinités constatées entre eux par rapport aux conditions déplorables d’organisation des élections couplées de 2020 qui pour eux devaient obéir à des préalables justes, pour fonder des institutions crédibles et susceptibles d’instaurer une véritable équité sociale et d’aider le pays à faire face à ses enjeux majeures notamment de sécurité, de réconciliation sincère en vue de reconstruire le pays sur des bases de solidarité et de justice sociale plus affirmée.
Le refus d’accorder quelques intérêts à ces préoccupations, conduisit certaines de ces organisations au refus pure et simple de participer à ces élections.
Cette rencontre découle également d’une protestation au sujet de ce projet funeste de liquidation de la démocratie par la suppression de sa nature concurrentielle et par le remplacement de la démocratie pluraliste par celle unanimiste avec les complicités partisanes évidentes venant même de certains dit de l’opposition.
Chers compatriotes, sur la vie nationale, nous nous retrouvons en cette année 2021, à moins de six (06) mois après ces dits élections non inclusives avec un deuxième quinquennat englué, dans une crise multidimensionnelle aussi paralysante pour le pays qu’au cours de la première mandature (2015/2020).
Si malheureusement, cela peut constituer une surprise désagréable pour certains qui ont accepté un salaire de 2000 FCFA pour 05 ans de mandat en allant voter, en tant qu’acteurs avertis et proactifs, nous avions par anticipation dit qu’il n’y a aucun espoir d’un changement bénéfique dans une votation insécurisée et une navigation à vue.
Le constat est certes amer mais très clair ; notre pays a besoin d’un renouveau, d’un rebondissement collectif, d’une refondation qui l’immerge dans un processus de gestion humaniste, participatif intégré afin de reprendre pied.
Le processus de réconciliation nationale tel que entamé dans la logique de l’invasion unanimiste, tente déjà la caporalisation de toute forme de contre-pouvoir pour donner l’illusion d’une adhésion populaire et créer un instrument de propagande nationale en appui à une volonté d’organiser un forum qui aura pour caisse de résonnance l’exclusion de certains leaders gênants (à cause de la noble contradiction qu’ils incarnent). Le subterfuge est clairement démasqué et ne saurait être bénéfique à notre pays dans une telle logique.
Aussi, les membres signataires de la présente, constate avec amertume et désolation, la dégradation quotidienne de la situation économique, la recrudescence des attaques terroristes macabres avec des pertes humaines et matérielles considérables, dans un contexte d’attiédissement des espérances fondées en la réconciliation ainsi que la multiplication des conflits sociaux.
Le tout se jouant dans l’indifférence consommée par rapport aux râles populaires et sans ces reflexes professionnelles et humains de mise à contribution des détenus politiques militaires à la MACA ou à la MACO pour la défense de la patrie en péril avancé.
Après avoir vendu au cours du premier quinquennat, l’illusion d’une indépendance énergétique, les Burkinabè se retrouvent au deuxième quinquennat avec la même illusion d’une situation énergétique quasi identique marquée par des coupures d’électricités handicapantes à longueur de journées. Dans cette avancée à pas de tortue, au moment où les ménages souffrent de l’insuffisance de cette offre énergétique, il n’en manque pas dans la démarche populiste ambiante pour vouloir faire croire aux Burkinabè qu’ils vendront bientôt de l’électricité à leurs voisins.
Le constat le plus attristant résultant de ce tableau (qui révulse bien de consciences) étant, cet espèce de réappropriation de la réconciliation et de la cohésion sociale par les terroristes, qui eux, face à l’incapacité des gouvernants et l’impuissance de l’Etat, semblent mettre en œuvre une méthodologie bien particulière à leur convenance.
Si la situation sécuritaire du pays nous écœure particulièrement, c’est parce qu’en l’absence d’un appui technique et logistique adéquat en temps opportun, les VDP (Volontaires pour la Défense de la Patrie) sont abandonnés à leur propre sort sur le front du combat ; en témoignent les appels tous azimuts au renfort de leur part sans une réaction appropriée de l’Etat.
De même, comment pouvons-nous comprendre que près de 700 milliards du contribuable soit alloué sur 05 cinq ans, à la lutte contre l’insécurité et le terrorisme sans non seulement un résultat honorable à la hauteur des attentes, mais pire, avec des terroristes qui se promènent allègrement (en masse) avec leur drapeau flottant au sein de notre territoire sans en être inquiétés.
Cette déliquescence de la sécurité nationale est tout simplement inacceptable et le gouvernement doit tirer toutes les conséquences qui s’imposent. Tous les Burkinabè doivent se sentir concernés par ce problème crucial parce que la sécurité apparente qui existe dans les cités comme Ouagadougou et Bobo Dioulasso, ne doit aucunement nous conduire à sous-estimer l’ampleur et la complexité du danger.
L’échec hautement perceptible sur la sécurité des Burkinabè, ne peut pas continuer ; il engage sans ambages la responsabilité des ministres concernés ainsi que celle du Premier Ministre et du Président du Faso. Du reste, dans la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier Ministre (04 février 2021), la question de la sécurité des personnes et des biens constituait le premier axe de sa feuille de route. Il s’est engagé au sein de ladite déclaration (DPG) pour le déploiement d’une réponse holistique dans la prise en charge des défis sécuritaires.
Alors, que se passe-t-il donc Excellence Monsieur le Premier Ministre, à seulement 03 mois de votre intervention en vue de solliciter la confiance du peuple via sa représentation nationale ?
Face à cette nécessité vitale dont la satisfaction est non négociable, le peuple attend des actions fortes, de l’efficacité et de l’efficience de la part de votre équipe.
L’impossibilité pour le pouvoir de procurer la sécurité tant souhaitée aux Burkinabè, étant déjà avérée pendant la première mandature ; nous n’en sommes plus aujourd’hui au point de demander des explications mais d’exiger que le pouvoir tire les conséquences de son échec de manière patriotique.
Aucun patriote ne peut accepter, ou rester insensible face à une telle descente aux enfers du pays. Pour notre part, refuser de dénoncer, de dire ce qui est juste, laisser mourir l’opposition authentique, nous inscrire dans cette divine comédie de dépouillement de la démocratie, c’est se rendre complice du projet macabre en cours aux conséquences suffisamment désastreuses.
Au Tchad, pendant que certains de nos chefs d’Etat sont allés en rang d’oignons reconnaitre directement ou indirectement le coup d’Etat, la faiblesse de leurs contributions au sein du G5 sahel et dans la lutte contre l’insécurité au sahel, la situation nous rappelle que si la sécurité est la première condition de développement d’un pays, elle ne devrait, sinon au risque de finir contre-productive, négliger les libertés publiques, démocratiques et permettre la mise en place de seigneuries et de dynasties.
Le nouveau leadership que semble vouloir prendre les USA en matière de défense de l’environnement et de l’économie re-distributive et de renonciation aux droits de propriété intellectuelle pour les vaccins contre le COVID-19, devrait être complété par la nouvelle place à donner aux droits humains et à la démocratie. Cette nouvelle orientation de leadership, nous fait penser qu’il n’est de véritable puissance mondiale que celle soucieuse d’une production qui préserve la vie, les libertés, libère l’Homme de la démocratie hypocrite, des entraves deshumanisantes et fait du partage social son credo.
En Côte d’Ivoire, les acteurs semblent avoir amorcé le pas d’un processus de réconciliation singulier mais porteur d’espoir pour la paix, dont nous souhaitons l’exemplarité et l’aboutissement heureux pour la stabilité de la sous-région Ouest Africaine.
Les membres signataires de la présente n’ont pas de chapelle politique ; certains d’entre eux ont été des acteurs de l’insurrection populaire de 2014, d’autres des victimes.
Ce sont les principes qui renforcent la cohésion de leur démarche commune car dans la recherche de la vérité, de la justice et de la réconciliation, il ne faut pas traiter les questions de façon discriminatoire ; il faut éviter de truster le sujet à des fins politiques et tenter de travestir davantage l’histoire.
En attendant d’y revenir et de nous organiser pour une présence à intervalle régulier sur les questions de la vie nationale et internationale, nous dénonçons et nous affirmons dès à présent, ne pas rester silencieux face à la dénaturation de la démocratie, le processus apparent de subordination de l’opposition ainsi que l’impérieuse nécessité de changement de pratiques et de méthodes dans la gouvernance de notre pays le Burkina Faso.
Fait à Ouagadougou le 11Mai 2021.
Ont signé :
Pour l’UNDD : Me Herman YAMEOGO
Pour le FPR : Dr Aristide H OUEDRAOGO
Pour la HAWRE : M. Roland GOUNGOUNGA
Pour le PDF/LAAFI : M. Abdoul Salam DIALLO
Pour l’Association Vision-Montrelle-Solidarité : Professeur Aimé Macaire OUEDRAOGO.
Pour l’Association des Jeunes pour le Civisme et la Paix au Burkina Faso (AJCP/BF) : M. Daouda Yacouba SOMBIE.
Pour l’Association TEEL TAABA : M. Abdoul K OUEDRAOGO
Pour l’Association Prendre Son Envol(APSE) : M. Ollo Basile DAH
Pour l’Association Comité pour la Restauration de l’Intégrité (CRI) : M. Mathieu KIENDREBEOGO
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