« Le sankarisme ne doit pas être un simple slogan » : Damiss propose une cotisation

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Ceci est une tribune de Adama Ouédraogo dit Damiss, Journaliste et écrivain, intitulée « Affaire Thomas Sankara : Et si on cotisait pour rendre hommage à la Justice et dédommager les victimes des violences politiques? ».

Le procès sur l’assassinat du président Thomas Sankara et douze de ses compagnons est terminé avec le verdict rendu le 6 avril 2022.

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Justice a été rendue au leader de la Révolution burkinabè et aux victimes du coup d’Etat sanglant du 15 octobre 1987. Place maintenant à d’autres actes concrets pour montrer l’attachement du peuple burkinabè aux idéaux et aux valeurs défendus par l’icône de la jeunesse africaine.

De son vivant et sous sa présidence, Thomas Sankara a initié l’effort populaire d’investissement (EPI) qui a consisté à diminuer le salaire des fonctionnaires pour l’investir dans des secteurs sociaux de base.

Dans ce contexte de cherté de la vie et eu égard aux sacrifices déjà consentis par les travailleurs de la fonction publique et du privé, on ne leur demandera pas de céder un pourcentage de leur salaire si infime soit-il. Toutefois, tous ceux qui aiment le président du Conseil national de la Révolution (CNR) et qui adhérent à sa vison du développement peuvent souscrire à cette idée que je voudrais humblement partager.

Le sankarisme ne doit pas être un simple slogan ou un outil de marketing politique et social. Chez Sankara, la parole et l’action font corps. Alors et si on demandait à tous les Burkinabè convaincus que le Sankarisme est la voie du salut de poser un acte symbolique en cotisant 1000f par mois pendant six mois ( six mois c’est la durée du procès), soit 6000fcfa Et 6000fcfa, c’est une économie de 2 poulets braisés ou 6 bières bien tapées ou encore 12 bouteilles de sucrerie.

Ce n’est pas de la mer à boire pour nombre de nos compatriotes. S’il y a un million de Burkinabè qui acceptent cotiser, le montant collecté sera d’un milliard de francs cfa le mois. Et en six mois, le fonds s’élèvera à six milliards. Un compte peut être ouvert au Trésor public à cet effet.

Au bout de six mois, cet argent sera divisé en deux et servira à deux choses. Premièrement, le soutien à l’institution judiciaire. Pourquoi l’institution judiciaire? Certes, le président Sankara n’était pas un fervent partisan de la justice classique et le CNR avait même supprimé la profession d’avocat, mais c’est la Justice moderne avec des avocats de la Défense et des Parties civiles, cette justice conçue et élaborée par les impérialistes que lui-meme combattait de toutes ses forces qui lui ont rendu justice en condamnant des accusés à la perpétuité avec la possibilité pour eux de faire appel du verdict prononcé en première instance.

Pour cela, il faut rendre un hommage au corps de la magistrature. Et cet hommage à la Justice pourrait être l’amélioration des conditions de travail des acteurs de la Justice. Certains me rétorqueront sans doute que les magistrats sont déjà très bien payés. Mais le boulot c’est aussi le cadre et l’environnement de travail. Faites par exemple un tour à la Cour d’appel de Ouagadougou.

Vous verrez des conseillers en train de porter leur toge dans la voiture pour monter à une audience parce qu’ils ne disposent pas de bureaux. Nous avons vu des images où des magistrats affectés en province se retrouvent avec des bureaux sans équipements conséquents. Il faut donc construire davantage d’infrastructures et les équiper convenablement.

L’effort populaire d’investissement (EPI) pour imiter Thomas Sankara permettra de construire et d’améliorer justement les infrastructures judiciaires et partant les performances de la justice. La clé de la démocratie c’est la justice. Il faut créer les conditions idoines pour faire avancer les dossiers judiciaires. Combien sont-ils les justiciables à se plaindre de la lenteur dans le traitement des dossiers judiciaires?

Autre exemple: il n’y a que trois Cours d’appel sur toute l’étendue du territoire si bien que les dossiers s’empilent. Une des solutions réside dans la construction des infrastructures pour rapprocher la justice du justiciable et améliorer les conditions de travail du magistrat. L’EPI des fans de Thomas Sankara pourra servir de façon symbolique à cela. Les six milliards peuvent largement contribuer à régler un tant soit peu une partie de la problématique soulevée.

D’autre part, la seconde moitié des sous collectés, soit trois milliards, serviront à dédommager les victimes des violences en politique. Les familles des victimes de la révolution qui n’ont pas pu poser plainte comme Mariam Sankara pourront être dédommagées bien qu’aucune somme ne peut remplacer la vie d’une personne arrachée violemment à l’affection de sa famille pour des mobiles politiques. On peut dédommager bien d’autres personnes, de 1960 à nos jours, qui ont subi des préjudices et des traumatismes en raison des querelles politiques et des divergences d’opinion.

Si après le génocide de 1994 au Rwanda et l’apartheid en Afrique du Sud avec des centaines de milliers de victimes, ces deux pays ont réussi à se réconcilier et à s’unir pour avancer, nous pouvons et nous devons nous aussi dépasser nos contradictions et penser enfin à faire avancer le Burkina Faso dont les défis sont très énormes. Et cela passe par des actes et des gestes nobles et symboliques.
Mais bon, ce n’est qu’une idée.
Bon week-end.

Adama Ouédraogo dit Damiss
Journaliste et écrivain

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