Soumaïla Ouédraogo est désormais docteur en démographie
Depuis les indépendances, les efforts pour la réduction de la mortalité se sont focalisés sur celle des enfants et des mères encore trop élevée en Afrique subsaharienne. Ces efforts se sont particulièrement accentués depuis le début des années 1990 et ont permis d’enregistrer une réduction de près de 60% de la mortalité des enfants et des jeunes adultes de manière générale (15 à 50 voire 60 ans) avec une baisse du rapport de mortalité maternelle d’environ 45%, et même de la mortalité par VIH.
Au plan démographique, ces efforts induisent une augmentation de l’espérance de vie et accroissent les chances de survie à des âges plus avancés. Cela a pour corollaire la modification du profil sanitaire de la population qui doit, en plus des maladies infectieuses, faire face au fardeau des maladies chroniques.
Il s’en suit une compression des maladies qui pourraient accroitre leur risque de décès. D’où la nécessité de suivre la mortalité de cette frange de la population qui reste peu documentée, faute d’un état civil adéquat. En effet, les nombreuses erreurs sur les âges sont sources de biais et rendent difficiles les estimations.
La thèse de doctorat de Soumaïla Ouédraogo vise à améliorer l’état des connaissances sur la mortalité des adultes âgés de 50 à 79 ans. La non prise en compte des 80 ans ou plus permet de circonscrire l’effet des erreurs d’âges qui peuvent être extrêmes aux très grands âges.
De manière spécifique, l’impétrant a cherché à répondre aux questions suivantes : 1/ Dans quelle mesure les données imparfaites se prêtent-elles à l’estimation de la mortalité des personnes âgées ? Bien que calibrées à partir de données non-africaines, les méthodes existantes permettent-elles de produire des estimations concordantes ? Sinon, qu’est ce qui pourrait expliquer les différences ? Quelle méthode serait préférable ?
2/ Quels sont les niveaux de mortalité des personnes âgées observables dans les pays d’Afrique subsaharienne pour les périodes pour lesquelles on dispose des données ? Les estimations issues des données de sources nationales concordent-elles avec celles issues du suivi démographique des populations au niveau local ?
Les pays d’Afrique subsaharienne suivent-ils les mêmes tendances que les pays développés en termes de relation entre mortalité chez les adultes de moins de 50 ans et mortalité chez les adultes de 50 ans ou plus ?
3/ Peut-on estimer les âges où se concentrent les décès des personnes âgées dans le contexte subsaharien dépourvu de statistiques d’état civil fiables de manière à refléter une distribution plausible des décès dans les populations étudiées ? Si oui, quelles sont les particularités des courbes de distribution des décès dans ces populations ? Quels sont les niveaux et tendances chez les femmes et les hommes âgés ? L’hypothèse de déplacement et de compression de la mortalité observée dans les pays développés s’observe-t-elle dans le contexte subsaharien ?
Après une présentation de la synthèse de son travail devant un jury international, il s’en est suivi une série de discussions et de questions-réponses avec les deux évaluateurs de la thèse et les six autres membres du jury.
A l’issue de la délibération, le jury, à l’unanimité, a reconnu la qualité du travail et le mérite de Soumaïla OUEDRAOGO de s’attaquer à un sujet aussi novateur et challengeant, en lui conférant le grade de docteur en démographie avec les félicitations du jury.
Inscrit depuis octobre 2017 à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne d’Octobre 20, la thèse du désormais docteur OUEDRAOGO a été financée par l’Institut National d’Études Démographiques de France sous les directions de Gilles PISON, Géraldine DUTHE et Abdramane SOURA.
Correspondance particulière
Pour Burkina 24
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